Chapitre 50 : La valise

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Le lendemain, le réveil fut difficile. Je me traînai presque jusqu'à la Grande Salle, en cherchant Viktor du regard, mais il n'était pas encore là. J'étais impatiente d'être en week-end pour pouvoir passer plus de temps avec lui... Je le croisai rapidement en sortant de la salle, mais j'étais déjà en retard à mon cours de sortilèges. Il m'effleura la main en passant, et je ressentis un frisson me parcourir. La matinée s'écoula lentement, mais je n'arrivais pas à rester concentrée très longtemps. Mes pensées ne cessaient de se tourner vers Viktor. Ainsi, il ressentait la même chose pour moi... Si nous n'avions pas eu cette conversation au mariage, aurait-il tenté quelque chose ?Je n'aurais pas osé le faire moi-même... L'après-midi, en cours de botanique, le Professeur Chourave me demanda si j'avais retrouvé mon carnet. Elle se sentait personnellement concernée par cette histoire, et me proposa de se renseigner de son côté si elle pouvait obtenir des informations.

Arrivés le soir, j'engloutis mon repas à une vitesse impressionnante, et me ruai à la bibliothèque. J'avais attendu ce moment toute la journée, mais ça ne m'empêchait pas de ressentir du stress. Et si il regrettait ce qui s'était passé ? Et si il se rendait compte qu'il s'était trompé sur ses sentiments à mon égard ? J'avais peut-être eu tord d'en parler si tôt à mes amies... Je m'installai à la table de la dernière fois, cachée au fond de la bibliothèque. Sans mon carnet,je n'avais plus vraiment envie de continuer mes recherches, mais comme l'avait dit Viktor, je le devais aux descendants de Poufsouffle. Même si je n'en avais désormais plus la preuve... J'étais plongée dans un énorme dictionnaire sur les familles célèbres lorsque je perçus un mouvement devant moi. Je relevai la tête pour découvrir que Viktor me regardait. Depuis combien de temps était-il là ? Il eu un mouvement de recul, surpris que je l'ai... Surpris. Puis il me lança son fameux sourire avant de s'installer à côté de moi. Il se plongea aussitôt dans un livre pris au hasard sur la pile, en me jetant des regards de temps à autres. Cette situation était un peu gênante, nous ne savions pas vraiment quoi nous dire. Au bout d'un certain temps, je l'entendis retenir une exclamation.

- Rrregarde, dit-il en effleurant ma main.

Je rapprochai ma chaise de lui et effleurai son épaule, ce qui sembla le troubler. Il détourna rapidement le regard pour me pointer du doigt un schéma assez compliqué.

- Cette famille fait parrtie des descendants des Poufsouffle. Alison Prentiss s'est mariée avec Alexander Smith... Il ont eu trrrrois enfants. On peut peut-êtrrre continuer à chercher à partir de ce nom de famille.

- Oui ! C'est génial. Merci pour ton aide. Vraiment.

Il me sourit, et vrilla son regard sur le mien. Il s'approcha de moi, et posa son front contre le mien. Je sentis les battements de mon cœur s'accélérer, mais il s'écarta soudainement. Quelqu'un se tenait devant nous, et se racla la gorge bruyamment.

- Je suis juste venu te dire que le prochain match aura lieu dans quelques semaines. On recommence l'entrainement dès demain soir, récita Ethan d'un ton froid et détaché, sans me regarder une seule fois.

Il partit ensuite sans me laisser le temps de répondre. Viktor se tourna vers moi, les sourcils froncés. 

- Serrrait-il jaloux ?

Je haussai les épaules.

- J'ai toujours été clair avec lui. Ce n'est pas de ma faute si il a été incapable de voir que c'est toi qui m'intéresse.

Je me sentis soudain rougir. Je venais de dire tout haut ce que je tentais de cacher depuis longtemps. Même si il l'avait compris maintenant. Il me prit la main d'un air complice mais ne releva pas. Ouf. Finalement, nos recherches ne progressèrent pas davantage l'heure qui suivit, nous décidâmes donc d'abandonner. Il me raccompagna jusqu'à mon dortoir, avant de me serrer dans ses bras. Je ne m'y attendais pas, et je compris qu'il essayait de me faire comprendre dans cette étreinte à quel point je comptais pour lui. Il déposa un baiser sur mon front et me souhaita une bonne nuit. Lorsque j'arrivai dans mon dortoir, j'étais dans un état second. Les filles ne posèrent pas de question, mais je vis bien leurs regards plein de sous-entendus.

Le lendemain matin, Ethan programma un entrainement de dernière minute. Au vu des résultats des derniers matches, nous avons une grande avance sur les autres maisons. Il nous suffisait de conserver une avance de cent points lors du prochain match pour que nous remportions directement la coupe. Ce qui n'était pas arrivé depuis plus de vingt ans.

Ethan parut légèrement moins froid avec moi. Il s'était peut-être enfin habitué à me voir avec Viktor. De toute façon, ce n'était pas comme si il avait le choix. L'entrainement se passa plutôt très bien. Tout le monde était d'une humeur joyeuse en retournant aux vestiaires. J'obtins même un sourire d'Ethan.

L'après-midi, nous avions le droit à une sortie à Pré-au-Lard. Les filles me proposèrent de la passer avec Viktor, ce que je ne refusai pas. Les premiers rayons de soleil du printemps avaient fait leur retour, et c'était très agréable de traverser les rues du petit village avec Viktor à mes côtés. Il me raconta des souvenirs de son enfance, pendant que je lui parlais de mon ancienne vie en France. Il était bien plus détendu que ces derniers temps, et j'étais ravie d'en apprendre plus sur lui. Il profitait de chaque moment pour me toucher le visage, en replaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille par exemple. Il m'embrassa plusieurs fois aussi. Et chaque fois, c'était aussi fort que la première fois. Ces sensations allaient-elles disparaître avec le temps ? J'espérais que non.

En rentrant le soir, j'étais d'une humeur légère. J'aurais aimé que cette journée ne se termine jamais. Viktor m'avait proposé de continuer nos recherches à la bibliothèque, et j'avais accepté, plus pour profiter de sa présence que pour autre chose. Je me rendis à mon dortoir afin de récupérer un vieux livre sur les arbres généalogiques que j'avais emprunté à la bibliothèque la veille. Les filles étaient entrain de manger, le dortoir était donc vide. Au moment de repartir, je me pris malencontreusement les pieds dans une anse de la valise de Susan, qui, je ne savais pour quelle raison, traînait au milieu du dortoir. Je la repoussai du pied, avant que mon regard ne soit attiré par un éclat jaune à l'intérieur. Le cœur battant, je poussai une couche de vêtements se trouvant sur le dessus, et le choc me coupa le souffle. Je me trouvai nez-à-nez avec mon carnet.

Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant