Chapitre 22 : Prendre ses distances

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- Je n'arrive pas à comprendre pourquoi vous avez fait une chose pareille. Dois-je vous rappeler quels risques nous encourrons à vous accueillir ici ? Je pensais avoir été clair ! Je ne veux pas entendre parler de vous. C'est bien ce que nous nous sommes dis le jour de la rentrée, n'est-ce pas ?

Cela faisait maintenant plus d'une demie-heure que Viktor Krum se trouvait dans le bureau de son directeur de maison. Cela faisait une demie-heure qu'il devait écouter Slughorn lui crier dessus, lui rappeler à quel point il était indispensable qu'il fasse profil bas. Mais il n'écoutait que d'une oreille discrète : il voulait en finir au plus vite pour se rendre à l'infirmerie. Il voulait s'assurer qu'elle allait bien. Il ne cessait de revoir la scène dans sa tête : elle, qui dévalait les escaliers, le bruit du choc lorsqu'elle heurta le sol, et lui, la portant dans ses bras jusqu'à l'infirmerie... Il hocha la tête, tandis que Slughorn continuait son interminable monologue. Il finit par le laisser partir, non sans lui avoir auparavant donné un grand nombre d'heures de retenue. Il faillit demander quelle punition il avait donné à Josh après ce qu'il avait fait, mais il se retint. Il nous voulait pas rester une minute de plus dans ce bureau. Il se doutait que Slughorn risquait de le surveiller de près, désormais, mais pour le moment, il ne voulait pas s'en préoccuper.

Il s'empressa de remonter le couloir, et en passant devant la Grande Salle, il se rendit compte que la nuit était tombée. Les quatre tables étaient pleines d'élèves joyeux, et Viktor se retint de s'y rendre pour vérifier si Josh y était. Au moment où il s'apprêtait à se rendre vers le Grand escalier, il entendit une voix le héler. Il se retourna, et vit les amies de Kayla s'approcher de lui. Il croisa le regard de Susan, et ressentit une pointe d'agacement. Il avait compris ce qu'elle éprouvait pour lui, et il était certain que c'était uniquement pour sa notoriété, pas pour sa personnalité. Il n'avait rien contre elle, mais elle ne l'intéressait pas. Elle était comme toutes ces filles qui le suivaient partout pour lui demander un autographe.

- Comment va-t-elle ? demanda-t-il en se tournant vers les deux autres filles.

Il ignora le léger soupir de Susan.

- Bien, répondit Célia. Elle devrait pouvoir sortir demain matin.

Il hocha la tête, et repris son chemin, vite rattrapé par Célia.

- Mme Pomfresh a dit qu'il était trop tard pour des visites.

Elle fit demi-tour, non sans lui avoir décroché un clin d'œil. Viktor ne s'interrogea pas sur ce qu'il signifiait, et repris son chemin. Il arriva vite devant l'infirmerie, où Mme Pomfresh prodiguait des soins à un élève qui vomissait des limaces. Il se dit qu'il devait sans doute retourner à son dortoir et attendre le lendemain qu'elle sorte, mais il préféra céder à son envie de la voir. Il décida donc de se jeter un sort de désillusion, et, après s'être assuré qu'il avait fonctionné, il s'engouffra dans l'infirmerie. Il navigua entre les lits, vides pour la plupart, avant d'arriver à celui du fond, entouré d'un rideau. Il inspira profondément, et passa sa tête à l'intérieur. Kayla semblait profondément endormie. Sans un bruit, il s'assied sur la chaise à droite de son lit, avant d'annuler le sort. Même si l'infirmière le découvrait, il ne risquait pas d'avoir beaucoup plus d'ennuis aujourd'hui. Il ne savait pas ce qui le poussait à faire ça. Il avait bien conscience qu'elle ne s'était jamais montrée très gentille avec lui, mais il ne pouvait s'empêcher de revenir vers elle à chaque fois.

Elle était la seule personne qui ne l'avait pas accueilli comme une star, comme tous les autres l'avaient fait. Elle n'avait pas cherché à s'attirer sa sympathie, et c'était sans doute la raison pour laquelle il l'appréciait. Si quelqu'un était capable de découvrir qui il était vraiment, c'était bien elle. Il savait à quel point c'était risqué, de se rapprocher d'une personne maintenant. Il n'avait pas oublié les mises en garde qu'il avait reçues, mais il n'était pas encore prêt à prendre ses distances... Même si un jour il avait conscience qu'il serait trop tard pour revenir en arrière, il estimait ne pas encore avoir franchi ce point.

Kayla remua dans son sommeil, et il se leva. Il s'était assuré qu'elle allait bien, il pourrait donc attendre jusqu'au lendemain pour lui parler. Alors qu'il s'apprêtait à partir, Kayla se redressa et pointa sa baguette magique sur lui. Il leva les mains en l'air, pris en faute. Lorsqu'elle découvrit le visage de son visiteur, elle reposa sa baguette avec un air soulagé.

- Krum... Tu m'as fait peur. Qu'est-ce que tu fais ici ?

- J'étais inquiet. Je voulais m'assurrrrer que tu allais bien.

Elle haussa les sourcils, surprise par cette réponse. Viktor cru déceler une lueur d'amusement dans son regard, mais se dit finalement que c'était son imagination.

- Bon... Je vais te laisser.

- Non, attends... Reste.

Une étrange bouffée de joie s'empara de lui, mais il la refoula dans un coin de son esprit, avant de se rasseoir sur la chaise.

- Les filles m'ont dit ce que tu as fait pour moi, dit-elle après quelques minutes d'un silence gêné. Je ne sais pas quoi te dire pour te remercier...

- Tu n'as pas à le fairrre. C'est norrrmal.

- Non. J'ai passé mon temps à te crier dessus, et pendant ce temps-là... Tu n'as pas été puni, au moins ?

- Ce n'est rrien comparé à la tête qu'il a fait quand je lui ai foncé dessus, sourit-il.

Mais Kayla ne sembla pas amusée. Elle avait un air inquiet sur le visage, et il entreprit de le faire disparaître. Sans vraiment réfléchir à ce qu'il faisait, il s'approcha plus près de son lit, et posa sa main sur celle de la jeune fille. A son grand étonnement, elle ne le repoussa pas, et esquissa un léger sourire.

Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant