Kayla Everett et le secret de Poufsouffle

Epilogue

Kayla referma sa valise avec un claquement sec. Elle se tourna ensuite vers son bureau où régnait un bazar composé essentiellement d'ingrédients pour la création de baguettes magiques, ainsi que de nombreuses feuilles de papier sur lesquels étaient griffonnés des dessins presque illisibles pour quiconque tentait de les lire. Elle commença à fouiller et finit par trouver ce qu'elle cherchait : un vieux carnet abîmé. Elle le regarda avec un léger sourire, puis se retourna pour ouvrir sa valise et y fourrer le carnet. Ayant peur de craquer et d'ajouter encore quelque chose à sa valise déjà pleine à ras bords, elle décida de quitter la pièce, non sans un dernier regard. Elle entra dans le salon, pour y découvrir un bazar encore pire que dans la chambre. Résignée, elle s'écroula sur le canapé assez inconfortable. Cela faisait déjà des mois qu'elle avait prévu de le changer, mais elle repoussait toujours le moment de le faire. Il fallait dire que ces derniers mois, elle avait eu d'autres priorités.

Elle entendit frapper à la porte, qui s'ouvrit justement sur l'une de ces priorités. Elle ne pu camoufler son sourire, tandis que Viktor se penchait pour l'embrasser. Elle le serra contre lui pour prolonger leur étreinte, mais il finit par se reculer en riant doucement.

- Tu es prête ? Demanda-t-il

- Presque, soupira-t-elle. J'ai constamment l'impression d'avoir oublié quelque chose, alors je cherche, et je finis toujours par rajouter quelque chose dont je n'ai pas besoin...

Il entra dans l'appartement, et ne put masquer sa surprise en voyant dans quel état il se trouvait. Il sortit sa baguette de sa poche, et d'un geste, tout se remit correctement à sa place.

- Dis-moi... commença-t-il.

- Non, ce n'est jamais le bazar comme ça, d'habitude.

Ils projetaient depuis plusieurs mois de vivre ensemble. Mais leur salaires respectifs ne leur suffisait pas pour le moment. L'appartement de Viktor avait la taille d'un cagibi, et Kayla vivait toujours dans celui qu'elle avait partagé avec Ethan. Même si ça ne semblait pas déranger Viktor, Kayla se sentait mal à l'aise avec l'idée que Viktor vive là elle avait encore tous ces souvenirs avec Ethan. Elle ne l'avait pas revu depuis leur rupture, mais Mary lui avait appris qu'il avait démissionné peu de temps après Potter. D'après les rumeurs, il aurait une relation avec la directrice du département de la justice magique depuis peu. Kayla ressentait toujours une pointe de regret à chaque fois qu'elle pensait à lui. Elle n'arrivait pas à se pardonner la façon horrible qu'elle avait eu de le quitter. Mais elle avait la certitude que même si elle n'était pas revenue vers Viktor, leur relation n'aurait pas pu durer. Elle n'aurait pas réussi à continuer à vivre avec le traumatisme qu'elle avait subi, sans quelqu'un à ses côtés qui pouvait la comprendre.

- Bon, nous ferions mieux d'y aller, si tu ne veux pas que l'on rate notre avion, déclara Viktor.

Kayla était encore souvent surprise lorsqu'elle entendait Viktor parler. Il n'avait désormais plus d'accent, et il arrivait encore parfois de penser qu'il lui manquait.

- Oui, tu as raison.

Ils sortirent, et tandis qu'elle entreprit de fermer la porte à clé, Viktor posa négligemment un bras autour de son épaule. Il se pencha vers elle et lui murmura à l'oreille :

- Elle est nouvelle, cette robe ?

Elle se retourna, le sourire aux lèvres.

- J'étais sure qu'elle te plairait.

Elle l'embrassa rapidement sur la joue, et s'assura que la porte était bien fermée. Lorsqu'elle se retourna, Viktor était entrain de la dévorer des yeux. Il lui arrivait encore de se demander si il n'était pas en plein rêve. Il avait si longtemps espéré pouvoir de nouveau vivre un tel bonheur qu'il avait encore du mal à croire qu'il puisse être réel. Mais ses doutes et ses cauchemars récurrents étaient encore là pour le lui rappeler. Il n'était toujours pas convaincu qu'il le méritait, mais il savait qu'il ne pouvait pas vivre sans elle. Et cela lui suffisait.

Peu de temps après le début de leur relation, il avait songé à rompre avec elle pour cette raison. Mais une longue conversation avec sa mère avait fait taire ses doutes. Kayla lui avait apporté le courage qui lui avait toujours manqué, et c'est en partie grâce à cela qu'il était parvenu à trouver un emploi. Cela avit été une étape difficile pour lui, personne ne voulant embaucher une personne liée de près ou de loin à l'attentat contre le Ministère. Le seul point positif dans tout ça était qu'il n'avait plus de horde de fans à fuir. Désormais, il était l'entraîneur d'une équipe régionale de Quidditch assez prometteuse. Il savait qu'il ne pourrait plus jamais retrouver le statut de meilleur joueur du monde, mais il lui permettait de pouvoir vivre. Il espérait pouvoir gravir les échelons, ce qui lui permettrait peut-être de diriger une grande équipe nationale. C'était d'ailleurs pour cela qu'ils avaient décidé d'entreprendre ce voyage : Ollivander avait confié la première mission de recherche sur le terrain à Kayla. Ils ignoraient si c'était voulu ou si Ollivander connaissait les détails de la vie privée de Kayla, mais il lui avait demandé de se rendre en Bulgarie, afin de prendre contact avec un nouveau fabricant, spécialisé dans les cheveux de Vélane.

Viktor comptait profiter de ces vacances pour revoir un de ses vieux amis, qui dirigeait désormais l'équipe nationale de Quidditch. Il espérait pouvoir le convaincre de rejoindre l'équipe en tant que joueur, même si il avait peu d'espoir. Mais ce serait également l'occasion de faire visiter son pays natal à Kayla. Il comptait lui faire découvrir l'endroit où il avait grandi, ainsi que ceux où il adorait se promener avec son père. Il était donc impatient d'y être, mais ne pouvait totalement masquer son anxiété. Il tenait à ce que tout soit parfait. Parce qu'il avait une surprise pour elle, et il ne voulait rien laisser au hasard. La bague qu'il cachait dans sa poche semblait lui peser des tonnes, et dans un sens, il était presque impatient d'y être, parce qu'il détestait ressentir du stress. Surtout lorsqu'il s'agissait de son avenir, qu'il ne voyait désormais plus sans elle.

Ne pouvant détacher son regard d'elle, il lui prit la main et l'entraîna dans la rue calme à cette heure de la matinée. Il ne leur restait qu'une demie-heure pour arriver à l'aéroport. Elle lui décocha un sourire, et il ne put s'empêcher de se dire, pour la première fois depuis longtemps, qu'il était impatient de voir ce que l'avenir lui réservait.