Chapitre 7.3

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Pendant que je me rhabillais et consultais en même temps mon portable, les filles étaient déjà sur mon dos.

— Tu avais dit qu'il était pour moi ! bougonna Lexy en me donnant un discret coup d'épaule.

— Tu as déjà assez à faire avec Jul, ce soir. Tâche d'être gentille avec lui et de le distraire comme il se doit !

— Va te faire foutre ! Tu vas voir comment je vais lui faire cracher les verres du nez à ce petit con prétentieux.

— Zoé, je peux te ramener, insista Asarys. Je ne veux pas que tu te sentes obligée de rentrer avec Martinez juste parce qu'il s'est pointé ici.

— Les filles, ça va aller. Appelez-moi dès que vous avez du nouveau sur l'affaire.

J'ôtai mes chaussures l'une après l'autre et observai un instant l'agent Martinez, planté au milieu du séjour, qui reluquait les tableaux de maître accrochés aux murs. C'était presque étrange de le voir ici, en dehors de l'exercice de ses fonctions. Je lui adressai un léger sourire quand son visage se tourna vers moi. Les cernes persistants sur son teint pâle indiquaient à quel point ses journées devaient être éprouvantes en ce moment. Ses yeux gris souriaient en même temps que sa bouche.

— Georgia dort déjà ?

— Non, ma fille aime dessiner avant de se coucher. C'est son petit rituel.

— Et Lily et Charles ne sont pas à la Villa ?

— Leur travail leur prend beaucoup de temps. Ils vont rentrer tard.

Stephen se frotta le menton et détourna son regard avant de revenir sur moi. Ses gestes ainsi que ses prunelles trahissaient ses émotions.

— Voulez-vous boire quelque chose ? demandai-je un peu mal à l'aise.

— Je prendrais bien un verre de scotch, merci.

Tout en m'exécutant, je décidai de lui poser quelques questions sur le déroulement des opérations à venir en espérant qu'il serait à même de me répondre.

— Pour tout vous dire, Stephen, je me sens un peu mise à l'écart sur cette mission que le gouvernement et vous, préparez contre le Maestro.

L'agent Martinez prit le verre que je lui tendis sans me regarder droit dans les yeux. Il parut soudain pris au dépourvu.

— Pour le moment, nous réfléchissons aux différentes stratégies pour attraper Pavel vivant. Vous savez bien que mort, il ne nous serait plus d'aucune utilité. C'est très délicat. S'il sent que l'étau se resserre autour de lui, il risquerait de mettre fin à ses jours et le Maestro nous échapperait une fois de plus.

Anxieuse, je passai une main dans mes cheveux.

— Pavel est prêt à se battre à la loyale, continua Stephen. Cependant, l'entité démoniaque qui l'habite décuple ses forces et le rend extrêmement puissant. William n'a pas réussi à le vaincre.

Martinez se pinça les lèvres et plongea brusquement ses yeux, teintés de tristesse et de culpabilité, dans les miens, avant d'essayer de se rattraper :

— Zoé, je suis désolé. Mes mots sont sortis trop vite. Je ne voulais pas...

— Ça va, le rassurai-je malgré la soudaine douleur qui s'était ravivée dans ma poitrine. C'est moi qui ai mis le sujet sur la table. Je dois surmonter ce traumatisme si je veux avancer.

Il hocha la tête avec un rictus forcé puis avala une gorgée de son scotch.

— C'est Faïz qui combattra Pavel, m'informa-t-il en posant son verre vide sur le plan de travail de la cuisine.

L'angoisse me gagna, elle m'étreignit et m'empêcha de réagir. J'avais déjà perdu trop de monde autour de moi. Un horrible pressentiment me submergea.

— Zoé, tu dois nous faire confiance, essaya de me rassurer Stephen. Je t'assure que le gouvernement ne laissera pas Faïz gérer ça tout seul. Nous faisons tout pour maintenir la situation sous contrôle.

Son visage s'ouvrit devant mon désarroi, révélant un homme d'une grande douceur qui possédait sans doute une âme d'une grande bonté. Il me prit alors dans ses bras. Ce geste réconfortant suffit à faire retomber ce trop-plein de contrôle et Dieu savait à quel point j'en avais besoin. Soudain, des applaudissements troublèrent ce moment d'apaisement.

— Alors Martinez, c'est donc à ça que sert la pause que je vous ai octroyée tout à l'heure ! Il n'y a rien de plus urgent à faire d'après vous ?

Stephen, à peine embarrassé, se redressa et souleva ses épaules.

— Monsieur Mattew, vous venez sûrement me faire part du compte rendu de la petite réunion dont vous m'avez évincé, ironisa le jeune homme, le sourire aux lèvres. Du coup, j'ai fait la mienne de mon côté avec Zoé.

— J'espère que sa compagnie vous a été agréable ?

Sa voix, d'une douceur trompeuse, m'obligea à intervenir avant que la situation ne dégénère.

— Stephen, merci de m'avoir...

— Stephen ? me coupa Faïz, cassant. Vous vous connaissez déjà assez pour vous appeler par vos petits noms ?


Dark Faïz -T 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant