Chapitre 13 : Pratiquement parfaite

576 49 2
                                    

Nous étions fichus. Ça me paraissait clair, mais Ethan semblait ne pas le remarquer, ou en tout cas faisait très bien semblant. Les deux poursuiveurs étaient incapable de garder le Souaffle dans les mains plus de trente secondes, et les batteurs -des deuxième années- s'amusaient à se donner des coups pour se faire tomber de leurs balais. Ethan faisait preuve d'un optimisme incroyable, même si nous n'arriverons jamais à survivre à un match en entier. Excédée par le comportement des batteurs, je m'approchai d'eux, leur arrachai leur batte des mains et la balançai à l'autre bout du terrain. Surpris, il me regardèrent avec des yeux ronds.

- Le Capitaine vient de vous demander quelque chose. Si vous n'êtes pas capable de vous tenir correctement pendant trente secondes, on vous trouvera des remplaçants.

Il s'empressèrent de récupérer la batte, et se remirent en place, à mon grand étonnement. Le reste de l'équipe avait les yeux rivés sur nous. Mon coup d'éclat n'était pas passé inaperçu, et semblait avoir calmé tout le monde. Le reste de l'entrainement se passa beaucoup mieux. Nous étions loin de gagner la coupe, mais au moins, ils se tenaient correctement.

- Merci. J'ai bien cru que j'allais tout abandonner, me dit Ethan en rentrant aux vestiaires.

- Leur crier dessus ne sert à rien. Ils doivent comprendre que c'est toi qui commande, ou tu n'y arriveras jamais.

Il hocha la tête, découragé, avant de sortir du vestiaire. Je me demandais pour la vingtième fois pourquoi je m'étais embarquée là-dedans... Je remontais dans mon dortoir, épuisée. Il me restait une tonne de devoirs à faire pour le lendemain, et je décidai de sauter le repas et de me rendre à la bibliothèque. Je n'avais pas touché au carnet de ma grand-mère depuis la dernière fois, même si je ne cessai d'y penser. Je me demandais souvent si j'avais tiré une conclusion trop hâtive de mes dernières découvertes, même si tout semblait trop évident pour qu je le sois trompée.  Je m'installai à ma table habituelle et commençai mon devoir d'histoire de la magie. Je regrettai de plus en plus d'avoir continué cette matière. Le professeur Binns était toujours aussi ennuyeux, et j'étais obligée de compléter mes cours moi-même pour être certaine d'être au niveau des autres.

Lorsque je terminai mes devoirs, je peinais à garder les yeux ouverts. Je retournai à mon dortoir rapidement et m'endormis avant même d'avoir le temps de me changer. Le lendemain, le réveil fut difficile. Comme à leur habitude, les filles étaient bruyantes et j'eus envie de leur demander de se taire. Pour couronner le tout, je commençai par le cours de potion, et je n'étais pas vraiment d'humeur à supporter le silence et l'air grognon de Krum. Lorsque j'arrivai, il était déjà installé, et je dus bousculer plusieurs filles en pâmoison pour atteindre ma place. Elle me lancèrent un regard noir, et je fis comme si de rien n'était. Je sortis mon matériel et mon manuel de potion, sans prêter attention à mon mystérieux voisin. Par miracle, nous potion avait pris une légère teinte orangée, exactement comme il le fallait.

Nous nous mîmes au travail avant que le professeur n'arrive, tandis que Krum continuait à se murer dans le silence. Le professeur arriva enfin, et se contenta de faire le tour de la salle durant les deux heures que durèrent le cours. Nous ne nous décrochâmes pas un mot, sauf quand cela était nécessaire. Je dus reconnaître qu'il était agréable de travailler avec quelqu'un du même niveau que moi. Pour la fin de la préparation pour cette séance, nous devions mettre le liquide à bouillir pendant trente minutes, ce qui lui donnerait une couleur violette. Le silence s'installa entre nous, et je ne fis rien pour le rompre. Krum me scruta du regard, comme s'il cherchait quoi dire. Ce n'est qu'au bout de dix minutes qu'il se décida enfin :

- J'ignorrrais que aviez une équipe de Quidditch ici.

Il admettait donc qu'il m'avais espionné l'autre jour à la bibliothèque...

- Nous en avons quatre. Une pour chaque maison. Vous n'en avez pas à Durmstrang ?

- Non, répondit-il après une légère hésitation. Nous n'avions pas le terrrain pour. Tu joues à quel poste ?

- Attrapeuse.

Il haussa les sourcils avant d'esquisser un sourire. Il semblait plutôt gentil, en réalité. Moins désagréable que je ne le pensais. Le silence retomba, et je décidai de le rompre :

- Je t'ai vu, à la dernière Coupe du Monde de Quidditch. Tu étais vraiment impressionnant. La façon dont tu as réalisé la feinte de Wronski... Je me suis dit que j'essaierais de la faire aussi, mais je n'ai jamais osé.

- Ce n'est pas trrrès difficile. Il faut juste que tu arrrives à bien évaluer la distance entrrre le sol et toi.

- C'est surtout une question de réflexe.

Il haussa les épaules, comme s'il voulait balayer le fait que j'essayais de lui faire un compliment. Je m'apprêtai à le traiter de faux modeste, mais notre potion avait enfin pris sa teinte violette. Quelques minutes plus tard, Slughorn nous demanda de nous arrêter pour la fin du cours, afin d'évaluer la progression de notre préparation, qui sera le sujet d'une note à la fin de l'année.

- Par la barbe de Merlin ! Cette potion est déjà pratiquement parfaite !

Ravie, j'échangeai un sourire avec Krum.





Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant