Chapitre 11.8

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— Où est-elle ? demanda le jeune homme d'une voix remplie de fureur.

Les yeux de Pavel, qui renvoyaient à la noirceur de l'enfer, se vrillèrent dans ceux de Faïz. Les deux hommes se mirent chacun à tourner autour de la pièce, à une distance égale, sans jamais se rapprocher l'un de l'autre.

— Elle se prépare au très grand sommeil, répondit le Maestro sans se départir de son sourire démoniaque.

Le visage déformé par la rage, Faïz se mit à regarder le lieu en long, en large et en travers, cherchant désespérément une piste qui le mènerait à Georgia.

— Es-tu aussi sûr de toi et de ta force, pour m'attendre ainsi, seul, sans tes hommes ? interrogea le jeune homme avec un grognement d'impatience.

— Mais qui t'a dit que j'étais seul ?

Pavel jeta un regard en direction de la porte par laquelle il était entré. Des effluves noirs apparurent au ras du sol, se propageant lentement dans la pièce. Elles s'arrêtèrent autour de Pavel qui observait minutieusement la réaction alarmée de Faïz. L'exhalaison prit alors l'aspect de créatures sans formes. Ces nombreuses ombres abstraites, sans contours, semblaient avoir des yeux et un visage. Elles s'étiraient puis se repliaient sur elles-mêmes sans jamais garder une forme réelle. Ces simulacres, ces cavaliers échappés des ténèbres, étaient plus redoutables qu'une armée réunie. Des chuchotements insaisissables émanaient de ces ombres chimériques, suivis de ricanements machiavéliques étouffés.

— Les spectres sont de très bonnes compagnies, déclara Pavel d'une voix glaciale. Je n'en dirais pas autant de mon autre hôte.

Il désigna d'un signe de tête les cachots, derrière Faïz. Le jeune homme se retourna brutalement et sentit son sang quitter son visage. Masha et Elijah allaient sûrement arriver d'un moment à l'autre, mais il n'était plus sûr de rien, plus sûr finalement que c'était une bonne idée d'avoir demandé à la fille de Pavel de le rejoindre ici.

— Allez le chercher ! ordonna la voix du Maestro.

Les ombres reprirent leur forme d'origine. Une longue traînée brumeuse flottait à quelques centimètres du sol et disparut à l'intérieur d'une des cellules. Faïz se recula afin de garder un œil sur ce monstre sans visage qui le fixait toujours avec une intensité qui le transperçait. Son sourire narquois retroussait ses lèvres d'une façon presque animale.

La porte rouillée s'ouvrit dans un grincement hurleur. Une silhouette, assise dans un fauteuil roulant, sortit peu à peu de l'obscurité. L'effluve noir continuait de diriger ce prisonnier vers la lumière. Quand il apparût entièrement, Faïz, la gorge nouée, reconnut sans peine cette connaissance.

— L'agent Martinez nous a fait part de sa présence en s'invitant chez moi, un soir. Je me demandais bien à quoi il pensait lorsqu'il s'est présenté à ma porte. Vois-tu, soldat ? Comme tu peux le constater, je suis loin d'être seul.

L'agent, à la mauvaise mine, adressa un regard implorant à Faïz. Ses yeux affolés sortaient de leurs orbites. Martinez se mit à crier à l'aide. Ses paroles se noyèrent dans des sanglots incontrôlés. Un instrument ressemblant à une double fourchette à deux pics très pointus était attaché autour du cou de ce dernier, l'obligeant à garder la tête levée au risque de se faire embrocher sur place. Le rire fort et grave du Maestro obligea Faïz à détourner le regard du prisonnier. La mâchoire serrée, les poings fermés et la respiration saccadée, le jeune homme se demanda ce que ce démon avait bien pu faire à sa fille. Cette pensée lui fit l'effet d'un coup de poing dans le ventre et une douleur fugace traversa tout son cops.

— À l'époque, nous savions nous amuser, déclara Pavel, triomphant. Les instruments de torture étaient si divertissants. Et encore, je n'ai pas choisi le pire ! Ce que j'apprécie avec la fourchette des Hérétiques, c'est de voir combien de temps la victime est capable de tenir. Il ne faudrait surtout pas s'endormir dessus pour finir empalée du menton jusqu'au torse. Je pense que tu prendrais beaucoup de plaisirs à observer aussi ce spectacle sur tes victimes. Pourquoi ne cohabiterais-tu pas avec les démons sur Terre, avec moi ? Après tout, tu y arrives très bien avec ceux que tu as à l'intérieur de toi.

Un hurlement déchirant vint troubler le récit de Pavel. L'agent Martinez, hystérique, jurait et prononçait un flot de paroles incompréhensibles. Sans prendre en considération ce qu'il disait, le Maestro continua :

— Juste un peu avant la mort de ta sœur, Zoé et moi, nous sommes amusés à un petit jeu. Veux-tu jouer à ton tour, soldat ? C'est simple, tu gagnes ou tu perds ta fille.

Faïz gémit à cet instant de colère et de douleur. Il porta les mains à ses cheveux, les joues rouges de rage et le regard rempli de haine.

— Brûle en enfer, répliqua le jeune homme avec fureur.

— Ce n'est pas grave, apparemment du monde va se joindre à nous. Ça va rendre le jeu encore plus excitant.

Pavel regarda de l'autre côté de la pièce. Faïz vit alors débouler Masha et Elijah. Malheureusement et à son plus grand désespoir, ils n'étaient pas seuls. Lexy, Asarys et... Zoé étaient là, elles aussi.

— Bonsoir, dit Pavel. Nous vous attendions.


Dark Faïz -T 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant