Chapitre 39 : Sainte-Mangouste

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J'écartai Viktor pour m'en approcher.

- Ton père a eu un accident grave. Ta mère t'attend à Sainte-Mangouste. Peut-on nous y rejoindre ? Je n'ai pas envie de la laisser seule.

Le loup disparut, et je restai sans bouger. Ce patronus et sa voix appartenaient à Perkins, un collègue de mon père. Je me sentis soudain très mal en prenant conscience de ce qui venait de se passer. Mon père, blessé ? J'entendis Viktor me poser une question, mais je fus incapable de comprendre. Il se tourna alors vers moi, et pris mon visage entre ses mains.

- Ne bouges pas d'ici, je rrreviens tout de suite.

Il me laissa là, après avoir pris ma valise, et ne sachant pas vraiment quoi faire. Il revint quelques minutes plus tard et me demanda :

- Comment se rend-on à l'hôpital ?

- Quoi ? Non, tu restes ici, j'y vais seule.

- C'est hors de question. Je viens avec toi.

Je le fusillai du regard. Il agissait comme si notre conversation ne venait pas tout juste d'avoir lieu. Et pendant que je perdais mon temps à essayer de comprendre ce type, mon père était blessé, ou peut-être pire. Il croisa les bras, un air résigné, et je compris qu'il ne servait à rien de discuter. Je soupirai, attrapai sa main sans réfléchir, et nous tournâmes sur nous-même avant de heurter le sol de Londres. Nous dûmes traverser plusieurs ruelles, et nos tenues attirèrent l'attention d'un groupe de crétin qui sortaient d'un bar. Je les gratifiai d'un doigt d'honneur et poursuivi ma route. Krum ne m'avait toujours pas lâché la main, et je crois que je n'avais pas la force de le faire non plus. Nous arrivâmes devant l'enseigne d'un ancien magasin de vêtements. Je m'adressai au mannequin, qui nous laissa finalement entrer.

Une fois arrivés au comptoir, un problème se posa : à quel service mon père avait-il été admis ?

- Comment s'appelle le patient ? Demanda la femme à l'accueil d'un ton morne.

- Peter Everett.

- Blessure magique. Quatrième étage. Suivant.

Je la gratifiai d'un de mes regards les moins aimables et empruntai l'ascenseur. J'en profitai pour lâcher la main de Krum, qui n'avait pas décroché un mot depuis notre départ du mariage. Dire que quelques minutes plus tôt, nous y étions encore... La monté paraissait extrêmement lente, et je dus prendre sur moi pour garder mon calme. La tête me tournait, la peur me nouait le ventre et la tristesse s'emparait peu à peu de moi. L'ascenseur s'arrêta enfin, et je me ruai dehors sans attendre Krum. Je traversai le couloir sans m'arrêter, en scrutant les visages que je croisais dans l'espoir de trouver ma mère. Enfin, j'aperçus ses cheveux roux. Elle était assise sur une chaise. Dès qu'elle me vit, elle se leva et me serra dans ses bras, comme si ces derniers mois n'avaient jamais existé. Je me détachai d'elle la première pour lui demander :

- Que s'est-il passé ? Comment va papa ? Est-ce qu'il...

- Je ne sais pas. Un de ses collègues est sorti de la cheminée pour me demander le suivre ici. Ton père a été blessé pendant son service. Il a été appelé pour un problème de poubelles dansantes... Et il s'est fait attaquer.

- Attaquer ? Mais comment c'est possible ? Tout ça devrait être terminé...

Mon père avait toujours tenu à ce que ma mère soit au courant de tout ce qui concernait notre monde, même si il avait toujours voulu qu'elle continue de vivre une vie normale de moldue. Alors que je m'apprêtai à la questionner de nouveau, Perkins, un collègue de mon père, arriva avec deux tasses fumantes dans les mains. Ma mère le remercia, et elle se rassit à côté de lui sur la chaise. Il se tourna vers moi :

- Bonjour, Kayla. Ne t'en fais pas, tout ira bien. Il a été pris en charge rapidement.

- Que s'est-il passé ?

- Nous avons été appelés pour une affaire de poubelles ensorcelées. Une fois arrivés sur place, nous avons entendu des cris dans la maison. Ton père a décidé d'intervenir, et nous avons entendu une déflagration. Le sort confringo... Je suis entré et c'était comme si une tornade était passée par là... Ton père a reçu un choc important à la tête lors de la déflagration. Nous attendons encore des nouvelles.

- Vous savez qui a fait ça ?

- Un reclus. Des gamins du quartier ont voulu lui faire une blague, et il ne l'a pas très bien pris... Il a été arrêté et sa baguette a été confisquée.

Je soupirai. Depuis la chute de Vous-Savez-Qui, la paranoïa n'a fait que s'accentuer. Je m'adossai au mur, ressentant soudain une grande fatigue. J'avais l'impression qu'il s'était passé des années depuis le mariage. Depuis ma conversation avec.. L'espace d'un instant, prise dans tout ça, j'avais oublié la présence de Krum. Je me tournai vers la gauche, où il se tenait un peu plus tôt, mais je découvris qu'il n'était plus là.

Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant