Chapitre 8.2

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Il n'y avait plus un bruit dans la villa. Tout le monde dormait. Faïz n'était pas rentré et quelque chose me disait que la nuit serait longue pour lui et pour tous les autres présents au manoir de la Septième Terre. Je fixai l'obscur horizon à travers les fenêtres de ma chambre et éprouvai un sentiment d'infini en regardant l'océan de nuages, éclairé d'une lumière étrange, due à la couleur sombre du Dôme. Pourquoi n'arrivai-je pas à avancer dans ma vie ? Le passé me tourmentait toujours autant et les remords me poursuivaient. Contrairement à Faïz, je n'avais pas de sang sur les mains. Pourtant, j'étais hantée par tous ces visages qui se mélangeaient et me torturaient l'esprit. Mon âme serait-elle un jour en paix ? Je soupirai profondément avant de m'arracher à la contemplation de cet océan, à ce spectacle silencieux qui me renvoyait à mes propres angoisses.

Allongée dans mon lit, ma dernière pensée fut pour Elijah. J'espérai secrètement qu'il était en ce moment chez moi, en sécurité. Mes paupières se fermèrent et je plongeai, pour la première fois depuis la mort de William, dans un profond sommeil.

De légers effleurements sur le visage m'obligèrent à ouvrir les yeux. Des plumes, aux teintes blanches et grises, brillaient un peu partout autour de moi. Elles paraissaient caresser l'air tout en tournoyant lentement avant de venir se poser délicatement au sol. Où étais-je ? Les murs de couleur bleu céleste et le sol ne m'étaient pas familiers. La pièce était dans l'esprit de l'architecture des châteaux à la Française. Le cadre raffiné, chic et authentique rappelait les décors du XVIIIe siècle. Les meubles existants avaient été remplacés par des meubles anciens tels que des bergères, des banquettes et un bureau en marqueterie.

Je mis un pied à terre en me débarrassant de ma lourde couverture fabriquée en velours et en soie, incrustée de motifs animaux. Les plumes me chatouillaient la plante des pieds. Mes yeux se mirent à chercher un polochon ou un coussin éventré pour arrêter cette avalanche soudaine, mais rien ne semblait expliquer ce phénomène. Sur mes gardes, les sens en alerte, je m'approchai doucement de la petite fenêtre qui donnait sur un jardin verdoyant, entouré de pierres. Dans celui-ci, quelques chèvres ainsi que des moutons cohabitaient dans la plus grande sérénité.

— La sens-tu ?

Je reconnus aussitôt cette voix grave et douce derrière moi. Ce timbre frais et pénétrant me figea sur place. Je n'osai pas me retourner et me mis à respirer à grands coups pour essayer de me reprendre.

— William ? murmurai-je la voix tremblante d'émotions.

Sa main vint caresser mon cou pour ramener mes cheveux sur le côté.

— Alors, cette paix ? La ressens-tu mieux ici ?

Je secouai la tête avant de répondre :

— Non, je la ressens auprès de toi.

Le cœur battant, je tournai les talons pour enfin lui faire face. Son visage radieux, à la lueur de la lumière de l'aube, me laissa sans voix. Mes genoux cédèrent, mais les bras de William me rattrapèrent immédiatement. Son large sourire s'évanouit tandis que ses yeux bleu acier se solidifiaient.

— Zoé, ça va ? Reste avec moi.

L'esprit embrumé, je tentai de rassembler mes idées.

— Tu es là, tout près de moi. Ça veut dire que je rêve de nouveau et que mon don est revenu.

Mes mains touchèrent chaque millimètre de son visage avant de venir s'enfoncer dans ses cheveux. Je me collai à lui, en le serrant dans mes bras le plus fort possible, la tête enfouie dans son cou. Je sentais cette force qui irradiait de lui, la même que lorsqu'il était vivant. À cet instant, j'étais remplie d'un bien-être presque céleste même si, au fond de moi, je savais que le temps de ces retrouvailles était compté.

— J'aurais voulu te dire au revoir plus tôt afin que tu trouves l'apaisement que tu méritais, mais...

— Je sais, le coupai-je tout en reculant mon visage pour de nouveau le contempler. J'ai passé beaucoup de temps dans le noir, à ressasser mes anciens souvenirs, empêchant ton âme de se débarrasser de ses écorces pour mieux s'élever.

— C'était mon devoir de veiller sur vous deux. Georgia ace don formidable de communiquer avec les défunts qui ne sont pas encore passésde l'autre côté. Le savais-tu ?

Dark Faïz -T 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant