Chapitre 9.6

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Nous nous engouffrâmes en courant, Faïz et moi, dans le parking souterrain où était garée sa voiture. Je retirai sa veste qu'il m'avait gentiment prêtée pour me couvrir les cheveux lorsque la pluie avait commencé à inonder les rues.

Une fois installé dans sa Mercedes, il alluma immédiatement le chauffage et m'observa avec un regard préoccupé. J'étais gelée et tremblais sans pouvoir arriver à m'arrêter. Le siège en cuir glacé en dessous de moi et mon jean trempé contre ma peau n'arrangeaient rien. Faïz caressa ma joue, toujours soucieux de mon état.

— Le chauffage me réchauffe déjà, le rassurai-je à voix basse, en le contemplant depuis mon siège.

Il me fixa un petit moment avant de se décider à faire démarrer la voiture.

— Tes lèvres sont toutes bleues. Nous nous arrêterons dans le premier magasin de vêtements afin de t'acheter des habits secs.

— Ce ne sera pas la peine, je me changerai en arrivant chez moi. Je veux arriver avant que Georgia ne se soit endormie.

Je me calai au fond de mon siège. La chaleur qui envahissait l'habitacle détendit peu à peu mes muscles et mes tremblements s'arrêtèrent au bout de quelques minutes.

— As-tu encore des choses à faire ce soir ?

Étonné par ma question, Faïz me jeta un rapide coup d'œil avant de regarder de nouveau la route.

— Barthey n'aura pas besoin de moi cette nuit. Je rentrerai directement à l'appartement après avoir vu Georgia.

— Pourquoi ne restes-tu pas à Elora ? Et profiter ainsi de tes parents ?

— Est-il vraiment nécessaire que je me justifie ?

Son ton était un brin tranchant et je me pris à regretter d'avoir abordé le sujet. Il était visiblement toujours en colère contre eux et c'était en grande partie de ma faute. Allait-il nous en vouloir jusqu'à la fin de sa vie pour ce qu'il jugeait être une trahison ? Quoi qu'il en soit, ce n'était pas le moment pour aborder de nouveau ce sujet plus qu'épineux.

Dehors, la tempête faisait rage, le vent hurlait. La route était difficilement praticable avec cette pluie violente. Soudain, je reconnus la voix de Kimberose avec son titre « I'm sorry » qui passait sur la playlist de Faïz. Je me pinçai les lèvres, touchée que cette chanson signifie aussi quelque chose pour lui.

— La façon dont elle le dit, on pourrait tout pardonner à cette femme, déclara-t-il en faisant référence aux paroles de la chanteuse.

Ses mots finirent plaqués dans une tonalité mélancolique et douloureuse à entendre pour moi.

Je franchis la porte avec Faïz sur les talons. Enfin à l'abri des rafales, je fixai mon convive avec un sourire ironique. Ce dernier me dévisagea avec curiosité. Ses cheveux mouillés et plus en bataille que d'habitude n'enlevaient rien à son charme naturel. Il était toujours aussi séduisant sans même essayer de l'être.

— Tu... c'est agréable de te regarder. Je te trouve très beau, murmurai-je en m'empourprant.

Quelle idiote ! Je me sentis tout d'un coup comme ces nunuches qui restaient la bouche ouverte quand elles le voyaient pour la première fois. Une lueur narquoise traversa alors ses yeux. Il enfouit ses mains dans les poches en inclinant légèrement sa tête sur le côté.

— À côté de toi, je parais si ordinaire.

Son regard me traversa. J'aurais voulu, à cet instant précis, qu'il me tienne dans ses bras.

— Je ne savais pas que tu serais accompagnée.

Je reconnus la voix d'Elijah à l'autre bout du séjour. Celui-ci interrompit promptement cet instant complice. Je déposai rapidement mes affaires dans l'entrée avec une moue gênée.

— Je suis heureuse de te voir aussi, déclarai-je en le mettant en garde d'un regard appuyé afin qu'il reste le plus courtois possible avec mon invité.

Mon ami, réceptif, fit alors un effort monstrueux pour prendre un ton poli.

— Georgia et moi avons laissé des tapas et des nachos pour le diner, mais je peux en refaire si besoin.

— Non, pas la peine. Je ne reste pas, déclara Faïz en levant une main devant lui.

— Reste, lui demandai-je presque désespérée. Au moins jusqu'à ce que la tempête se soit calmée.

Elijah exprima son désaccord par un grognement, mais je ne relevai pas. Devant mon regard chargé d'attentes, Faïz sembla d'un coup désorienté. Il hocha la tête et bredouilla :

— OK, très bien.

— Bon, on fait quoi pour les nachos ? s'impatienta Elijah.

Soulagée par la réponse, je me détendis. Mon attention revint de suite sur mon ami.

— Ne t'inquiète pas Eli, Lexy ne rentre pas ici ce soir. Je m'occupe du diner. Merci à toi.

Tandis que je me dirigeais vers ma chambre pour me changer, Faïz, lui, décida de se rendre à l'étage pour voir Georgia. C'était l'occasion pour moi de passer un peu de temps avec Elijah et de pouvoir converser de nouveau ensemble.


Dark Faïz -T 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant