Chapitre 56 : La dernière journée

317 30 7
                                    

La veille du banquet de fin d'année, nous passâmes la journée au bord du lac, Viktor et moi. Adossé au vieux chêne, j'étais adossée contre son torse. Il m'entourait de ses bras, sa tête posée sur mon épaule. J'avais l'intention d'aborder le sujet de notre avenir -ce que j'aurais du faire plus tôt- mais en voyant son air détendu, je préférai attendre encore un peu. Après tout, nous aurions toujours du temps pour le faire, une fois partis de Poudlard...

Nous restâmes un long moment ainsi, sans bouger, ni parler. Nous étions seuls, et nous étions bercés par les clapotis de l'eau que produisait le calmar géant en remontant parfois à la surface.

- Ça te manque, la France ? Demanda-t-il tout d'un coup.

- Oui, parfois. Mais je ne m'y sentais pas vraiment chez moi.

- Alorrrs qu'ici, oui ?

- Toute ma vie est ici. Mes parents, toi...

Il ne répondit pas, mais déposa un baiser sur mon épaule. Je me blottis davantage contre lui, ignorant la chaleur dont le Soleil nous faisait déjà souffrir. Il me serra davantage encore, enfouissant son visage dans mes cheveux, avant de murmurer qu'il m'aimait. Il ne me le disait pas souvent, mais ça me permettait de mieux apprécier les rare moments où il le faisait.
A mon grand regret, la journée passa très vite. Arrivés le soir, je proposai à Viktor de rester avec moi dans la Salle Commune, mais à mon grand regret, il refusa. Il semblait étrangement fatigué, et un peu distant. Il m'embrassa rapidement sur le front avant de s'éclipser. Sa réaction me noua l'estomac. Avais-je dit quelque chose qui l'avait blessé ?

Dépitée, je me rendis dans ma salle commune, où une fête battait son plein. La dernière nuit à Poudlard, ça se fête. Je chipai des bierraubeurre en passant, et me rendis directement dans mon dortoir. A mon grand étonnement, les filles s'y trouvaient. Elles furent surprises de me voir arriver, mais ravies. Je devais bien reconnaître que je les avais délaissées pour passer du temps avec Viktor, mais je leur en voulais un peu de leur comportement par rapport au vol de mon carnet. Mais c'était derrière nous, et je pensai que la soirée était idéale pour renouer nos liens.

Elles furent ravies de me voir, et nous passâmes sans doute l'une des meilleures soirée depuis ma première année. Nous nous racontâmes nos vies -Susan avait des anecdotes hilarantes sur sa famille-, nous discutâmes de notre avenir -Susan souhaitait voyager, Mary voulait travailler à la justice magique, et Célia était un peu perdue- et nous nous racontâmes les derniers potins de Poudlard. Je parvins presque à oublier Viktor et son absence, qui me pesaient bien plus que ce que je ne voulais l'admettre. Mais si nous avions des problèmes à régler, nous pourrions le faire après la remise des diplômes. Nous avions tout le temps pour ça... Nous nous couchâmes lorsque le Soleil commençait à se lever.

Je me levai le lendemain en fin de matinée, dégoûtée d'avoir perdu tant de temps. C'était ma dernière journée à Poudlard, et je venais d'y passer la moitié à dormir ! Une ambiance étrange régnait dans les couloirs, comme si tout le monde prenait conscience que c'était la fin. Le banquet du midi serait suivie par une petite cérémonie, durant laquelle seront donnés les résultats des examens. Des bancs avaient été aménagés dans le parc, où elle devait probablement se dérouler. Je déambulai dans les couloirs sans but précis, me rappelant des souvenirs de mes sept années passées ici. La première fois que j'avais mis les pieds dans le cachot, le jour où j'étais tombée dans le lac pendant un cours avec Lupin, le jour où j'avais ridiculisé Peeves grâce au Baron Sanglant... Tant de souvenirs que je ne pourrais jamais oublier. J'en profitai pour chercher Viktor, mais sans succès. Peut-être avait-il fait la fête avec des condisciples de Serpentard, et qu'il dormait toujours ?

Lorsque j'arrivai pour le dernier repas, il était déjà à sa table. Il n'avait pas bonne mine, et avait un air sombre. Que me cachait-il ? Je commençai à m'approcher de sa table pour le saluer, quand il croisa enfin mon regard. Il me fit un léger signe de tête avant de se détourner pour parler avec sa voisine de droite, qui lui décrocha un sourire étincelant. J'eus soudain l'impression de me prendre un coup de pied en plein dans l'estomac. Les larmes aux yeux et les mains tremblantes, je retournai vers ma table en lui tournant le dos. Le repas sembla durer une éternité. Ethan était de nouveau jovial, mais sa bonne humeur ne me contamina pas. Les filles étaient impatientes, et ne tenaient plus en place. McGonagall finit par reprendre la parole pour nous donner le classement des maisons. Sans grande surprise, Gryffondor arrivait en tête, suivi par Poufsouffle, Serpentard, et enfin, Serdaigle.

Enfin, pendant que les autres élèves se rendaient dans leurs dortoirs pour finir de ranger leurs valises, McGonagall nous proposa de nous rendre dans le parc, et tout le monde s'installa sur les bancs.  Je cherchai Viktor dans la foule quelques instants avant de renoncer. Je tentai de mettre tout ça de côté pour me concentrer sur le discours de McGonagall. Après tout, c'était la fin, et je ne vivrai plus jamais ça. Et je ne voulais pas que ce moment soit gâché.

Après un discours interminable sur notre comportement au fil des ans, elle déclara en haussant la voix :

- J'ai le plaisir de vous annoncer que tous les élèves de Septième année... Ont obtenu leurs ASPICS. Toutes mes félicitations !

Tout le monde se leva d'un bond en hurlant. Les filles me prirent dans leurs bras en sautillant sur place, ce qui me fit rire. Avec un geste de la baguette, McGonagall fit apparaître des grandes tables, qui se recouvrirent de différentes boissons. Les professeurs se mêlèrent à la foule pour féliciter les élèves. Ethan vint me serrer dans ses bras, et me fit promettre de ne pas le laisser sans nouvelles. Les filles me donnèrent leurs adresses, et nous nous fîmes la promesse de nous voir le plus souvent possible.

J'avais beau scruter la foule, je n'arrivai pas à trouver Viktor. Et si il partait avant de venir me parler ? Je ne voulais pas que nous quittions Poudlard sans savoir où était le problème. Alors que je commençais à désespérer,je sentis une main s'abattre sur mon épaule. Je me retournai, et tentai de déchiffrer l'étrange expression de son visage. J'eus soudain l'impression qu'il s'était complètement fermé à moi, comme si il essayait de placer une barrière entre lui et moi. Il me fit signe de le suivre, et je le suivis tandis qu'il nous entraînait à l'écart de la foule, dans notre coin préféré, près du lac. Il se tourna brusquement vers moi, à une distance qui me parut trop importante.

- J'ai cru que je n'allais pas te voir avant de quitter Poudlard, dis-je d'un ton léger afin de détendre l'atmosphère pesante.

Il me scruta pendant de longues secondes, prit une grande inspiration, comme s'il hésitait à dire quelque chose. Il détourna son regard du mien, comme si il n'osait pas me regarder en face,e t finit par lâcher :

- Je vais quitter le pays.

Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant