Chapitre 57 : Une autre solution

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Il avait dit ça d'un ton froid, dégagé, comme s'il m'annonçait qu'il venait de jeter un sort de désarmement.

- Je vois... soupirai-je, en essayant d'oublier mon sentiment de panique qui commençait à enfler.

Je croisai les bras, comme pour me protéger de ce qui allait suivre. Parce que l'expression de son visage semblait présager le pire.

- Quand comptais-tu m'en parler ? Après avoir quitté Poudlard ?

Il détourna le regard et se mit à scruter le lac. Le temps était radieux, et les rayons du Soleil se reflétaient dessus. C'était une magnifique journée. Lorsqu'il se tourna de nouveau vers moi, je perçus dans son regard une profonde tristesse. Et c'est là que je compris ce qu'il essayait de me dire. Je sentis les battements de mon cœur s'accélérer, tandis que la panique m'envahissait totalement.

- Viktor, ne me dis pas que...

Il s'approcha de moi très lentement, tout en évitant mon regard. Il s'apprêta à me toucher, mais je le repoussai. Je sentis ma gorge se nouer et mes yeux me piquer.

- Non...

- Je dois le fairrre, je n'ai pas lechoix.

- Bien sur que tu l'as...

- Non ! Me coupa-t-il, énervé.

Il s'approcha, et cette fois-ci, paralysée, je le laissai faire. Il prit mon visage entre ses mains, et je fermai les yeux. Il ne pouvait pas faire ça...

- Si je reste ici sans rrrien faire, il viendrrra me chercher. Il s'en prendrrrra à ma mère, à toi... Ce n'est qu'une question de temps. Je ne peux pas. Je ne pourrais pas vivre en sachant qu'il puisse te fairrre du mal. Je dois le stopper.

Cette fois-ci, mes larmes coulèrent le long de mon visage, mais je gardai toujours les yeux fermés.

- Il va te tuer... murmurai-je

- Non. Je n'ai pas l'intention de le laisser faire.

Je rouvris les yeux d'un coup et le repoussai.

- Alors quoi ? M'énervai-je. Tu vas le tuer en premier ?

Il ne répondit pas, mais il n'en eu pas besoin.

- Il a tué mon pèrrre. Je ne supporterais pas de prrrendre le risque qu'il te fasse du mal... Je n'y survivrais pas.

- Parce que tu crois que moi je pourrais y survivre si je te perdais ?

Il inspira de nouveau, comme si il s'apprêtait à porter le coup final.

- Oui. C'est pourrr ça que je te demande de ne pas m'attendre.

C'était bien ça, le coup final. L'impression de me prendre un coup de poing dans l'estomac, de me prendre un coup de massue sur la tête, de chuter dune falaise... Il était entrain de me quitter, de m'annoncer qu'il préférait mourir que de rester avec moi, et qu'il ne reviendrait jamais. Il dut voir l'horreur se peindre sur mon visage, car il s'approcha de nouveau et me força à le regarder pendant que je le suppliai de ne pas faire ça...

- Je t'aime. Tu ne dois pas en douter. Jamais.

- Et c'est pour ça que tu me demandes ne de pas t'attendre... ?

Il ne répondit pas, parce qu'il savait tout comme moi pourquoi il m'avait demandé ça. Il savait que si il retournait en Bulgarie affronter l'assassin de son père, il n'y survivrait pas. Et ça me faisait plus mal encore que tout le reste.

- Je t'en prie... Tu as le temps de trouver une autre solution. De prendre le temps d'y réfléchir...

Je savais à quel point je devais avoir l'air pathétique à le supplier ainsi, mais je ne savais plus comment m'y prendre pour le faire changer d'avis.

- J'ai déjà prrris ma décision depuis longtemps. Je suis désolé...

Sa voix se fêla, et je distinguai des larmes au coin de ses yeux. Il m'embrassa sur le front, poussa un profond soupir, et se détourna de moi pour rejoindre les autres. Je savais que j'allais le regretter, mais je ne le suivis pas. Je savais que rien ne pourrait le faire changer d'avis. Je ne savais pas combien de temps je restai ici, comme paralysée. Lorsque je repris mes esprits, le bruit de la fête avait disparu, et le Poudlard Express devait déjà être arrivé... Je ne repris mes esprits qu'une fois arrivée à mon dortoir, qui était vide. Juste avant de refermer ma valise, j'arrachai mon pendentif et le fourrai dedans.Il y resterait probablement pour toujours. J'arrivai pile à temps avant que le train ne parte, et ne pris la peine de regarder les visages qui m'entouraient. Ça ne servait plus à rien, de toute façon. Il était sans doute déjà parti. Juste avant que la porte ne se referme derrière moi, je jetai un dernier regard vers ma seconde maison. Je me souvins de la première fois que j'y avais mis les pieds, la tête pleine de rêves. Et aujourd'hui, je la quittai, en les laissant derrière moi.

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE


Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant