Chapitre 30 : Noël

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La neige s'était depuis longtemps engouffrée dans mes bottes, mais mes pieds étaient tellement gelés que je ne les sentais plus. Et je m'en fichais. Nous étions le vingt-quatre décembre, et je n'avais toujours pas eu le temps de m'occuper de mes achats de Noël. Il y avait au moins un point positif à ma solitude.

J'avais espéré que Krum m'aurait envoyé une lettre pour m'expliquer son départ. Mais j'avais eu beau scruter le ciel nuageux de la Grande Salle, aucune chouette blanche n'était venue se poser devant moi pendant le repas. Je me forçai à penser à autre chose chaque fois que je pensais à lui, mais ça devenait de plus en plus difficile. Heureusement, la colère m'aidait à tenir.

Après avoir fait le plein de friandises chez Zonko pour mes amies, je me rendis aux magasin des jumeaux Weasley, qui avaient désormais ouvert plusieurs boutiques dans le pays. Leur succès ne cessait de grandir, et je dois dire que j'aimais me tenir au courant de leurs nouveautés. J'y trouvai la plupart des cadeaux que je n'avais pas eu avant. Je retournai ensuite vers le château, où je m'amusai à composer des cartes musicales et à emballer mes cadeaux. Je remis ensuite plusieurs couches de vêtements avant de me rendre à la volière. Athéna était perchée assez haut, à côté d'un hibou grand duc. Dès qu'elle me vit, elle s'envola pour se poser directement sur mon épaule.

Après une séance de caresses, je lui confiai le colis que j'avais préparé pour mes parents. Elle s'envola aussitôt, après m'avoir mordu affectueusement le doigt. Je confiai mes trois autres colis – pour Célia, Mary et Susan- à trois hiboux de l'école.

Je sortis ensuite une lettre de ma poche. Elle était destinée à Danny. Je ne cessai d'y penser depuis plusieurs jours, même si je m'étais pourtant faite à l'idée que c'était du passé. Après avoir hésité plusieurs minutes, je finis par déchirer cette lettre en mille morceaux. Il était temps que je le raye de ma vie, définitivement. J'étais venue ici pour un nouveau départ, et je n'allais pas me dégonfler maintenant.

Je rentrai ensuite au château, où je pus enfin me réchauffer et changer de vêtements. Je n'aimais pas l'ambiance de mon dortoir vide. Les bavardages et les rires de mes amies me manquaient. L'espace d'un instant, j'eus envie d'écrire à l'une d'entre elles pour me faire inviter, mais c'était malpoli et je ne voulais pas leur faire pitié. J'avais deux semaines à passer seule, et j'allais survivre. J'avais connu pire.

Le soir du vingt-quatre, je décidai de ne pas me rendre à la soirée de Noël. J'avais fait l'effort de rester au festin jusqu'au bout, et ça m'avait coûté. Je n'avais pas le cœur à faire la fête, et je ne voulais pas passer la soirée à subir les regards de pitié des autres. Ethan avait essayé d'engager la conversation, mais avait renoncé face à mon mutisme. Je restai donc dans mon dortoir, me gavant de chocolats achetés chez Zonko, avec un bon roman de moldus comme je les aimais. Je finis par allumer mon poste de radio au volume maximum, et sautais sur mon lit comme une vraie gamine. Au bout d'une heure, je finis tout de même par me sentir bien seule. C'était le tout premier Noël que je passais seule, mais une chose était sure : c'était le dernier.

Après avoie éteint ma musique et remis des vêtements décents, j'eus soudain une idée. Je m'emparai de ma valise, la vidai et m'emparai d'une paire de chaussettes que je ne mettais plus depuis longtemps, ainsi qu'un vieux gilet en laine que ma mère m'avait tricoté, et que j'avais toujours détesté. Je m'emparai également de la boîte de chocolats que je destinais comme cadeau de Noël pour Krum, et sortis dans la salle commune. Cette dernière était pleine à craquer d'élèves qui fêtaient le réveillon. Je me faufilai parmi eux et sortis de la salle commune. Au bout du couloir, je m'arrêtai devant le tableau d'une coupe à fruits, et chatouillai la poire, qui se mit à rire avant d'ouvrir une porte. Je m'y engouffrai et fus aussitôt assaillie par un grand nombre d'elfes de maison, qui me proposèrent divers plats alléchants entre deux courbettes.

- Non, merci, c'est très gentil.

Après avoir fouillé du regard toute la cuisine, je finis enfin par trouver ce que je cherchais : un cache-théière, sur lequel était accroché une boule de noël rouge, dépassait de la foule amassée contre les plans de travail. Dobby, l'elfe de maison, vêtu d'un pull tricoté, de chaussettes pour enfants, et de chaussures de bowling, se retourna alors vers moi.

- Miss Everett ! Si longtemps ça faisait !

- Bonjour, Dobby !

Lors de ma cinquième année, une épidémie d'une maladie étrange -qui provenait en réalité de la nouvelle création des jumeaux Weasley- avait contraint les élèves à s'enfermer dans leurs dortoirs, l'infirmerie étant pleine d'élèves malades. C'est ainsi que j'avais fait la connaissance de Dobby, qui était entrain de ranger la salle commune. Il avait tout fait pour me mettre à l'aise, malgré mes protestations, et c'est ce jour-là que j'avais compris que les elfes de maison étaient des êtres qui méritaient bien mieux que leurs conditions de vie actuelles.

Après ça, j'avais fait en sorte de revenir souvent aux cuisines, et je m'étais surprise à aimer la compagnie des elfes. Je tendis mon vieux pull et mes chaussettes à Dobby :

- Voici ton cadeau de Noël. Un peu en avance.

Les yeux de l'elfe se remplirent de larmes, et il sembla à deux doigts de me sauter au cou. Une masse d'elfes se tenaient autour de nous. Je sortis alors ma boîte de chocolats, et leur tendit :

- J'ai aussi un petit cadeau pour vous.

Tous me firent une révérence, et la boîte circula parmi tout le monde. Nous discutâmes de leur travail, et de Poudlard et ses derniers potins, et je parvins à convaincre plusieurs d'entre eux de s'asseoir avec moi. Lorsque je les quittai, il était près de quatre heures du matin. Et je venais de passer l'un des meilleurs Noël de ma vie.

Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant