Stephen fixa ce dernier d'un regard sarcastique puis hocha la tête avec un reniflement rageur. Il s'éloigna lentement vers la baie vitrée, ouverte sur le séjour. Arrivé à la hauteur de Faïz, l'agent Martinez le toisa d'un mauvais œil.
— Vous avez beaucoup de sang sur les mains. Il suffit de lire votre dossier pour se rendre compte à quel point vous êtes dénué de toute humanité et encore, je pense qu'il manque une bonne partie de vos crimes à l'intérieur. Je suis consterné de voir que le gouvernement étouffe et dissimule tous vos faits. Vous avez raison, vous connaissez du beau monde. D'ailleurs, c'est bien connu, personne n'obtient la garde de son enfant après en avoir fait la demande une heure auparavant, auprès du juge. Personne, excepté vous !
Faïz attrapa le bras de Stephen, tandis que ses yeux se tournaient vers moi. Je me figeai sur place. Mon sang se glaça dans mes veines. L'oxygène me manqua brutalement.
— Laisse-le partir, soufflai-je, la gorge en feu. Maintenant, c'est entre toi et moi.
Il s'exécuta et relâcha l'agent du FBI. Bien qu'il soit au bord de l'implosion, Faïz le laissa partir sans le regarder. Toute émotion avait disparu de son visage, sauf une : l'angoisse ou... la peur. Je ne savais pas ce que c'était vraiment. Une fois seule avec lui, je fermai mes paupières et respirai à pleins poumons. Je pouvais entendre mon pouls battre derrière mes tympans. Quand je les rouvris, je m'efforçai de ne pas baisser mes yeux et ravalai mes larmes. Je devais tenir bon.
— Dis-moi que ce n'est pas vrai ? articulai-je chaque mot à voix basse pour ne pas trahir mes plus profondes émotions.
Faïz enfouit les mains dans ses poches et détourna le regard en secouant la tête, l'air écœuré. Les muscles de sa mâchoire se crispèrent, tandis que sa poitrine se soulevait à chacune de ses respirations.
— L'enfoiré, jura-t-il en s'emportant.
— Faïz ?
— Oui, j'ai demandé la garde de Georgia, avoua-t-il, furieux.
Ces mots eurent l'effet d'un violent coup que je reçus dans le ventre. Je me souvins tout à coup de l'épisode de ce matin, dans ma chambre d'hôpital, lorsqu'il avait hésité à sortir un papier de la poche de sa veste.
— C'était ça que tu étais venu me dire ce matin ?
— Oui, répondit-il sèchement, le regard tourné vers le sol.
Incapable de garder mon calme plus longtemps, je m'avançai vers lui à grands pas et dans un battement de cœur furieux, le giflai de toutes mes forces au visage. Hors de moi, je sentis à peine ma main me brûler.
— De tout le mal que tu as pu me faire, cette trahison est de loin la pire de toutes !
Ma voix tremblait, mais ne flanchait pas. Ses yeux s'assombrirent de colère, mais ça ne me déstabilisait pas. Non, il ne m'intimidait pas. Pour la première fois, il paraissait ne pas savoir quoi faire ni quoi dire.
— C'est quoi ton but ? continuai-je en déversant mes paroles tel un torrent furieux. Te venger ? Me détruire ?
Faïz blêmit. Il serrait les dents pour contenir ses émotions qui menaçaient de lui échapper. Le regard fou d'angoisse et de confusion, il ouvrit la bouche pour la refermer aussitôt. Finalement, il se ressaisit et ses traits froids revinrent recomposer son visage, tel un masque de pierre. Il haussa les épaules avant d'ajouter d'une voix froide et le regard figé :
— Rien de tout ça ! Georgia est désormais ma priorité. Je ne t'ai pas frappée au visage lorsque j'ai appris que tu m'avais dissimulé, toutes ces années, son existence. C'est toi qui es impardonnable. Ça ne sert à rien d'inverser les rôles.
Je me forçai à respirer normalement face aux reliefs glacés de son visage sans défauts et impénétrable.
— Ta réaction envers moi te semble peut-être légitime, mais jamais, tu m'entends, JAMAIS tu ne m'enlèveras ma fille, ajoutai-je, menaçante.
Il acquiesça d'un signe de tête avant de tourner les talons. Encore une fois, il décida que la conversation s'arrêtait là. Je le regardai s'éloigner en priant pour que mes jambes me portent encore quelques secondes, mais avant de franchir la baie vitrée, il se retourna vers moi :
— J'ai toujours choisi le monde, quitte à perdre les gens qui m'étaient les plus chers. Aujourd'hui, je serais capable de mettre ce même monde à feu et à sang juste pour la sauver, elle. Oui, je brûlerais en enfer pour ma fille s'il le faut. Ne me donne pas le rôle du méchant, Zoé.
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Dark Faïz -T 3
ParanormalLes cinq dernières années n'ont pas épargné Zoé. Noyée dans un profond vague à l'âme duquel elle éprouve des difficultés à sortir, le retour de Faïz dans sa vie n'arrange pas les choses. L'amertume et la rancœur vis-à-vis de cet homme qui l'a trahie...