Chapitre 15.5

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Mes amies et moi parcourions le marché, à l'extérieur de la ville. Asarys avait le nez plongé dans son guide et était curieuse de connaître l'histoire de ce pays et de la ville de Carthagène.

— Écoutez ça ! nous interpella-t-elle en secouant sa main dans le vide, devant elle. La ville possède l'un des systèmes de fortification militaire les plus performants d'Amérique du Sud. La forteresse fut construite en mille cinq cent trente-trois. C'est fou.

— Pas étonnant que la sépulture du Maestro se trouve ici, rétorqua Lexy en haussant les épaules.

— Oh non, souffla Asarys avec une moue déconcertée.

— Que dit le livre ? demandai-je à mon amie.

— Carthagène fut aussi le plus grand port de la traite négrière d'Amérique latine.

— Bou, ça fait froid au dos, rétorqua Lexy en examinant une mangue sur l'étale d'un petit marchand.

— La ville a sa part sombre, rétorquai-je en enlevant le livre des mains de mon amie. Profite du moment présent et regarde un peu ce qui t'entoure. Ces couleurs uniques méritent d'être admirées.

— Oui, tu as raison.

Ses yeux noisette se réchauffèrent dès qu'elle posa son regard sur des tableaux mettant en scène des habitudes festives de la population locale.

— Moi, j'ai un scoop que m'a confié Jul, déclara Lexy en piquant un morceau de fruit dans son cornet.

Elle souriait d'un air espiègle. Je fronçai les sourcils en la mettant en garde d'un regard appuyé.

— Oui, oui, un véritable scoop ! insista celle-ci.

— Crache le morceau, ordonna Asarys en sentant la tension monter en moi.

Le fait que Jul communiquait des informations à mon amie sans même m'en parler avant me piqua au vif. Je ne pouvais cependant pas lui en vouloir, ils étaient plus ou moins en couple.

— Allez ! l'encourageai-je à mon tour en grognant. Je suis impatiente de savoir ce qu'il nous a dégoté.

Asarys et moi nous assîmes sur les escaliers d'une église tandis que Lexy préférait rester debout, en face de nous. Cette dernière prenait un malin plaisir à nous faire patienter. Je jetai un coup d'œil exaspéré à mon acolyte, assise à côté de moi.

— OK, commença Lexy sur un ton hésitant. Martinez quittera ses fonctions à la fin du mois. Barthey a proposé à David de prendre la relève. Je pense qu'il va accepter la proposition de Karl.

— Je suis contente pour David, déclara Asarys. Il fera un super agent. Ça fait tellement longtemps qu'il travaille avec les services de renseignements ainsi que les forces de police.

— C'est vrai, avouai-je à mon tour. Mais pourquoi Stephen quitterait ses fonctions ? À cause de ce que Pavel lui a fait subir ?

— Non, trancha Lexy avec une voix acide. C'est à cause de Faïz. Ton homme a mis la pression sur le gouvernement, une fois de plus. Les Léviathans ne coopèreront pas avec les autorités si Martinez prend la tête des opérations. Il le juge trop instable.

J'ouvris la bouche, puis la refermai aussitôt, choquée par ces révélations.

— Mattew a beaucoup plus de pouvoir que nous le pensions, dit Asarys à voix basse. Pauvre Martinez.

Mon amie avait raison : Faïz avait un effet bouleversant et ravageur sur la vie des gens qui croisait sa route. Un effet, qui pouvait s'avérer aussi bien négatif que positif et Stephen venait d'en faire les frais.

— D'ailleurs, où est toute l'équipe ? demanda Lexy

— Dans la mangrove, répliqua Asarys qui avait replongé le nez dans son bouquin. Elle repère les lieux pour demain.

— Tu as des nouvelles de Ray ?

Ma question était naturelle. Je n'avais pas vu mon amie une seule fois sur son téléphone aujourd'hui. Elle leva les yeux sur moi, contrariée.

— Juste de brefs messages. Il me dit de ne pas m'inquiéter, mais rien de plus. Je le trouve tellement... bizarre. Ce n'est pas dans son habitude de me laisser comme ça, sans le moindre appel.

La fêlure dans sa voix me bouleversa.

— Je suis sûre qu'il veut juste te protéger. Tout rentrera dans l'ordre dans quelques jours.

— Zoé a raison. Il doit être pas mal occupé en ce moment. Ray est dingue de toi. Il doit n'avoir qu'une hâte : celle de te retrouver. Tu pourras enfin lui offrir l'horrible cadeau que tu lui as acheté hier.

Ces paroles réconfortantes et ironiques parurent faire leur effet. Une lueur d'espoir traversa son regard. Asarys se redressa en ravalant sa morosité, regonflée à bloc.

— La veste que j'ai trouvée hier est un peu tape-à-l'œil, je l'avoue, mais c'est un souvenir d'ici. Zoé, tu la verras quand il la mettra. Je veux que Ray soit le premier à ouvrir son cadeau.

— Je doute qu'il la porte un jour, se moqua Lexy en finissant sa salade de fruits. Je ne sais vraiment pas ce qui t'a pris.

Asarys partit d'un long rire carillonnant et ajouta :

— Moi aussi. Bon, et maintenant ? Quel est le programme ?


Dark Faïz -T 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant