Chapitre 29 : Retour au pays

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Après avoir traversé un paysage uniformément blanc, la verdure commença à faire son apparition. Elle finirait vite par disparaître, pour faire apparaître des montagnes et des lacs gelés. Viktor avait pensé à transplaner, mais il avait besoin de réfléchir, et de toute façon, il n'avait aucune raison de se presser, maintenant. Le mal était fait. Tous ces efforts, réduits à néant. Il avait quitté son pays pour mettre sa mère en sécurité. Pour rien.

Dans son poing se tenait la lettre froissée, écrite en bulgare, qu'il avait reçu deux jours plus tôt, juste après le match de Quidditch. Il avait passé ces deux derniers jours à la lire et la relire, si bien qu'il la connaissait par cœur.

Monsieur Krum,

Avant votre départ pour l'Angleterre, vous avez fait la demande auprès du ministère de la magie Bulgare pour placer votre mère sous protection rapprochée. Etant donné la nature de la menace planant sur vous et votre famille, cette requête a été acceptée, et deux agents ont été mis à la disposition de votre mère. Malheureusement, le nombre d'agents baissant considérablement, l'importance de conserver ces derniers au service du Ministère en ces temps sombres semble désormais capital. Après plusieurs mois de surveillance, il s'avère que la mise en protection de votre mère n'est plus considérée comme indispensable. Cette protection prendra donc fin ce vingt-trois décembre.

Nous vous prions d'accepter nos sentiments distingués.

Une colère sourde s'était emparée de lui, en plus d'une profonde tristesse. Ces dernières semaines, il avait presque oublié la véritable raison qui l'avait poussé à fuir le pays où il avait toujours vécu. Il avait tiré un trait sur son passé, sur sa famille, et malgré lui, il avait presque réussi à être heureux dans cette nouvelle vie. Et il en connaissait bien sûr la raison. Le visage de Kayla s'imposa à son esprit, mais il le repoussa. Il avait prit trop de risques en se rapprochant d'elle, et son départ précipité était malheureusement le moyen idéal pour prendre ses distances.

Arrivé à la gare, il ne fut guère surpris d'y trouver sa mère qui l'attendait. Il la serra dans ses bras, avant de lui demander comment elle allait. Elle hocha les épaules. Ils transplanèrent et ils se retrouvèrent dans un petit appartement miteux que Viktor ne connaissait pas. Il tenta de refouler sa colère en voyant dans quel état il avait abandonné sa mère. Elle était tout pour lui, et elle méritait beaucoup mieux. Sans lui laisser le temps de parler, il ouvrit une porte sur la droite, sortit une valise de sous le lit, et commença à la remplir.

- Viktor ! Que fais tu ? Lui demanda sa mère en bulgare.

- Je te mets en sécurité. Il est hors de question que tu restes une minute de plus ici. Nous allons dormir à l'hôtel cette nuit, et demain, je me rendrais au ministère.

C'est hors de question ! Je peux très bien me débrouiller toute seule, il est hors de question que tu te mettes en danger pour moi.

- C'est toi qui est en danger par ma faute ! A moi de rattraper mes erreurs.

- Mais ce n'est pas de ta faute...

- Je sais très bien pourquoi Papa est mort. Et toi aussi. Tu es tout ce qu'il me reste, et il est hors de question que je te perde aussi. J'irai au Ministère demain, et je ferai en sorte que tu sois mise en sécurité.

Les larmes aux yeux, sa mère s'approcha de lui et l'obligea à la regarder dans les yeux.

- J'aimais ton père de tout mon cœur. Mais je sais que si je te perds, je n'y survivrai pas.

- Tu ne me perdras pas.

Le lendemain, dès l'aube, Viktor se trouvait comme prévu devant le Ministère. Il avait laissé sa mère dans la chambre d'hôtel qu'ils avaient louée la veille, avec tous les sortilèges de protection qu'il connaissait. Il n'était venu qu'avec sa baguette et la fameuse lettre. Après une heure d'attente, il fut accueilli dans un grand bureau ovale, sombre et luxueux. L'homme l'invita à s'asseoir, ce qu'il fit après une légère hésitation.

- Je sais ce qui vous amène ici, M. Krum, déclara l'homme en lissant sa moustache. J'ai eu vent de votre... Histoire. Malheureusement, tout a été dit dans cette lettre. Je ne vais rien pouvoir faire de plus.

- Vous savez très bien quel danger ma mère risque !

- Nous n'avons encore aucune preuve pour l'instant que toutes ces... Rumeurs soient fondées.

- Des rumeurs ?! Vous vous moquez de moi ? Avez-vous oublié ce qui est arrivé à mon père ? Et toutes ces disparitions... Vous savez quel lien j'ai avec tout ça.

Il soupira, face à un dilemme.

- C'est justement à cause de ce contexte que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre deux de nos agents. Je suis vraiment navré, mais je ne peux rien faire pour vous.

L'homme s'apprêta à ajouter quelque chose, mais Viktor l'en empêcha en quittant la pièce. Il savait que tout cela ne servirait à rien, de toute façon. Comme lors de son départ, ce n'était pas son Ministère qui avait assuré sa sécurité. Il ne restait qu'une solution pour protéger sa mère : la convaincre de le suivre en Angleterre, ce qu'elle n'accepterait jamais, ou revenir vivre ici avec elle, et abandonner ses études.

Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant