Chapitre 5.4-FAÏZ

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Le visage de Ray était tendu. Il suivait des yeux l'individu qui partit s'asseoir dans un des fauteuils de la pièce. Les prunelles sombres et menaçantes de celui-ci vinrent ensuite se planter dans les siennes. Un frisson traversa alors le dos du jeune homme qui, pourtant, n'avait jamais craint Faïz jusqu'ici. Ray prit une profonde aspiration et la retint quelques secondes.

— Tu as l'air en forme, dit-il pour entamer la conversation. Comment va ta femme ?

Il savait qu'il n'aurait pas dû mettre le doigt là-dessus, mais la tentation de piquer son interlocuteur était trop forte. Ray essayait tant bien que mal de dissimuler le petit sourire narquois naissant au coin de ses lèvres. Faïz n'avait pas sourcillé, seule sa mâchoire s'était contractée.

— Je ne suis pas venue ici pour parler de mon mariage ! répondit ce dernier d'une voix bien trop calme. Sais-tu quel poison Pavel a administré à Zoé ?

Ray enfonça les mains dans ses poches et commença à arpenter la pièce, l'air grave.

— C'est un virus mutant doublé d'un anesthésiant très puissant. Celui-ci a été créé par l'homme et est extrêmement contagieux.

— Y a-t-il un vaccin ou un traitement efficace pour lutter contre ce fléau ?

— Non, c'est bien là le problème. À ce jour, l'absence d'antidote est un réel problème qui risque de plonger le monde entier dans le chaos.

— Alors c'est comme ça que le Maestro veut s'y prendre pour éradiquer la race humaine, murmura Faïz.

Il réalisa, horrifié, qu'il n'était finalement peut-être pas de taille face à son ennemi. Mille questions lui vinrent brusquement en tête dont celle-ci : quels autres plans obscurs pouvait encore préparer le voyageur ?

— Si aucun traitement n'existe, comment Zoé a-t-elle pu s'en sortir ? finit par demander Faïz, toujours perdu dans ses pensées.

— Ce n'est pas une humaine comme les autres. Elle est protégée par la foi des hommes et son corps est immunisé contre toutes sortes de maladies ainsi que les virus les plus dangereux. Pavel, enfin je veux dire le Maestro, s'est servi d'elle un peu comme d'un cobaye pour se faire une idée de sa résistance.

— Et nous envoyé, par la même occasion, un message.

Ray ouvrit la bouche puis la referma lorsqu'il aperçut Lily entrer dans le grand séjour. Un froid polaire s'abattit alors dans toute la pièce. Les iris de Faïz s'assombrirent sur son visage de marbre, ne laissant apparaître que la colère, forgée d'une rancune tenace qu'il éprouvait à l'égard de sa mère.

— Ray, veux-tu bien nous laisser, s'il te plaît ? demanda doucement Lily, la voix déjà empreinte de peur à l'idée d'affronter son fils.

Celui-ci, mal à l'aise, se racla la gorge avant de répondre :

— Oui, je vais aller voir comment s'en sort Asarys avec... Georgia. Je ne serais pas loin si jamais tu as besoin de moi.

Faïz ne put s'empêcher d'émettre un ricanement forcé pour provoquer son ami qui, sous le regard suppliant de Lily, ne releva pas.

Une fois seule avec son fils, Lily leva les yeux et fixa le plafond pendant de longues secondes comme pour chercher ses mots puis elle revint poser son regard sur le jeune homme, toujours assis et qui tenait son menton dans sa main. Faïz, plongé dans un mutisme glacial, attendait patiemment que sa mère entame la conversation.

— Je suis désolée, lâcha Lily, les yeux remplis de larmes. Je n'ai aucune excuse.

Elle porta ses doigts sur ses lèvres et haussa les épaules en essayant de soutenir le regard accusateur de son fils.

— Avant l'arrivée de Georgia dans ce monde, je n'étais plus que l'ombre de moi-même. Ta... fille, m'a redonné la partie de moi que j'avais perdue.

— Au point de renier ton propre enfant ?

La fureur perça les intonations calmes du ton de sa voix qu'il avait emprunté depuis le début. La question déstabilisa Lily qui l'implorait à cet instant du regard de l'épargner.

— Georgia n'avait pas de place dans ton monde, murmura Lily au bord des sanglots. Faïz, je t'en supplie, pardonne-moi. Je ne pouvais pas la perdre. J'ai eu peur ! Peur que Zoé décide de repartir à Paris avec elle. Peur que tu la retires de cette vie calme et douce à laquelle elle avait le droit...

Ses paroles se confondaient dans ses pleurs.

— Vous m'avez VOLÉ ces cinq années avec elle ! éclata Faïz fou de rage en tapant son poing contre son torse. Me détestes-tu à ce point pour me trahir, moi, ton propre fils ?

— Non ! gémit Lily tout en s'avança vers lui.

Le jeune homme l'arrêta net en levant sa main devant lui afin qu'elle ne fasse pas un pas de plus en sa direction.

— Vous êtes ce que j'ai de plus précieux, ajouta-t-elle à voix basse. Un millier de fois, j'ai voulu te dire la vérité, mais... je m'étais enfermée dans ce mensonge. Je voyais Georgia heureuse avec William et oui, égoïstement, ce bonheur pour elle me suffisait. C'était une erreur. Aujourd'hui, je le sais.

Faïz observait sa mère, dénué de compassion à son égard. Il se leva et alla se poster devant la baie vitrée qui donnait sur la terrasse.

— Peut-être qu'un jour je trouverais la force de tous vous pardonner. Aujourd'hui, tu as brisé mon cœur, toi, la seule femme que je n'aurais jamais quittée. Et dire que c'est ton nom que j'avais donné à l'immortalité.

Les paroles douloureuses de son enfant achevèrent Lily qui sentit une bouffée de culpabilité la submerger. La boule dans sa gorge était énorme, mais avant qu'elle ne puisse répondre à ceci, on sonna à la porte.


Dark Faïz -T 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant