Chapitre 51 : Pitié

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Je restai quelques secondes sans faire un mouvement. Comment était-ce possible ? Une seule explication était possible : c'était Susan qui me l'avait volé. Mais pourquoi ? Et comment avait-elle pu être assez stupide pour le garder dans sa valise, aux yeux de tous ? Je me relevai brusquement quand j'entendis des pas s'approcher. J'avais toujours mon carnet dans les mains lorsque les filles débarquèrent dans le dortoir.

- Eh ! Tu l'as retrouvé ! S'exclama Mary.

Susan avait un teint livide.

- Oui, dans sa valise, dis-je en la désignant du menton. Tu m'expliques ?

Les filles se tournèrent vers elle d'un air choqué.

- Je suis désolée. Je ne savais pas... Je ne sais pas ce qui m'a pris.

- Tu te moques de moi ?! Je le cherche depuis des jours ! Pourquoi me l'as tu pris ?!

- Je... Je suis une descendante directe de Poufsouffle.

C'est alors que me revint en tête ce que m'avait dit Viktor. L'une des familles descendantes de Poufsouffle était la famille Smith. Le nom de famille de Susan. J'avais été trop obnubilée par la présence de Viktor pour faire le rapprochement...

- Ma grand-mère a passé sa vie à poursuivre l'oeuvre de Poufsouffle. A vivre selon ses valeurs. A les respecter. Tu ne comprends pas à quel point ta découverte pourrait détruire des vies. Tu sais très bien la réputation qu'a Serpentard dans le monde des sorciers. Personne ne pourra accepter ça, tu le sais. Je me suis dit que si tu n'avais plus de preuves, tu ne prendrais pas le risque d'en parler. Mais tu as quand même décidé de suivre Krum...

- Et j'ai eu raison de le faire ! Les gens ont besoin de connaître la vérité. On ne peut pas leur cacher un truc pareil ! Et ça s'est passé il y a des siècles, je ne vois pas en quoi ça changerait la vie de ses descendants !

- Ce n'est pas à toi de le faire ! s'énerva Susan. Tu n'es même pas une de ses descendantes, ça ne te concerne pas !

- Ma famille est à Poufsouffle depuis des générations ! C'est à moi que ce carnet revient, tu n'avais pas à me voler le dernier souvenir de ma grand-mère !

- Etre à Poufsouffle et être un de ses descendants, ce n'est pas la même chose ! Et ta grand-mère ne t'a jamais demandé de te mêler de ça, que je sache !

- Stop ! S'écria Célia. Vous n'allez pas régler le problème en vous hurlant dessus comme ça !

- Attends une seconde... Elle m'a volé mon carnet, et c'est moi qui suis en tord ?

- Je n'ai pas dit ça, d'accord ? Je dis juste que...

- Laisse tomber. J'ai compris.

Et c'était vrai. J'avais compris dans le regard de mes amies que je leur faisais pitié. Et je les détestais pour ça. Furieuse, je quittai le dortoir sous leur regard médusé. J'avais pensé à tord que Célia et Mary me défendraient. Ce n'était pas moi, la voleuse ! Des larmes de rage coulèrent sur mes joues, et lorsque Viktor me vit, il me regarda d'un air inquiet. Il me serra contre lui, tandis que je lui racontais toute l'histoire. Il finit par m'emmener dans le parc, et nous nous installâmes sur la pelouse. L'air frais m'aida à me calmer, presque autant que la présence de Viktor. Quand il était là, tout paraissait tellement plus... Beau. Je n'arrêtais pas de me dire que j'étais vraiment chanceuse que mes sentiments pour lui soient réciproques. Nous restâmes de longues minutes dans un silence apaisant, parfois rompu par un groupe d'élèves excités qui traversaient le parc.

- Qu'as-tu prrrévu de faire pendant les vacances ?

- Je ne sais pas trop... Je pensais peut-être aller rendre visite à mes parents. Mais ça ne me déplairait pas de rester ici, non plus... Et toi ?

- Je pense rrrester ici. J'irai peut-êtrrre voir ma mère entre-temps.

- Tu as des nouvelles d'elle ?

- Oui, on s'envoie des lettrrre sassez souvent. J'aimerrrais bien qu'elle te rencontre. Je suis surrrr qu'elle va t'adorer.

- C'est une invitation ? demandai-je, taquine.

- Peut-êtrrre, répondit-il sur le même ton, ce qui me fit sourire.

Nous rentrâmes dans le château une heure plus tard, et j'avais passé un si bon moment que j'avais presque oublié ce qui s'était passé un peu plus tôt. Je retournai dans mon dortoir, grimpai dans mon lit avant de rabattre le rideau autour. Sans un regard pour mes « amies ».




Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant