Dark Faïz -T 3

Chapitre 13.7

Au bout de quelques secondes qui parurent être une éternité, le petit groupe vit une lumière éblouissante flotter au-dessus de leurs têtes avant que celle-ci ne descende en chandelle près d'eux. Elijah soupira :

— Condor, veux-tu bien arrêter ton spectacle ridicule !

Soudain, une silhouette mince se dessina avant d'être enfin visible aux yeux de tous. Un homme, à la chevelure argentée et aux traits angéliques, se présenta à eux avec un sourire des plus charismatiques. Cet être, à l'apparence irréelle et au charme bien personnel, était habillé d'une robe qui luisait comme une torche au milieu de la nuit.

— J'aime soigner mes entrées, déclara l'Anhel au regard perçant.

Les filles, à la fois interloquées et subjuguées par l'homme devant elles, n'arrivèrent pas à prononcer un seul mot.

— Qu'as-tu fait des spectres ? demanda Elijah en fronçant les sourcils.

Condor inclina la tête. Lexy plissa les yeux.

— Oh, j'aime quand il fait ça, murmura cette dernière à l'oreille d'Asarys qui lui répondit avec un léger coup de coude.

— Je les ai mangés, quelle question ! répondit Condor.

Lexy mima un haut de cœur de dégoût.

— Tu sais bien que notre peuple raffole de ces fringales.

— En effet, j'avais oublié ça, rétorqua son ami.

— Ne t'en fais pas. Tu te rattraperas bientôt. Notre peuple fêtera ton retour parmi nous avec ce festin.

Elijah porta une main derrière sa nuque avec un certain malaise avant de poursuivre.

— Nous avons besoin d'aide Condor. Les Anhels doivent venir se battre aux côtés des Sylphes.

L'ange aux traits trop parfaits souleva ses épaules. Sa joyeuse humeur avait disparu. Contrarié, il tordit sa bouche :

— Nous sommes bien supérieurs aux Sylphes. Nous ne nous mélangeons pas à cette espèce habitant sur Terre.

— Là n'est pas la question !

— Eli, nous ne pouvons en aucun cas interagir avec le libre arbitre. Nous chassons les spectres pour nous nourrir et veillons à l'équilibre entre ces deux mondes. Par contre, toi, tu es encore libre de faire ton choix. Tu as peu de temps pour intervenir, mais assez pour sauver tes deux amis qui sont encore à l'intérieur.

— Et comment ?!

Condor réfléchit un instant, puis porta son regard sur la demeure.

— Le mal n'a pas encore gagné cette guerre, bien au contraire. Aide-toi de l'énergie de toutes ces prières. Elles sont souvent négligées ici-bas et pourtant, elles sont capables d'accomplir bien des miracles.

Le jeune homme tourna son visage vers le ciel et ferma les yeux, comme pour se délecter de l'odeur d'un agréable parfum. Il y eut un bref silence avant que celui-ci ajoute :

— Allez, Eli. Concentre-toi. Laisse-les t'envahir.

Elijah ferma les yeux à son tour. Avec un grand effort, il vida son esprit et coupa sa respiration jusqu'à n'entendre que les vibrations de la terre. Petit à petit, des chants lointains lui parvinrent, des chants mélodieux oubliés. Une énergie s'immisça doucement dans ses veines. Elle le comblait, elle le réparait. Il rouvrit les yeux et contempla, subjugué, la Voie lactée en tenant toujours fermement la petite fille dans ses bras.

— Vous voyez ça ? murmura-t-il, dominé par l'émotion.

Lexy, Asarys et Masha levèrent les yeux, mais ne virent rien d'autre qu'un ciel orageux et inquiétant. Lexy ouvrit la bouche pour dire un mot, mais Asarys l'en empêcha. En effet, Elijah était bien trop concentré à observer les petites bulles dorées de lumière qui remontaient dans la nuit pour nuancer, d'une teinte rouge et orangée, le ciel au-dessus de lui.

— Je ne vois rien, et vous ? chuchota Masha en plissant les yeux pour essayer d'entrevoir quelque chose.

— Rien non plus, répondit Lexy qui tournait sur elle-même, le visage levé.

— Qu'y a-t-il ? demanda Asarys à Condor.

— Il entrevoit l'âme de l'humanité. Les prières de chaque personne sur Terre. Il n'y a pas plus beau spectacle pour un Anhel. Seuls les anges et les êtres célestes peuvent les voir.

— OK, mais peut-il se dépêcher un peu ? s'agaça Lexy qui continuait de chuchoter. Je ne pense pas que le Maestro, à l'intérieur, se fasse les ongles en attendant qu'Eli finisse son adoration mystique.

Le jeune homme ne put s'empêcher d'esquisser un petit sourire en coin que les filles trouvèrent à cet instant irrésistible.

— Condor ? appela Elijah qui avait détaché son regard de ce décor magnifique. Je suis prêt !

— Alors, va mon ami. Les prières sont avec toi. Je veillerai sur ta princesse et sur tes amies.

L'homme embrassa délicatement le front de Georgia avant de la remettre le plus doucement possible à Condor qui replia ses ailes sur elle afin de la protéger de la fraîcheur de l'air et du vent qui continuait de souffler. Elijah, lui, déploya ses élytres scintillants, pleins de grâces, et désormais plus puissants.