Chapitre 44 : Le récit

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Tandis que j'étais entrain de faire ce constat, je me mis à penser à tout ce que ça impliquerait : garder mes distances jusqu'à être sure que ce n'était pas réciproque, faire en sorte de cacher ce que je pensais en sa présence -j'avais parfois l'impression qu'il lisait en moi comme dans un livre ouvert- et surtout, faire en sorte de me préserver. Je n'étais pas encore prête à souffrir encore une fois. C'était trop tôt. Parce qu'il m'avait clairement fait comprendre que ce n'était pas réciproque, non ? Et même si ça l'était, je n'étais pas sure d'être prête à prendre le risque. Quel bazar... L'espace d'un instant, totalement perdue dans mes pensées, j'avais presque oublié ce qu'il venait de me dire.

- Je ne vois pas en quoi ça me concerne.

Oulà. Je n'avais pas l'intention de le dire comme ça... Mais j'étais de nouveau nerveuse, et dans ce genre de cas, j'avais tendance à dire tout ce qui me passait par la tête.

- Je veux juste dire que... Je ne comprends pas. Je me doute que tu n'aurais pas tout quitté sans raison, mais quel genre de danger pourrait être assez important pour t'obliger à faire ça ?

Il prit une profonde inspiration et se redressa.

- Non, je ne veux pas que tu te sentes obligé de tout me dire. Tu ne me dois rien.

- Il a tué mon pèrrre. A cause de moi. Il... Comptait surrr moi pourrr le rejoindre. Mais je ne veux pas. Je ne suis pas comme lui.

Je sentis les larmes me piquer les yeux. Je ne l'avais jamais vu dans cet état.

- Viktor... De qui parles tu ?

Il se tourna vers moi, avec l'air de quelqu'un qui en avait trop dit. Mais il était trop tard pour reculer. Il regarda de chaque côté du couloir pour s'assurer que personne d'autre n'entendait.

- Karkaroff.

Je me demandai si j'avais bien compris. Mais Viktor avait prononcé ce nom sans accent, avec une haine apparente. Mais c'était totalement impossible...

- Mais... Il est mort.

- C'est ce qu'il a fait crrroire. Ce n'était pas difficile... Tout le monde avait les yeux braqués sur Voldemorrrt. Perrrsonne ne l'a vu amasser ses propres disciples... Il est rrresté dans l'ombre pendant longtemps, mais maintenant que Voldemorrrt n'existe plus, il va pouvoirrr faire régner la terreur. Il a rrenoncé à rejoindre Voldemort parrce qu'il pensait pouvoirrr prendre sa place. Ou en tout cas, devenir aussi puissant que lui. Il s'est tourrrné vers les Mangemorts rejetés pour crrréer son propre grrroupe. Bien surrr, perrrsonne ne s'en doutait...

- Mais pourquoi s'en prend-il à toi ?

- J'étais son prrrotégé. Il pensait que j'adhérais à ses idées. Quand il a comprrris que ce n'était pas le cas, il a cherrrché à me faire comprrrendre qu'il ne me laissait pas le choix en faisant tuer mon pèrrre. Il a attendu que j'ai quitté Durrmstrang pour essayer de m'approcher. Bien surrr,je m'étais douté que quelque chose clochait quand j'ai vu qu'il était encorrre en vie. Mais je l'ai écouté pendant longtemps avant de comprrendre qu'il essayait juste de me retourner le cerveau... Au début, il se montrrrait gentil, comme d'habitude, mais il a commencé à raconter des histoirrres bizarres sur des choses qu'il avait fait...

Sans m'en rendre compte, mes mains s'étaient mises à trembler. Son récit était tellement incroyable... Il aurait très bien pu me dire que Voldemort était de retour que ça m'aurait fait le même effet. Sauf que là, c'est lui était au milieu de tout ça. Je ne savais pas quoi dire, parce que je savais que rien ne pourrait le consoler. Tout ce que je pouvais faire, c'était écouter.

- J'ai essayé de leurrr faire comprendre... Au ministèrrre. Après la morrt de mon pèrre, j'ai réussi à les convaincre de placer ma mère en sécurité. Ils ne me crrroyaient pas, j'ai dû leur donner beaucoup d'argent pour qu'ils acceptent. Ma mère ne voulait pas que je rrreste en Bulgarie, mais je ne voulais pas parrrtir sans elle... J'ai ensuite pensé à Poudlard. Dumbledorrre avait toujours été gentil avec moi... Mcgonagall a accepté de m'aider en me prrrotégeant pendant un an, le temps que je terrrmine mes études. Ce qui me laissait le temps de trrrouver une solution. Et c'est juste avant mon déparrrt que ça a commencé. Des meurtres, des disparritions... Le ministère a tout fait pour le cacher à tout le monde. Juste avant les vacances, j'ai rrreçu une lettre du Ministèrre me disant qu'ils ne pouvaient plus s'occuper de ma mèrrre. Ils préféraient utiliser tous leurs agents à la traque de Karkaroff. Si ils m'avaient écouté avant... J'ai finalement réussi à convaincre ma mèrrre de me suivre jusqu'en Angleterre. Personne ne sait où elle se trrouve, ce qui la met en sécurrrité. J'ai aussi rreçu de l'aide de Harry Potter.

- Je n'arrive pas à y croire. C'est... Dingue. Mais que vas tu faire quand l'année sera écoulée ? Une fois dehors, McGonagall ne pourra plus te protéger.

- Je ne sais pas... Tout ce qui compte c'est que ma mèrrre soit en sécurrité. Pour le reste, je verrrai le moment venu. J'y ai réfléchi mais je n'ai pas trrrouvé de solution.

Voyant mon expression inquiète, il ajouta :

- Je suis entrrrain d'essayer d'obtenirrr la nationalité anglaise. Ainsi, peut-êtrrre que votre ministère sera moins corrompu et pourra m'aider.

Toutes ces révélations me donnaient le tournis. Je ne pus m'empêcher de me mettre à sa place : ne pas savoir à qui me fier, tout en sachant que je ne pourrais pas faire confiance aux personnes sensées me protéger. Il était indéniable qu'il avait un énorme courage. Je ne pense pas que j'aurais réussi à tout quitter comme il l'a fait. Ne sachant pas quoi faire, et sans vraiment réfléchir, je posai ma tête sur son épaule.

- Merci de me l'avoir dit. Et de me faire confiance.

Il ne répondit pas, et passa son bras autour de mes épaules. J'étais tellement bien, que l'espace d'un instant, je parvins presque à oublier tout ce qui venait de se passer. Je parvins à oublier à quel point j'avais mal au dos, appuyée ainsi contre le mur, et en sentant les battements de son cœur, je compris que j'étais à ma place. Malgré le danger qu'il courrait, j'étais prête à les affronter avec lui. Si il était d'accord, bien sur. Tant qu'il resterait ici, il serait en sécurité. Je compris que je m'étais endormie quand je fus réveillée en sursaut par des cris :

- Ma chérie, lève toi ! Ton père s'est réveillé !

Kayla Everett et le secret de PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant