Dark Faïz -T 3

Chapitre 4.2

C'est avec difficultés que je réussis à porter Lexy jusqu'au milieu du salon.

— Bon sang ! Tu ne me simplifies pas la tâche, grognai-je en la renversant sur le canapé.

Je me dirigeai vers la cuisine pour lui remplir un verre en espérant qu'une gorgée d'eau fraiche lui ferait le plus grand bien. Quand je revins vers elle, celle-ci titubait en direction de ma chambre.

— Tu fous quoi ? chuchotai-je en la rattrapant.

Cette dernière se retourna dans l'encart de la porte en me bloquant le passage avec son bras.

— Je... je... vais me... oucher, dit-elle, la voix pâteuse, le regard hagard.

— Ta chambre est en haut, tu sais bien. Allez, oust !

Lexy agita son doigt pour contester mes dires :

— Pas dans ce cachot ! Cette chammmmmbre est TROP moche. De toute façon, tu ne l'utilises même pas, ton lit.

Mon amie leva les bras en l'air pour s'étirer et se mit à bâiller à s'en décrocher la mâchoire.

— Tu ne l'utilises pas, continua-t-elle. Tu préfères dormir dans ce foutu canapé comme une dépressive.

J'ouvris la bouche, choquée par ses paroles, mais avant que je ne puisse réagir, elle m'avait claqué la porte au nez. J'attrapai mes cheveux avec mes deux mains en tirant sur la racine, folle de rage. Lexy avait le don de réussir à me mettre hors de moi en restant elle-même.

— Je te l'ai dit, elle est complètement aliénée.

La voix d'Elijah me fit sursauter, je me retournai aussitôt. Ce dernier se servait une tasse de café dans la cuisine, assis autour du plan de travail. Bizarrement, je ne l'avais pas entendu arriver dans le séjour.

— Tu ne dors pas ? demandai-je intriguée en jetant un coup d'œil sur l'horloge. Nous sommes au beau milieu de la nuit.

— Non, c'est trop calme ici. Le silence m'angoisse, répondit-il, la mine grave.

Après l'avoir rejoint, je posai ma tête sur son épaule.

— Merci d'être toujours là pour moi, murmurai-je, épuisée. Ma journée a été... forte en émotions.

Je m'écartai de mon ami et m'installai en face de lui en attrapant la tasse qu'il m'avait servie.

— Ça a été avec Georgia ?

Le visage d'Elijah se mit à rayonner. Le simple fait d'entendre le prénom de ma fille suffisait à tout lui rendre.

— Nous avons appris une nouvelle chanson et nous avons dansé le Rock'n'roll.

Tandis qu'il me racontait sa soirée, j'observai chaque trait de son visage. Je m'imprégnai de son sourire et essayai de traverser son regard noisette. Cet homme était bon. Sa seule présence, son seul contact, suffisait à me mettre du baume sur le cœur. Il avait été très présent lorsque j'avais appris ma grossesse seulement quelques mois après le départ de Faïz. À la naissance de Georgia, Elijah était venu nous voir chaque jour, William et moi. C'était sur lui que j'avais écrit mon premier article quand j'avais intégré l'équipe au Los Angeles Times. Le petit reportage réalisé à cette époque avait valu à ce dernier de devenir une petite célébrité dans le quartier. Chose, bien sûr, qui ne lui avait guère plu.

— Et ta journée ? Comment s'est-elle passée ?

Sa question me déstabilisa. Il me fallut quelques secondes pour revenir à l'instant présent.

— Comment ça ?

— Ton entrevue avec le méchant Monsieur ?

Un profond soupir s'échappa de moi. Je détournai mes yeux sur ma tasse, posée devant moi.

— Nous ne nous sommes pas écartés du sujet principal, mentis-je. Nous avons changé tous les deux et avons pris des routes différentes.

Mon ami émit un petit grognement. Ses prunelles fauves désapprouvaient complètement ma visite chez ce dernier. De toutes les personnes que je connaissais, Elijah était certainement celui qui haïssait le plus Faïz et ce, sans même le connaître.

— J'ai récupéré le dossier d'enquête de William, ajoutai-je, c'est tout ce qui compte.

Je me levai pour aller chercher, dans mon sac, le support avec toutes les notes puis revins à ma place. Elijah leva les yeux au ciel :

— Vous allez finir par me faire vraiment peur avec vos histoires !

— Peut-être finiras-tu par y croire ? déclarai-je avec un demi-sourire, le nez déjà plongé dans le rapport.