Chapitre 1.3

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FAÏZ

Assis depuis un bon moment dans le séjour, à l'ombre des rayons de soleil qui envahissaient cet espace qui lui semblait si différent de ce qu'il avait connu il y avait de ça une éternité, Faïz essayait de freiner ses souvenirs qui s'entremêlaient à toute vitesse dans sa mémoire. La villa était vide et seul le silence tambourinait à ses oreilles. Il vida son verre d'alcool avant de se redresser tout en se frottant le crâne. Le jeune homme décida de se rendre à l'étage, poussé par l'envie d'y retrouver une sérénité perdue.

Posté devant la porte de l'ancienne chambre de sa sœur, il lui fallut plusieurs minutes pour arriver à franchir le seuil de celle-ci. En effet, toutes ses affaires avaient disparu, tout comme son ancienne vie à lui. À la place, des meubles d'enfants occupaient l'endroit. La couleur rose prédominait dans cette pièce. Faïz s'aventura d'un pas incertain, essayant de comprendre ce qu'il avait manqué durant toutes ces années. Sa main heurta alors un cadre, posé sur une étagère. Il le saisit et contempla cette petite fille, sur la photographie, aux yeux sombres et rieurs, qui faisait de la balançoire. La photo avait été prise dans un parc non loin d'ici. Il fixa les ailes couleur ivoire, accrochées à son dos. La lumière se reflétait sur celles-ci, les faisant briller d'un éclat presque irréel. Faïz plissa les yeux, comme pour mieux pénétrer le regard de la petite fille.

— Tu m'as tellement manqué.

La voix de sa mère le surprit. Il se retourna instinctivement en reposant le cadre sur l'étagère. Elle n'avait pas changé, remarqua ce dernier. Le temps n'avait eu aucun impact sur elle. Sa stature droite et son allure impeccable lui donnaient toujours un charisme naturel. Ses longs cheveux noirs retombaient sur ses épaules. Sa mère restait à l'entrée de la chambre avec un léger sourire sur un visage de porcelaine. Lily tendit la main à son fils qui la prit délicatement :

— Depuis quand es-tu là ? demanda-t-elle en serrant Faïz dans ses bras.

— À peine une heure, mais je ne reste pas. J'ai loué un appartement en ville, le temps de mon court séjour à L.A.

Conscient de la déception qu'il causait à sa mère, il essaya aussitôt de distiller un peu d'humour dans la conversation :

— L'adoption, ce ne serait pas un peu tard pour vous ? Vous auriez pu m'en parler lors de votre dernier week-end à New York, il y a six mois.

— Non... c'est... un peu plus compliqué que ça, répondit Lily d'une voix angoissée.

— Beaucoup de choses ont changé alors.

Le sourire de sa mère s'évanouit petit à petit.

— Le fait de te voir à L.A, ici, dans cette maison, ça me fait réaliser que peut-être nous aurions dû faire les choses autrement, ton père et moi.

Le jeune homme observait sa mère d'un regard un peu perdu et inquiet à la fois, ce qui parut la déstabiliser. Après un instant de silence, elle se ressaisit :

— Nous aurons tout le temps de parler durant ton séjour. Je pense que nous en avons tous besoin.

Le téléphone de Faïz sonna à ce moment, l'obligeant à mettre un terme à cette conversation.

— Oui, j'écoute... très bien. Oui, donnez-moi une adresse et prévenez-le que je vais arriver. Merci.

Après avoir raccroché précipitamment, Faïz passa devant sa mère et sortit de la chambre d'un pas pressé.

— Maman, je dois y aller. Nous reparlons de tout ça. Ce n'est pas urgent.

Lily regarda son fils disparaître dans le couloir. L'air sembla tout d'un coup lui manquer. L'angoisse lui serra la gorge et les regrets, qui étouffaient ce secret, s'immiscèrent dans sa chair. Pour la première fois, elle avait peur de son fils. Elle se demanda alors s'il l'aimait assez pour arriver un jour à lui pardonner lorsqu'il découvrirait toute la vérité.




Dark Faïz -T 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant