Chapitre 6.5

1.9K 165 7
                                    

Cet aveu surprenant n'aida pas à réchauffer la pièce, plongée désormais dans un silence pesant. Toutes les têtes se tournèrent brusquement vers l'intéressé. Les secondes qui s'écoulaient étaient une véritable torture.

— Alors seriez-vous libre maintenant ? demanda Faïz d'une voix prudente avec un petit sourire charmeur.

Le visage de Masha s'illumina. Triomphante, elle acquiesça d'un signe de tête. Tous les regards se tournèrent ensuite vers moi. Asarys, furieuse, avait du mal à contenir sa rage tandis que Lexy s'enfonçait un doigt dans la gorge pour mimer tout son dégoût devant cette scène surréaliste. Faïz sortit de sa poche les clefs de sa Mercedes et les tendit à Masha en ajoutant :

— Attendez-moi dehors ! Je vous rejoins tout de suite.

Cette dernière ne se fit pas prier. Avant de s'en aller, elle tint à me jeter un dernier regard victorieux des plus narquois. Les filles se rapprochèrent de moi tout en la fixant avec le plus grand dédain.

— Dis donc, c'est moi ou tu les attires ? me lança Lexy tout en regardant notre drôle d'invitée quitter la pièce. Après Rachelle, la bohème barjot, voici venue Masha, la gothique pétée du ciboulot !

— Je confirme. Tu as le don pour les attirer, toutes ces cinglées, renchérit Asarys. Mais bon, voyons le bon côté des choses. Au moins, grâce à Faïz et sa beauté fatale, on laisse mon Ray tranquille.

Je jetai un regard mauvais à mon amie qui souleva les épaules, l'air désolé. Au même moment, Faïz m'interpella en me faisant signe de venir près de lui. Je m'exécutai avec le moral au plus bas.

Nous nous mîmes tous les deux un peu à l'écart du groupe.

— Reste ici, je reviendrai te chercher après.

— Après quoi ? répondis-je acide en croisant les bras.

Mal à l'aise, il soupira et se mit à balayer la pièce des yeux. Les autres s'étaient regroupés et faisaient mine d'être en pleine discussion, mais il n'en était rien. Je sentais toute leur attention sur nous.

— Nous avons besoin de ces informations, grogna Faïz entre ses dents. Ne fais pas d'histoire maintenant.

— Je ne compte rien faire du tout ! Tu es libre de faire ce que tu veux.

— Bien ! trancha-t-il d'une voix acerbe.

— Tout comme moi.

Il posa sur moi un regard plein de questions.

— Agent Martinez ! appelai-je en soutenant le regard furieux de Faïz.

Ma tête se tourna vers le jeune homme et je lui adressai mon plus beau sourire. L'agent du FBI parut aussitôt ébranlé par celui-ci. Ses joues se mirent à rosir légèrement.

— Voudriez-vous bien me ramener à Elora, s'il vous plaît ?

— Euh... oui, mademoiselle Reyes, répondit difficilement Martinez après s'être raclé la gorge. Est-ce que...

— Laissez-nous un instant, je vous prie ! le coupa brutalement Faïz, le regard menaçant.

Le jeune homme s'éloigna après s'être assuré que je ne craignais rien. Ce comportement eut le don d'agacer Faïz qui bouillonnait sur place. Il m'attrapa fermement par le bras et me tira vers l'entrée du séjour pour éviter que tout le monde entende notre querelle.

— Arrête tout de suite ce petit jeu ! s'exclama-t-il en dévoilant alors une certaine agressivité sur son visage. Pourquoi ne veux-tu pas faire ce que je te demande pour une fois ?

Consciente de la mauvaise tournure que prenaient les choses, j'essayai de désamorcer la colère que j'avais provoquée chez ce dernier :

— Les filles vont me ramener. Ça te va ?

L'expression impénétrable et les lèvres pincées, il parut évaluer la situation.

— Je veux récupérer Georgia, insistai-je. Ma fille me manque. Ça fait des jours que je ne l'ai pas vue. Après, je rentrerai à la maison avec elle et je lui ferai des pancakes.

Faïz soupira profondément puis secoua la tête, en désaccord avec mes projets :

— Passe prendre des affaires chez toi et après, tu resteras à Elora.

Au moment où je voulus riposter, celui-ci ajouta :

— Je veux vous savoir en sécurité toutes les deux. Reste à la villa quelques jours, le temps que tout ce foutoir se calme et que nous en sachions plus sur les intentions du Maestro.

Indécise, j'observai la pièce un petit moment. Tout le monde examinait et donnait son avis sur les plans et les notes éparpillés un peu partout sur la grande table. David était celui qui parlait le plus. Mes yeux s'arrêtèrent sur mon amie. Je ne pouvais pas la laisser.

— Zoé ? Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiéta Faïz.

— Non, Lexy est seule. Elle habite chez moi et je ne peux pas...

— Je sais. Elle est à Elora depuis le premier jour de ton hospitalisation. C'est moi qui lui ai demandé de rester.

La femme froide et distante que j'essayais par tous les moyens d'incarner en sa présence se fissurait au fil des jours depuis son retour à Los Angeles.

— Merci, murmurai-je sincère. Et Elijah ?

Faïz, l'air abrupt, fronça les sourcils :

— Là tu m'en demandes trop, Zoé. Comment as-tu pu laisser entrer un homme aussi fou dans ta vie et celle de ma... fille ?

Ces derniers mots sonnaient étrangement. Il me faudrait encore un certain temps avant de m'y habituer.

— Il n'est un danger pour personne. Elijah m'a sauvée, Faïz. Le jour où je l'ai rencontré, je n'avais qu'une envie : mourir de chagrin. Quand tu m'as quittée, ça a été le seul à qui j'ai confié mon désespoir et ma tristesse. Il est notre roc. Après le décès de William, Elijah a plâtré toutes les fissures et les failles en moi afin que je puisse continuer de respirer et de vivre pour ma fille.


Dark Faïz -T 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant