Chapitre 13.6

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FAÏZ

Le jeune homme respirait à grands coups pour faire taire la douleur qui le lançait dans son épaule. Il se releva de nouveau, mais cette fois-ci avec plus de difficultés. Zoé, allongée au coin de la pièce, reprenait doucement ses esprits. Une petite traînée de sang parcourait le côté de son visage sans discontinuer. Bien que le jeune homme fût dans un état lamentable, sa seule préoccupation était de la faire sortir d'ici, le plus vite possible. Tant pis s'il échouait à faire avaler le rubis au Maestro, il devait au moins sauver la femme qu'il aimait.

— Pars ! cria Faïz en alerte, les poings levés face à lui.

Ses yeux surveillaient chaque mouvement de Pavel qui se délectait de la scène.

— Non, je refuse de te laisser, répliqua la jeune femme en détachant chaque mot.

Devant la détermination inébranlable de celle-ci, Faïz serra la mâchoire. Ses yeux n'étaient plus que deux fentes. C'est alors que le rire diabolique du Maestro retentit.

— La dame veut voir plus de spectacles, il ne faudrait pas la décevoir.

Le monstre se jeta sur Faïz qui cogna le plus fort possible cet être quasi indestructible. Les yeux de Zoé s'écarquillèrent en voyant le cartilage des poings du jeune homme s'abîmer un peu plus jusqu'à s'ouvrir la chair complètement. L'adrénaline fusa alors dans ses veines et sans réfléchir, elle se jeta sur Pavel. L'homme l'attrapa à la gorge, lui coupant la respiration avant de l'envoyer rouler au sol. Sans perdre de temps, elle ramena ses genoux à sa poitrine et se releva en bondissant sur ses jambes. Le Maestro s'avança d'un pas décidé vers Faïz en poussant un rugissement de fureur. Affolée, Zoé regarda les deux hommes successivement en cherchant désespérément un moyen d'attirer l'attention de Pavel. Soudain, un souvenir lui revint tel un flash. Elle tira sur l'élastique de ses cheveux, libérant son épaisse chevelure bouclée puis arracha le petit bijou rouge qui était attaché dessus.

— Hé ! cria Zoé pour interpeller Pavel.

Elle brandit l'objet devant elle et ajouta :

— La pierre contre sa vie.

Un sourire jubilatoire déforma les lèvres du monstre. Hypotonisé par ce qu'il pensait être le rubis de Kushisake, le Maestro laissa Faïz, agonisant sur le sol.

Dehors, l'air frais picotait le visage d'Elijah. Quand ses pieds touchèrent le sol, Lexy, Asarys et Masha accoururent vers lui, les visages crispés par l'inquiétude.

— Comment va-t-elle ? s'empressa de demander Lexy en prenant Georgia des bras de l'Anhel.

— Elle respire, les rassura Elijah. MA princesse est une battante. Aussi courageuse que son oncle !

Blottie dans des bras qu'elle connaissait bien, la fillette ouvrit doucement les yeux, comme si elle se réveillait après un long sommeil. Elle regarda tout autour d'elle en se demandant ce qu'elle faisait là.

— Où est Mamoune ? demanda-t-elle d'une petite voix triste.

Les filles et Elijah se jetèrent des coups d'œil, mal à l'aise, face à cette question. L'Anhel s'approcha alors de Georgia et porta sa main à son front, puis, de son sourire le plus éblouissant, il dit :

— Te rappelles-tu des animaux au zoo ? Tu aimais contempler le lion qui s'amusait à essayer de te faire peur. Il y avait aussi cette panthère noire, au regard sombre. Elle te courait après pour que tu lui donnes quelques caresses afin de la rendre moins triste.

Elijah continua ainsi à conter l'histoire à la petite fille. Asarys observait attentivement la main posée contre le front de celle-ci et comprit soudain que l'homme utilisait son pouvoir pour transformer les souvenirs pénibles en de nouveaux souvenirs plus heureux.

— Puis nous avons volé tous les deux. Alors, tu te rappelles ?

Georgia écarquilla les yeux avec un joli petit sourire et hocha timidement la tête.

— Merci d'avoir bien pris soin de mes ailes, princesse.

La petite fille partit dans les bras de son oncle pour s'y blottir.

— Condor disait toujours qu'elles t'allaient parfaitement, confia-t-elle dans un murmure. C'est vrai, tu es très beau avec.

Ému, il la serra au creux de ses bras, remerciant le ciel qu'elle soit toujours en vie. Il souffla alors doucement sur son visage et les paupières de Georgia se refermèrent doucement pour plonger dans un sommeil fait, cette fois-ci, de doux et beaux rêves. Bien que ses facultés magiques soient encore maladroites, Elijah était étonné de la vitesse à laquelle il retrouvait ses pouvoirs.

— Que faisons-nous maintenant ? demanda Lexy, anxieuse.

— Maintenant que Georgia est retrouvée, nous devons absolument tirer Zoé et Faïz de cet enfer, répondit Asarys en jetant un regard à la maison en ruines, au loin.

— Nous ne pouvons pas abandonner Georgia, seule, ici.

— Elle n'est pas seule, répliqua Masha en désignant la voiture d'un signe de la tête. L'agent Martinez est à l'intérieur.

Lexy soupira et tourna la tête vers Masha en la jaugeant d'un drôle de regard.

— Mais tu es malade ou quoi ? s'emporta-t-elle.

— Lexy, arrête ! s'interposa Asarys.

— Mais elle sort d'où cette fille ? Personne ne le connaît ce mec. Nous n'allons quand même pas la lui laisser. Tu veux que Faïz nous tue quand il sortira d'ici ?

— Lexy ! grogna Asarys en l'attrapant par le coude pour l'obliger à se taire.

— Condor restera avec elle, intervint Elijah avant que Masha n'ait eu le temps de répliquer aux attaques de sa rivale.

Lexy leva les bras au ciel.

— De mieux en mieux ! s'exclama-t-elle. Un mec invisible, bah voyons. C'est quoi ton idée à toi, Asarys ? Trouver l'écureuil unijambiste du coin ?

Son amie siffla avec mépris avant d'ajouter :

— Ne commence pas, Lexy. Tu es...

— Stop ! cria Elijah. Vous êtes ingérables. Je vous ai supportées toutes ces années, mais là c'est fini. Nous n'avons pas le temps.

L'homme leva les yeux et se mit à appeler son ami de toutes ses forces.


Dark Faïz -T 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant