Chapitre 13.1-RAY

1.5K 140 1
                                    

Ray franchit le premier la porte de la villa, accompagné de David. À l'intérieur de l'habitation, il faisait noir. Les interrupteurs ne fonctionnaient plus. Des morceaux de verre jonchaient le sol ainsi qu'un tas d'autres affaires.

— Que s'est-il donc passé ici ? murmura David, épouvanté.

Sa bouche se contracta en une grimace d'horreur.

— Fais attention à où tu mets les pieds. On ne sait jamais.

Ray, lampe torche à la main, sortit son arme et la pointa devant lui en se dirigeant vers le salon. Il n'entendait plus rien. La peur de retrouver Charles et Lily blessés ou morts l'empêchait de respirer. La bile dans sa bouche avait mauvais goût et descendait, acide, jusqu'au fond de sa gorge. David, lui, n'était pas plus rassuré. Il tenait fermement son semi-automatique et scrutait, alarmé, les meubles renversés dans le séjour, la vaisselle éparpillée partout sur le sol, et la baie vitrée explosée. Il n'y avait aucun doute : un affrontement terrible s'était déroulé entre ces murs. Des traces de sang à certains endroits de la pièce en étaient la preuve. Ray eut soudain un mauvais pressentiment en ce qui concernait Georgia. La seule pensée qu'elle puisse, elle aussi, être en danger, rompit la paralysie qui s'était emparée de lui.

— Lily ? appela-t-il de toutes ses forces.

David balaya des yeux le lieu saccagé, mais ne voyait aucun corps. Son regard se porta sur les cloisons, à l'entrée. Il perçut alors comme des empreintes de traces de mains, mais n'en était pas sûr à cause de l'obscurité.

— Allons voir à l'étage, s'empressa-t-il d'indiquer à Ray.

Le même désordre régnait dans les pièces du haut. Les chambres étaient renversées, les matelas éventrés, et les murs partiellement cassés. Soudain, de petits sanglots lointains, qui paraissaient venir de la chambre de Georgia, alarmèrent les deux amis. Ils se mirent à courir en direction des pleurs.

— David, regarde derrière la porte et sous le lit ! ordonna Ray en se dirigeant dans la salle de bain.

En entrant, le jeune homme se figea d'une horreur pétrifiée en découvrant Lily penchée au-dessus du corps ensanglanté de Charles. Il tituba vers cette femme qu'il considérait depuis toujours comme sa mère. Le bourdonnement dans ses oreilles l'empêchait d'entendre ce qu'il essayait de lui dire. Sa vue se troubla face à cette trop grande émotion qui le submergeait. La terreur et la panique se lisaient sur le visage de Lily. Ses larmes, noircies par le mascara, coulaient sur ses joues, et ses cheveux, emmêlés, retombaient de façon désordonnée sur ses épaules.

— Est-il vivant ? demanda Ray avec une note d'affolement qui perçait sa voix en dépit de sa retenue.

Lily releva son visage, dont les yeux étaient rouges à force d'avoir trop pleuré. Ses mains tremblaient sans qu'elle arrive à les contrôler. Une expression grave et pensive traversa les traits du jeune homme. Il s'accroupit près du corps de Charles pour prendre son pouls. Un soupir de soulagement s'échappa de lui.

— Il est vivant, la rassura Ray. Lily, que s'est-il passé et où est Georgia ?

À ce moment, David entra en trombe dans la salle de bain. Devant la scène, il pâlit. Celui-ci avait tenu bon jusqu'à présent, mais à la vue du corps de Charles et de son visage tuméfié, son courage s'effilocha. Le jeune homme courut dans la pièce d'à côté et il se mit à vomir dans les toilettes.

— J'étais en train de coucher Georgia quand ils sont arrivés, hoqueta Lily, les yeux sombres, blessés et toujours remplis de larmes.

— Ils ? Des gens armés ? Les soldats du Maestro ?

— Pas seulement, gémit la femme apeurée.

Elle regardait la pièce, la respiration courte, comme si elle craignait d'être encore en danger.

— Qui ? insista Ray.

— Les ombres, les spectres... c'était les ténèbres.

Le jeune homme se releva, abasourdi par les paroles de Lily. Il fronça les sourcils et se mit à examiner chaque recoin de la salle de bain.

— Ils ont pris Georgia, continua-t-elle. Charles a essayé de les repousser, mais ces choses étaient bien plus fortes. Les spectres se sont acharnés sur lui et m'ont arraché ma petite fille des bras.

Lily s'arrêta, le cœur consumé par le chagrin. Elle regarda son époux.

— Elle criait mon nom, murmura-t-elle en parlant toujours de Georgia. Mon Dieu, je n'avais jamais entendu de tels cris. Ils me hanteront jusqu'à la fin de ma vie. Je ne peux pas la perdre. Faïz doit la retrouver.

— Je suis sûr qu'il la sauvera. Tu sais à quel point il est combatif. Le diable lui-même prend des leçons lorsque ton fils a une idée en tête.

L'épouse de Charles releva son visage, une étincelle d'espoir dans les yeux. Elle hocha la tête et ses tremblements s'estompèrent petit à petit. Avec le revers de sa main, elle écarta ses cheveux de sa figure.


Dark Faïz -T 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant