Dark Faïz -T 3

Chapitre 9.8

— Ça a été ta journée ? demandai-je à voix basse tout en ramenant les couvertures sur le visage de Georgia.

— Oui, oncle Eli a dit que l'école c'est fini et que la guerre des spectres contre les super héros est déclarée. Maman, la magie du monde ne va pas s'éteindre ? Les anges vont gagner.

Je lâchai un profond soupir et m'agenouillai près de son lit, en caressant son visage.

— Oncle Eli a une façon bien à lui de romancer les histoires.

Une triste lueur traversa son visage.

— Maman, le méchant c'est le dragon qui crache du feu. Je le vois toujours dans mes rêves. C'est de lui qu'il faut avoir peur.

Le Maestro était capable de bien des choses et l'image de cet animal lui allait à merveille. Les mots de Nostradamus, à propos du troisième antéchrist capable de cracher du feu, me revinrent alors en tête.

— Ne t'inquiète pas, tu es en sécurité ici, avec nous.

Je déposai délicatement un baiser sur sa joue.

— Tu l'aimes bien, Faïz. Moi aussi, déclara-t-elle. Il m'emmène au parc et nous mangeons des glaces. En plus, il me fait mes petits déjeuners sans jamais faire brûler mes toasts.

Elle marqua une pause et hésita à continuer puis elle reprit en murmurant :

— Tu souris un peu plus maintenant. Je ne t'entends plus pleurer la nuit.

Je sentis l'émotion me submerger. C'était tout ce dont ma fille avait besoin : une maman qui sourit. Elle avait été si patiente. Je m'en voulais tellement d'avoir démissionné de mon rôle de mère tant de fois. Pourtant, c'était si facile de la rendre heureuse. Je la pris dans mes bras et m'excusai encore une fois en resserrant mon étreinte.

— Oui, c'est vrai. Je l'aime bien, chuchotai-je toujours collée contre elle.

Après lui avoir souhaité une bonne nuit et avant de franchir le bas de sa porte, je me retournai une dernière fois vers elle.

— C'est gentil de ta part d'avoir laissé Oncle Eli parler de Condor sans le contredire, ce soir. Tu es vraiment gentille avec lui. Condor lit beaucoup mieux les histoires, mais il ne faut pas le dire.

Mon sang se glaça et mon sourire se fana doucement. J'éteignis la lumière de la chambre, troublée par ses dernières paroles. Avait-elle voulu plaisanter ? Ou bien, souffrait-elle, elle aussi, d'hallucinations ? Ma fille avait toujours eu beaucoup d'imagination. Elle n'avait que cinq ans, il n'y avait pas de quoi s'alarmer non plus. Je me décidai à rejoindre Faïz qui m'attendait en bas, et priai pour que Georgia ne rêve pas cette nuit du Maestro ou de Pavel, cet homme qu'elle voyait comme un dragon, tout comme Nostradamus.