Chapitre 48 : Descendance

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Dire que je n'avais même pas pensé à ça... Cela me faisait une sacré responsabilité sur les épaules... Ma grand-mère m'avait-elle confié ce carnet parce qu'elle m'en croyait capable ? Et si elle se trompait ?

- Je ne sais pas trop... Et si ils ne me croyaient pas ?

- Tu n'auras qu'à leur montrrrer le carnet. C'est une prrreuve irrrréfutable.

Il me regarda droit dans les yeux, semblant réfléchir. Pendant un court instant, j'eus l'impression que nos esprits étaient comme... Connectés. C'était étrange, et en même temps, j'eus l'impression qu'il ressentait la même chose. Je vrillai mon regard au sien, et tout sembla disparaître autour de nous. Le bruit des couloirs, ma nouvelle responsabilité, le stresse des examens à venir, tout disparut. Il s'approcha alors de moi, posa une main sur mon épaule... mais une horde de premières années se rua dans le couloir et me bouscula, et je manquai de trébucher. Viktor, qui sembla agacé, me rattrapa et me colla à lui dans un geste protecteur. Notre bulle venait d'éclater, et la réalité s'imposa de nouveau à moi. Gênée, je me détachai avec un sourire, et ne sachant que dire ni que faire, je partis en direction de mon prochain cours.

 Les battements de mon cœur mirent un certain temps avant de se calmer. Sa façon de s'approcher de moi... Avait-il voulu m'embrasser ? Ressentait-il vraiment la même chose que moi ? Je rembobinai le film de ces dernières semaines : Viktor me jetant un regard inquiet par dessus l'épaule d'Hermione, Viktor qui me soutient tandis que je manque de défaillir en sachant que mon père est blessé, son récit sur la vérité de sa venue ici, sa façon étrange de lutter pour prendre ses distances sans y parvenir, ses regards et ses sourires qu'il ne destine à personne d'autre... Aurais-je pu imaginer tout ça ? Et si je me faisais des illusions ? Arriverais-je à me relever ? Je n'étais pas encore prête à prendre le risque.

Je passai le reste de la journée dans un genre de brouillard, mes pensées envers Viktor, avec ses problèmes et mon carnet, je n'arrivais pas à me concentrer sur les cours. J'avais l'impression d'être une pauvre adolescente qui tombe amoureuse pour la première fois. Et pourtant, c'était bien l'impression que j'avais. Parce qu'en repensant au début de ma relation avec Danny, je voyais bien que c'était différent. Il nous avait fallu beaucoup de temps avant de comprendre nos sentiments l'un pour l'autre. Et même à ce moment-là, je n'étais pas sure que c'était aussi fort. Avec lui, je n'avais jamais ressenti cette impression de décharge électrique quand il me touchait, je n'avais jamais senti mon estomac se tordre en sa présence, je n'avais jamais ressenti le besoin physique d'être près de lui... 

Le soir, juste avant le repas, Viktor m'attendit à la fin de mon cours de défense contre les forces du mal -comment savait-il que j'avais ce cours ?-, un air énigmatique sur le visage.

- Salut, dit-il avec son merveilleux sourire. J'ai quelque chose à te montrrrer à la bibliothèque, si tu veux bien.

Je le suivis en silence jusqu'à une table au fond de la salle, à l'abri des regards. Il me tendit un livre aussi épais qu'un dictionnaire, dont le titre Généalogie des sorciers, arbres généalogiques des plus grandes maisons de sorciers, était écrit en lettres dorées.

- J'ai déjà rrréussi à remonter la descendance de Poufsouffle jusqu'au dix-neuvième siècle. Je pense qu'en faisant quelques rrrrecherches, nous n'aurions pas trop de mal à trrrouver des descendants encorrrre en vie.

- C'est génial...

- Je sais que tu doutes que ce soit une bonne idée. Mais je pense que c'est peut-êtrrre la rrraison pour laquelle ta grrrrand-mère t'a confié ce carnet.

- Oui, je le pense aussi.

Il me sourit, avant de s'asseoir pour se replonger dans le livre. Je m'installai à côté de lui, et il se décala pour se rapprocher de moi. Sentait-il l'accélération de mes battements de cœur ?

- Ce livre est une vraie mine d'or. Enfin, surtout pour les obsédés du sang-pur.

Viktor laissa échapper un petit rire avant de plonger son regard dans le mien. Il se détourna précipitamment, avant de désigner l'étagère derrière nous.

- Tout ce rrayon est plein de ce genrrre de livres. Pas étonnant que la pluparrt des mangemorts venaient de Poudlard.

Je me levai et cherchai d'autres livres qui pourraient nous servir. Viktor se leva à son tour et se plaça à côté de moi.

- Arbres généalogiques des grandes familles, armoiries familiales... Il y a de quoi faire, dis-je en m'emparant de ce dernier. On pourra aussi utiliser les anciens numéros de la Gazette.

- Oui, c'est une bonne idée.

Je n'avais pas vu qu'il était si proche de moi. Je ne pus m'empêcher de le scruter, et en essayant de me retourner pour reposer le livre, ce dernier m'échappa des mains et s'écrasa au sol. Viktor se précipita pour le ramasser et le posa sur la table d'un geste rapide, le tout sans me lâcher du regard. Il se rapprocha alors encore plus, et je sentis son souffle sur mon visage. Il y eut alors un moment de flottement comme le matin. Je sentis mon cœur s'accélérer , et ressentis un creux dans l'estomac. Je n'avais jamais remarqué que le tour de son iris avait une couleur dorée. Il replaça doucement une mèche échappée de ma queue de cheval, et laissa sa main derrière ma nuque sans lâcher mon regard. Il respirait bruyamment, et je me demandai si j'y étais pour quelque chose.

- Je crrrois que si je ne le fais pas maintenant, je vais devenirrr fou.

Et avant que je n'ai le temps de lui demander de quoi il parlait, il posa ses lèvres sur les miennes. Il les effleura légèrement avant de se reculer, comme si il hésitait. Je me collai à lui et le tirai par son T-shirt. Il enfouit alors sa main dans mes cheveux, tandis que sa langue caressa la mienne. Je laissai échapper un gémissement, me rapprochant encore de lui. Nos respirations s'emmêlèrent, tandis qu'il me collait contre l'étagère.. Il avait vraiment eu une bonne idée en s'installant dans ce coin... Sa main descendit jusque sur mes reins, tandis que mes mains exploraient son cou. Je sentis mes genoux céder sous moi, et me demandai si ils arriveraient encore à me porter longtemps. Il finit par se reculer, essoufflé, un sourire sur les lèvres. Il me caressa le visage, sans me quitter des yeux. Je posai ma tête contre son épaule, et l'entourai de mes bras, tandis qu'il me serrait contre lui. Je sentis alors les battements de son cœur, qui étaient aussi précipités et forts que les miens. Je finis par me détacher de lui à contre-cœur, et il déposa un baiser sur ma tempe, ce qui me fit sourire. Il m'enserrait toujours la taille lorsque Mary fit irruption. Elle avait sur le visage une expression horrifiée, et je me demandai si c'était à cause de la scène à laquelle elle venait d'assister. Elle était essoufflée comme si elle avait couru dans tout Poudlard.

- Ça fait des heures que je te cherche ! Notre dortoir a été vandalisé !

Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant