Nous arrivâmes au QG de sécurité du FBI. Pendant que je prenais place autour de la table, je remarquai de nouvelles têtes en uniforme qui s'entretenaient avec Barthey. Il y avait aussi une dizaine de Léviathans que je reconnaissais sans difficulté avec leur allure robuste et athlétique, adoptant un style qui ne ressemblait en rien aux officiers ou agents présents ici. Masha, debout dans un coin de la pièce et le regard dans le vide, semblait soucieuse. Mes yeux se posèrent ensuite sur l'écran accroché au mur. Julio était déjà installé, prêt à commencer la visioconférence avec nous. Quand nos regards se croisèrent, il se força à m'adresser un léger sourire. Un pli concentré marquait son front. Je compris tout de suite que les nouvelles n'étaient pas bonnes et je n'étais pas la seule.
— Je ne le sens pas, déclara Asarys.
Elle posa ses yeux sur le haut de ma tête.
— Tu as encore un élastique de ta fille dans les cheveux toi, reprit-elle pas vraiment étonnée.
— Je ne sais jamais où passent les miens, répondis-je sans la regarder.
Mes yeux divaguaient un peu partout dans la salle, cherchant désespérément des réponses sur les visages de ces agents en costume noir.
— J'ai peur de ce que Barthey va nous annoncer, ajouta Lexy, assise à côté de moi. Où est Ray ?
— Il arrive... normalement, répondit notre amie peu confiante. Il devait s'entretenir avec Faïz ce matin.
En entendant son nom, ma tête pivota aussitôt vers mon amie.
— Il ne m'a rien dit quand il est parti de chez moi tout à l'heure, lui confiai-je inquiète. J'espère que leur entrevue s'est bien passée.
— Nous n'allons pas tarder à le savoir, déclara Lexy en regardant en direction de l'entrée.
Quand je suivis son regard, je vis Faïz rentrer dans la pièce et se diriger aussitôt vers Barthey. Un homme vint à sa rencontre pour lui adresser quelques mots, mais il ne prêta pas attention à celui-ci. Il continuait de confier à Karl quelque chose de visiblement important. L'inspecteur secoua la tête en levant ses bras devant lui. La situation paraissait lui échapper. Soudain, ce dernier trouva mon regard. Il m'observa d'une manière insistante, mais sans le moindre sourire.
— Bon, prêtes à entendre le pire ? demanda Lexy en gardant son calme et son assurance.
Ray, suivi de David, rentra à son tour dans les lieux. Un soupir de soulagement s'échappa de mon amie. Les deux compères partirent directement s'installer à l'autre bout de la table sans faire attention à Faïz. Ray jeta un regard en biais en direction d'Asarys avant de détourner les yeux sur l'écran qui nous renvoyait toujours l'image de Julio.
— Qu'est-ce qu'ils ont tous aujourd'hui ? murmura Asarys, exaspérée.
Après quelques minutes interminables, presque tout le monde fut assis. D'autres, comme Faïz, restèrent debout par manque de place. Sa présence, juste derrière moi, me rassurait un peu.
— Bon sang ! Mais où est Martinez ? s'écria Barthey en s'adressant aux agents. Ça fait deux jours que nous le cherchons !
Personne ne répondit. Certains levèrent les épaules pour indiquer qu'ils n'avaient pas la réponse.
— Toujours sur le terrain, grommela l'inspecteur. Il ne se rend pas compte du danger.
Il se tourna ensuite vers l'écran et commença à interroger Julio :
— Nous t'écoutons. Quelles sont les dernières nouvelles ?
— Les cargos, chargés de bombes, arriveront dans quelques heures à leur destination. Les autres Sylphes et moi avons essayé de ralentir leur progression en agissant sur le courant de l'eau, mais nous n'avons gagné qu'un jour ou deux.
— C'est déjà ça.
Barthey se tourna vers nous et, de sa main, nous présenta le reste du monde présent dans la pièce :
— Mickaël , directeur adjoint de la CIA, et ses agents, est avec nous pour nous partager les derniers renseignements et les opérations qui seront effectuées hors du sol américain dans les prochains jours.
Un homme au visage fin et au front plissé par la concentration se leva de sa chaise. Son crâne, complètement chauve, luisait à la lumière de la pièce. Sa veste, décorée de multiples médailles, laissait deviner la réussite de ses nombreuses missions. Il n'était guère charpenté, plutôt mince avec un physique peu engageant.
— Après de nombreux calculs, les agents de renseignements ont réussi à trouver les trajectoires des villes visées par les attaques nucléaires : Washington, Londres, Paris et Hong Kong.
Paris ? Mon Dieu ! Mon père doit forcément être au courant de la menace à venir. Et s'il était amené à... ? Non.
Tout à coup, je sentis une main se poser sur mon épaule. Ce contact me reconnecta aussitôt à l'instant présent. En tournant légèrement ma tête, je vis Faïz préoccupé par mon état. Il avait sûrement deviné la cause de ma soudaine inquiétude. Il plongea ses yeux dans les miens, et sans qu'il prononce un seul mot, j'entendis sa promesse silencieuse. Avec un léger hochement de tête, je lui fis comprendre que ça allait aller. Mon subconscient se concentra de nouveau sur les paroles du directeur adjoint de la CIA.
— Si nous échouons dans notre mission, Pavel fera couler l'économie mondiale et prendra le contrôle des armes atomiques du pays, mais aussi celles des autres. De plus, nous pouvons affirmer aujourd'hui qu'il a développé un virus redoutable qu'il compte répandre partout sur la planète. Los Angeles serait donc le premier foyer épidémique de cette terrible pandémie.
— Quel est le plan ? l'interrompit un des Léviathans à la barbe rousse et tressée.
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Dark Faïz -T 3
ParanormalLes cinq dernières années n'ont pas épargné Zoé. Noyée dans un profond vague à l'âme duquel elle éprouve des difficultés à sortir, le retour de Faïz dans sa vie n'arrange pas les choses. L'amertume et la rancœur vis-à-vis de cet homme qui l'a trahie...