Chapitre 61 : Vélane

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Je soupirai, et ma colère retomba un peu. Il avait raison, après tout. Je n'aurais pas du avoir cette réaction. Il ne faisait plus partie de ma vie, désormais, et c'était son choix à lui. J'avais accepté de continuer à vivre, et j'avais réussi. Je n'avais pas le droit d'en vouloir à Ethan pour ça.

- Ne me mens plus, s'il te plaît. Même si c'est pour... Ça. Je peux encaisser, je ne suis plus une enfant.

Même si il m'arrivait encore de me comporter comme tel. Il soupira de nouveau, les regrets se reflétant clairement dans ses yeux. Il s'approcha de moi doucement, comme si il avait encore peur de ma colère, et me prit dans ses bras. Je lui rendis son étreinte. Je l'aimais, et il était hors de question que je le perde, lui aussi.

Le lendemain, j'arrivai à la boutique en retard. Mais à mon grand étonnement, elle était toujours plongée dans le noir. Je me rendis dans l'arrière-boutique, où se trouvait Ollivander, vêtu de sa veste en peau de je-ne-sais-quoi, comme si il s'apprêtait à partir.

- Ah, Miss Everett. Je ne vous attendais plus. J'ai quelques courses à faire, ce matin. La rentrée à Poudlard a lieu aujourd'hui, tout devrait donc rester assez calme.

Et il me planta là, sans plus d'explications. Cela ne m'étonnait pas, ce n'était pas la première fois qu'il me faisait quelque chose de ce style. Mais il ne m'avait jamais laissée seule à gérer sa boutique. Peut-être était-ce enfin la preuve qu'il me faisait confiance. Mais un quart d'heure après son départ, je compris qu'il m'avait menti. La boutique fut envahie de retardataires n'ayant pas encore fait leurs achats de rentrée. Soit Ollivander perdait la tête, soit il le savait parfaitement et voulait juste me tester. Et puis, depuis quand quittait-il son poste pour aller « faire une course » ?

Cette matinée fut un véritable enfer, car je ne devais pas passer plus de quelques minutes avec chaque client, pour éviter qu'une queue monstre se forme. Je compris que ma seconde hypothèse était juste, parce qu'il ne revint à la boutique qu'en début d'après-midi. Elle était vide depuis un bon moment, et je commençai à m'ennuyer ferme. Il avait son étrange sourire sur le visage, ce qui me mit encore plus en rogne.

Il me fit un léger signe de tête avant de s'engouffrer dans l'arrière-boutique, sans un mot de plus. Au bout de quelques minutes pendant lesquelles je l'entendis déplacer un tas de choses, je l'entendis m'appeler.

- Ce matin, j'ai eu un rendez-vous très intéressant avec mon homologue français, à Paris. Ce dernier a toujours travaillé sur ses baguettes à partir de cheveux de Vélane, mais j'ai toujours trouvé que cela donnait aux baguettes un très mauvais caractère. Nous avons longuement conversé, et il m'a donné envie de tester à nouveau cette méthode, mais d'une façon différente. Peut-être qu'en le mêlant avec un crin de licorne non sevrée... Je me suis dit que vous aimeriez peut-être m'assister pour cela.

Je n'en croyais pas mes oreilles. J'attendais depuis des mois qu'il me fasse cette proposition ! J'avais passé un nombre incalculable d'heures à apprendre les combinaisons possibles pour créer des baguettes utilisables, et je rêvais depuis de pouvoir mettre mes connaissances en pratique.

- Ce serait vraiment super, Monsieur.

Il me sourit franchement cette fois-ci, et reprit aussitôt son air concentré.

- Nous devrions peut-être fermer la boutique cet après-midi.

Je hochai la tête. La plupart des clients venaient entre le début du mois de juillet et le début du mois de septembre, et il s 'agissait bien sur pour la plupart de futurs élèves de Poudlard. Nous devions passer le reste de l'année à créer un nombre suffisant de baguettes pour satisfaire tout le monde, en sachant que généralement, c'était les plus anciennes baguettes de la boutique qui choisissaient les nouveaux sorciers. Mais en créer de nouvelles permettaient de créer un genre de roulement, qui fait que nous n'en manquions jamais. Le reste de l'année, nous avions surtout affaire à des casses ou des pertes de baguettes. Il fallait ainsi recréer des baguettes sur-mesure, ce que je n'aimais pas forcément le plus. Ce que j'aimais dans la fabrication de baguettes, c'était le processus de création, qui laissait une belle part à l'imagination et à la création de nouvelles combinaisons qui feraient merveille.

Nous passâmes le reste de la journée à lister tous les matériaux compatibles avec le cheveu de Vélane, ainsi que les différents composants qui pourraient permettre une meilleure maîtrise d'une baguette ainsi composée. Je soupçonnais Ollivander de profiter de ma présence pour travailler sur des projets pour lesquels il n'avait jamais eu le temps de le faire. Il me lâcha assez tôt, ce soir-là, et j'eus l'idée de passer chercher Mary sur son lieu de travail, pour aller boire un verre. J'avais besoin de décompresser et de raconter tout de ma super journée. J'avais déjà rejoint Ethan au Ministère plusieurs fois, je savais donc que ça ne poserait pas de problème. Ethan finirait tard ce soir-là, il m'avait déjà prévenu ce matin-là. J'entrai donc par l'entrée des visiteurs, accrochai le badge à mon pull et me rendis dans l'ascenseur qui me mena directement au bureau des Aurors. Je me fis toute petite et surveillai l'heure : Mary finirait dans cinq minutes. Alors que je m'asseyais sur un banc non loin de là, je vis la porte de son bureau s'ouvrir.

- Je sais bien ce que tout le monde pense de tout cela. J'en suis le premier affligé. Mais j'ai bien peur qu'il n'y ait pas d'autre solution, chuchota une voix que je reconnus vite comme étant celle de Potter.

Curieuse, je tendis l'oreille.

- Sauf que vous savez à quel point tout cela serait dangereux. Même avec toutes ces protections. Elle...

Mary s'interrompit en me voyant là, et piqua un fard. Potter se retourna vers moi, avant de me regarder d'un air surpris. Avais-je interrompu une conversation importante ?



Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant