Chapitre 53 : La rencontre

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- Ça va ? Me demanda Viktor d'un air inquiet.

Je hochai vaguement la tête. J'avais l'impression de décevoir ma grand-mère. Elle m'avait confié une mission simple, et je ne l'avais pas réussie. Viktor me prit par la main et nous conduisit jusqu'à une ruelle déserte. Je m'adossai au muret, les bras croisés.

- Je sais à quoi tu penses, me dit Viktor en se plaçant en face de moi. Tu as l'imprrression d'avoirrr déçu ta grand-mère. Mais c'est faux.

Je me tournai face à lui, les larmes aux yeux. J'avais souvent l'impression qu'il lisait dans mes pensées. Sinon, comment pourrait-il réussir à me comprendre aussi bien ?

- J'aurais pu mieux lui expliquer... Lui faire comprendre...

- On ne pouvait pas s'attendrrre à cette réaction. Et ce n'est pas faute. Et ta grrrand-mère l'aurait très bien compris.

- J'ai juste l'impression que... Nous avons fait tout ça pour rien du tout. Toutes ces heures de travail, et tout ça pour ça...

- Tu as rréussi à faire éclater la vérrrité. Ce n'est pas de ta faute si perrrsonne ne veut l'entendre.

Je hochai la tête, guère convaincue. Viktor passa un bras autour de mes épaules et m'attira à lui.

- Et nous n'avons pas fait tout ça pour rien. On ne serait pas là, sinon... chuchota-t-il dans mon oreille, avant de m'embrasser dans le cou.

Je soupirai, me serrant davantage contre lui. C'est au beau milieu de cette ruelle un peu crade, entourés de poubelles, que je lâchai les trois mots que je n'avais plus dit à personne depuis bien longtemps :

- Je t'aime.

Je le sentis se crisper, et j'eus soudain peur d'avoir ce qu'il ne fallait pas. Était-ce trop tôt ?Lui avais-je fait peur ? Il commença à se reculer, et je sentis la panique me gagner. J'aurais vraiment du me taire... Il plongea son regard droit dans le mien, posa son front contre le mien et murmura :

- Je t'aime aussi.

Puis il se pencha pour m'embrasser, et je compris qu'il avait raison en disant que nous n'avions pas fait tout ça pour rien. C'était ce carnet qui nous avait amenés ici, après tout. Sa main se perdit dans mes cheveux, tandis que je le collais davantage à moi. Il m'appuya contre le mur, et ses lèvres se perdirent dans mon cou, ce qui me fit frissonner. Il se recula en premier, avant de poser son front contre le mien.

- Tu crrrois qu'un jour ça sera moins... Fort ?

- Non, répondis-je avec un sourire face à son air sérieux. Impossible.

Il finit par se reculer, un air énigmatique sur le visage. Comme si... Ça lui faisait peur. Je ne l'avais jamais interrogé sur ses exs, mais peut-être aurais-je du ? Peut-être que ça m'aurait permis de mieux comprendre ce qui nous liait... Nous passâmes l'après-midi à jouer les touristes, en flânant dans différentes boutiques. Je reconstituai mon stock de romans et de chocolats, et en profitai également pour acheter un petit cadeau pour la mère de Viktor. Autant faire bonne impression. Bien entendu, le soir, j'étais totalement stressée, malgré les moyens employés par Viktor pour me détendre. Il ne cessait de me répéter qu'elle m'adorerait, mais je me demandai si il serait capable de me quitter si ce n'était pas le cas. C'était ridicule, mais je savais à quel point elle était importante dans sa vie. Et je savais qu'il n'hésiterait pas à sacrifier notre relation pour elle. 

Son appartement était situé dans un bon quartier, mais pas parmi les plus riches, afin de ne pas attirer l'attention. C'était une résidence qui semblait plutôt calme, si on oubliait les enfants qui jouaient sur le parking. Alors que nous gravissions les escaliers, je sentis le stress remonter d'un coup. Comme si il percevait ma panique, Viktor me prit la main.

 Lorsqu'elle ouvrit la porte, je me retrouvai face à une femme d'une grande beauté. Elle avait les cheveux noués en un chignon lâche, et malgré son regard fatigué, elle me gratifia d'un grand sourire, avant de me prendre dans ses bras. Gênée, je ne sus pas vraiment comment réagir. Je lui rendis maladroitement son étreinte, tandis qu'elle me déclara :

- Je suis rrrravie de vous rencontrrrrer enfin ! Viktor m'a tellement parrrrlé de vous...

Son accent était beaucoup plus prononcé que celui de son fils, et j'eus un peu de mal à la suivre.

- Moi aussi, je suis ravie de vous rencontrer, Mme Krum. Tenez, c'est pour vous.

- Oh non, il ne fallait pas ! Et appelez moi Aelia. Je vous en prie, entrez.

Avant de refermer la porte derrière nous, elle jeta un regard inquiet de chaque côté du couloir. Je me rendis alors compte que je n'avais pas pensé aux menaces qui planaient toujours sur elle et sur son fils... Elle nous invita ensuite à nous installer dans le petit salon. L'appartement était assez grand, mais pas vraiment personnalisé. Les murs blancs étaient nus et le tout ne comportait que les meubles indispensables : une petite table, un canapé, un buffet. Cela voulait-il signifier qu'elle ne comptait pas y rester ?


Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant