Chapitre 43 : Le constat

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- Merci, c'est très gentil, dit ma mère à Viktor avec un grand sourire.

- Toujourrrs rien de nouveau ? demanda-t-il.

- Non...

Un voile de tristesse assombrit le visage de ma mère. Le silence s'installa de nouveau. Plusieurs minutes plus tard, un médecin revint nous parler. Il nous informa que la situation n'avait pas beaucoup évolué. Les prochaines heures allaient être décisives. Ma mère demanda si un procédé magique pouvait permettre d'améliorer l'état de mon père, mais c'était impossible. Un sort sur le cerveau risquait de faire plus de dommages qu'autre chose. Voyant son regard dépité, il proposa à ma mère d'installer un lit dans la chambre de mon père, pour qu'elle puisse rester à ses côtés. Selon lui, entendre des proches lui parler pourrait l'aider. Et moi qui pensait que ça n'arrivait que dans les séries médicales pour moldus... Mais ma mère refusa. Moi-même, je ne me sentirais pas à l'aise à l'idée de passer du temps avec quelqu'un d'inconscient.

- Tu devrais y aller, maman.

- Non. J'irai le voir tout à l'heure. Je ne t'ai pas vue depuis des mois, alors je ne veux pas perdre une minute, répliqua-t-elle d'une voix étranglée.

- Maman... On aura tout le temps plus tard. Je ne suis pas encore partie. Vas-y. Je vais rester ici, et tu n'auras qu'à me prévenir si il y a du nouveau.

Elle me jeta un regard hésitant, mais finit par y aller. Elle me serra de nouveau dans ses bras en me disant qu'elle m'aimait.

- Tu devrais rentrer, dis-je à Viktor une fois ma mère partie. Le mariage n'est pas encore terminé.

Nous étions désormais seuls dans le couloir, côté à côté adossés au mur. 

- Non, je prrréfère rrrester. Je ne suis pas un grand fan des marrriages.

Je ne répondis rien, ne sachant pas vraiment ce qu'il entendait par là. Je me déplaçai afin de trouver une position confortable contre le mur, et heurtai son genou sans le faire exprès. Je me sentis rougir, et me forçai à ne plus bouger. Alors que le silence se réinstallait, Viktor lâcha :

- Ma mèrre n'a pas disparu. Elle est venue vivrrre en Angleterre. Les jourrnalistes ont dit n'importe quoi.

Woaw... Je ne m'attendais pas à ça... Viktor avait toujours l'art de me surprendre, que ce soit dans ses paroles ou dans ses réactions.

- Pourquoi me dis tu ça maintenant ?

- Je voulais vrrraiment passer Noël avec toi. Mais tout est arrrivé en même temps et...

- Viktor, je ne te demande pas d'explications, d'accord ? Tu ne me dois rien.

- Si, justement. Tu comptes beaucoup pourrr moi. Et on ne peut pas dirrre que je te l'ai bien montrrré... Tu es la seule à avoir prrris la peine d'essayer de me connaître. Moi, pas la starrr de Quidditch...

Sur le coup, je ne sus pas quoi répondre. C'était flatteur, mais aussi, gênant... 

- Je... Je ne pense pas que ce soit le bon moment pour parler de ça.

Je n'avais aucune envie de remettre tout ça sur le tapis, et surtout pas maintenant.

- Je tenais juste à ce que tu le saches. Si je prrrends mes distances avec toi... Ce n'est pas parrce que je le veux.

Je me tournai vers lui, et vis une expression triste et lasse sur son visage. Où voulait-il en venir ?

- Je ne te suis pas. 

- Disons que... J'ai peurr que ce que j'aie fuit en venant ici ne me rrratrrrappe.

Quel danger le menaçait ? Était-ce si grave qu'il doive prendre ses distances ? Parce que s'il devait encore le faire, je n'étais pas certaine que je tiendrais le coup. Il avait pris une si grande place dans ma vie que si je le perdais, il y resterait un énorme trou impossible à combler. Comme lorsque j'avais perdu Danny. 

Sans vraiment comprendre pourquoi, alors que Viktor plongeait son regard dans le mien, attendant probablement une réponse, je revis tous ces derniers mois passés en sa compagnie. Je revis sa façon de s'accrocher alors que je faisais tout pour le repousser. Je repensai à ce que je ressentais, en sa compagnie. Je repensai au jour où, à l'hôpital, je le vis en me réveillant. Je repensai à ce que j'avais ressenti lorsqu'il m'avait posé un lapin à Noël. Et ma crise de jalousie, au mariage, quelques heures plus tôt... Je n'avais qu'un constat à faire. Que je n'avais cessé de nier pendant des mois, malgré moi, parce que j'avais peur de souffrir à nouveau. Mais maintenant, la vérité s'imposait enfin à mon esprit. J'étais bel et bien amoureuse de Viktor Krum.



Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant