Dark Faïz -T 3

Chapitre 9.5

Dehors, les nuages s'étaient rassemblés, faisant tomber la nuit plus vite. Lexy étreignit Asarys pour lui dire au revoir en lui rappelant de ne pas s'inquiéter, puis elle s'avança vers moi. Je refermai avec ma main, ma veste au niveau du col. La force du vent allait croissant et me frigorifiait littéralement.

— Tu es sûre de ne pas vouloir rester dormir à la maison ce soir ? lui demandai-je une dernière fois. Ça fait tellement longtemps que nous ne nous sommes pas retrouvées toutes les deux.

— J'aurais adoré, me confia Lexy avec une petite grimace. C'est la première fois que tu retournes chez toi depuis ton séjour à l'hôpital. Je ne vais quand même pas te laisser dormir sur le canapé.

Du sourire, je passai au rire. J'ouvris alors mes bras pour accueillir mon amie.

— J'avais oublié que tu avais réquisitionné ma chambre !

— Et pour être franche avec toi, je dois t'avouer que je revois Jul ce soir.

En voyant l'expression de mon visage, elle se rassura immédiatement :

— Oh non... ne t'inquiète pas. Je ne dirai rien de plus. Ce n'est pas un rendez-vous d'affaires cette fois-ci. C'est un vrai rencart.

— Tu as intérêt à tenir ta langue, la menaça Asarys. Nous aurons besoin de lui pour médiatiser certaines de nos affaires en cas de propagation du virus. Il faut absolument qu'il soit de notre côté.

Lexy leva les yeux au ciel et se sauva au pas de course pour rejoindre sa voiture avant que l'orage n'éclate sur la ville. Asarys se rapprocha de moi et me montra d'un signe de tête, Faïz et Masha qui s'entretenaient tous les deux, un peu plus loin.

— Ça va aller ?

Un petit pincement de jalousie s'écrasa sur ma poitrine.

— Oui, répondis-je un peu trop vite. Je ne sais pas lequel des deux virus est le plus dangereux. Le Dn-vara18 ou bien elle.

En dépit de mes efforts pour tourner ma remarque sur le ton de la plaisanterie, mon amie ne fut pas dupe.

— Faïz n'a pas d'autre choix que de lui faire confiance. Elle peut...

— Je sais, la coupai-je. Elle est la fille de Pavel.

En prononçant son nom, l'image de ce monstre se dessina nettement dans mon esprit. Je revoyais son corps tatoué de partout. Son visage telle une tête de mort. Cette vision était en partie accentuée par ses implants situés sous la peau ainsi que par la mutilation de ses oreilles et de son nez. La voix lointaine d'Asarys me ramena à l'instant présent :

— Toi aussi d'ailleurs, tu devrais rentrer. Je te dépose chez toi.

— Merci, mais je me charge de ramener Zoé chez elle, déclara Faïz qui venait d'arriver derrière moi.

Mon acolyte écarquilla les yeux, surprise autant que moi par l'intervention soudaine de celui-ci.

— Zoé ?

Mon amie avait planté son regard dans le mien et attendait une réponse de ma part.

— Faïz va me raccompagner. Rentre vite. Ray doit déjà t'attendre, il se fait tard.

— Très bien. Embrasse Georgia pour moi. On mange ensemble demain midi, OK ?

Je hochai la tête et plaquai un sourire rassurant sur mon visage. Un violent coup de tonnerre retentit à ce moment-là. Un déluge s'abattit sans crier gare sur toute la ville.