Chapitre 14.3

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Je m'écartai en croisant les bras. Ma bouche s'ouvrit pour protester, mais rien n'en sortit. Faïz commença à marcher autour de moi tel un lion autour de sa proie. Ses yeux, eux, me firent mille reproches.

— Écoute, je ne suis pas venue ici pour que nous nous disputions et encore moins au sujet de Stephen.

— Martinez ! me reprit-il d'une voix trop basse qui sonnait comme une menace. Arrête de l'appeler comme ça.

Le bas de mon dos était maintenant appuyé contre la table. Faïz, en face de moi, posa ses mains de chaque côté de mon corps de façon à m'emprisonner avec ses bras comme un étau. Cette proximité entre nous réveilla des souvenirs. Des moments de complicités charnelles dans la pénombre et l'intimité de notre dernière nuit ensemble, juste avant les terribles évènements. Les traits plissés sur son front faisaient écho à une certaine colère, même si je percevais dans son regard une tout autre émotion.

— Je suis allée voir l'agent Martinez pour m'assurer de son bon rétablissement. Les filles et David étaient avec moi.

Mes yeux balayèrent la pièce.

— Tu cherches à t'échapper ? demanda Faïz avec un petit rictus narquois aux coins de la bouche.

— Si c'était ce que je voulais, ce serait déjà fait depuis longtemps, répondis-je sûre de moi, en le narguant avec un haussement de sourcils.

Ce dernier me défia du regard avec un sourire singulier. Je me retournai avec vivacité et m'échappai de son emprise en montant sur la table pour la parcourir à quatre pattes. Soudain, je sentis la nappe se dérober en dessous de mes mains. Je tournai la tête et vis Faïz qui tenait un morceau du tissu entre ses doigts. Une hilarité triomphante lui coupait le visage. Je me mis à accélérer, mais c'était trop tard. D'un coup sec, il tira la nappe vers lui, renversant les verres de vin rouge par terre. J'eus juste le temps de me retourner avant de m'écraser sur son torse, face à lui. Heureusement, il atténua le choc en me réceptionnant le plus doucement possible. Ses bras m'enlacèrent doucement, mais fermement.

— Excuse-moi, tu disais ? me souffla-t-il dans l'oreille.

Je tressaillis. Faïz libéra alors un de ses bras pour faire venir courir sa main contre mon mollet, puis sur ma cuisse, en s'arrêtant aux plis de ma jupe. Il recula son visage du mien pour m'observer. Je me perdis alors dans ses prunelles remplies de désir. Ses yeux se déplacèrent sur le côté de ma tête pour trouver la lourde blessure qui se voyait encore. Son visage se durcit subitement, comme figé dans le marbre. Non, non, non, je ne voulais pas le perdre maintenant. Je ne voulais pas que les ténèbres me volent ce moment. Mon cœur s'affola.

— Reviens, murmurai-je avec une supplique dans la voix.

Mes mains passèrent dans ses cheveux et il me serra à cet instant encore plus fort contre lui. Je redressai ma tête pour l'embrasser. Des frissons de plaisir parcoururent à ce moment tout mon corps. Il répondit à mon baiser en enroulant sa langue autour de la mienne puis ses lèvres se détachèrent pour venir parsemer mon cou de baisers passionnés. Je me demandai s'il sentait battre mon cœur à travers mes vêtements.

— Ta peau est si douce, chuchota-t-il.

Nos souffles se mélangèrent. Il revint ensuite embrasser mes lèvres en aspirant mes soupirs tandis que ses mains se glissaient sous mon débardeur. Le fond de musique qui flottait dans la pièce m'entraîna avec lui jusqu'à me perdre dans l'étreinte charnelle de celui que j'aimais.

Jul et moi patientions calmement en ce début de matinée dans les couloirs du bâtiment sécurisé de la maison mère de la CIA, non loin du quartier d'affaires de la ville. Mon collègue révisait ses fiches de questions et en profitait pour en corriger certaines au passage.

— Je peux t'aider ? demandai-je sans grand espoir.

— Sûrement pas ! rétorqua mon ami tout en gribouillant quelque chose sur son carnet.

Je soupirai, agacée par son comportement envers moi.

— Écoute, de l'autre côté de cette porte, ce ne sont pas des gentils ! Si tes questions ou tes affirmations ne sont pas pertinentes, tu vas te faire bouffer.

— Tu es mouillée jusqu'au cou dans cette histoire, Zoé. Je ne te fais plus confiance. D'ailleurs, pourquoi continues-tu de travailler au journal ? Ta relation avec ce mec-là, Black Shadow ou Faïz, ne te permet-elle pas de glisser sur l'or sans que tu aies à fournir le moindre effort ?

— Rouler sur l'or, Jul. Merde, j'en ai marre de te reprendre à chaque fois ! Et non, je ne m'arrêterai pas de travailler, car j'aime mon boulot, et en plus de ça, je le fais bien.

— Mouais, répondit mon collègue en continuant de griffonner sur son carnet. Le travail de journaliste est d'informer le monde, et non de dissimuler des informations importantes.

Je levai les bras au ciel en protestant :

— Je n'ai rien à cacher, au contraire ! J'ai voulu protéger tous ces gens. À ton avis, que se serait-il passé si nous avions révélé toute cette affaire au grand jour ? Comment aurait réagi la population ? Si Lexy ne t'avait pas...

— Ne parle pas de Lexy ! Contrairement à toi, cette femme est droite et sincère.

— Non, mais je rêve ! m'exclamai-je. Nous parlons de Lexy là, la fille la plus déjantée de L.A, et même de tout l'état de Californie !

Le bruit de la porte qui s'ouvrit en face de nous interrompit notre dispute. Jul se redressa et m'emboîta le pas en me lançant un regard noir.

— Et dire que dans quelques minutes, je vais devoir te sauver les fesses une fois de plus, bougonnai-je en faisant allusion à Faïz.


Dark Faïz -T 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant