Chapitre 6.8

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La jeune femme leva son visage et fixa le plafond. Elle ferma ses paupières de toutes ses forces puis son regard revint se poser sur Faïz. D'un pas lent, elle se mit à faire le tour de ce dernier.

— Après le dernier rituel et juste avant que le Démon ne prenne entièrement possession du corps de mon père, il m'a fait promettre de venir vous trouver au cas où je n'aurais aucune chance de m'en sortir. Ce fut la dernière fois qu'il se soucia de ma sécurité.

La voix de Masha se brisa :

— J'ai voulu croire durant toutes ces années qu'il restait une once d'humanité au plus profond de mon père, quelque chose de bon, de l'amour pour moi, mais j'avais tort. Il ne reste plus rien de lui, à part un corps entièrement tatoué et mutilé. Le Maestro anéantira tout être vivant sur cette Terre, c'est son plan.

Le silence prit place quelques instants. Les pensées se bousculaient dans la tête de Faïz. Il déglutit avant d'ouvrir la bouche pour prendre la parole :

— J'imagine que les machines, conçues par le petit groupe de votre père, sont déjà activées.

Il se retourna pour faire face à Masha. Celle-ci hocha la tête pour unique réponse.

— Comment pourrions-nous les arrêter ?

— Vous devez trouver Pavel avant que les bombes n'explosent. Sur son corps sont tatoués les codes pour désactiver toutes les armes. Pour le virus par contre, il vous faudra trouver le vaccin.

La jeune femme sortit de son sac un petit boîtier à touches qui émettait plusieurs signaux colorés.

— Ce détonateur a pour but de désactiver les bombes, même à distance. Il vous faudra rentrer les codes dans celui-ci. Si vous y arrivez, une partie de votre mission sera remplie. La deuxième sera de mettre le corps de mon père dans le tombeau du Maestro après lui avoir fait avaler le rubis. Les portes du mal se refermeront, emportant avec elles les spectres maléfiques qui se nourrissent des âmes et des esprits les plus tourmentés. Le temps est contre nous, vous ne pouvez pas vous permettre de perdre la moindre seconde.

La lumière dans la pièce avait encore changé, indiquant que l'après-midi était déjà bien entamé. Faïz consulta l'heure sur sa montre puis se gratta l'arrière de son crâne.

— Je dois y aller, déclara-t-il, pressé de transmettre ces informations à l'inspecteur Barthey.

Masha se pinça les lèvres, l'air déçu. Après une courte hésitation, elle se rapprocha de Faïz qui l'attirait d'une façon obsessionnelle.

— Évitez d'ébruiter cette affaire, murmura la jeune femme. Les bureaux du FBI sont gorgés de taupes qui alimentent, contre de gros cachets, les Unes des journaux. D'ailleurs, un journaliste qui travaille au Los Angeles Times devrait bientôt sortir un article qui risque de créer l'insurrection dans l'état de Californie. À votre place, je m'en occuperais avant que sa rubrique ne fasse l'effet d'une... bombe.

Un sourire narquois se dessina sur le visage de la jeune femme qui n'ébranla en rien le calme de Faïz.

— Un conseil, ajouta-t-elle. Concentrez-vous uniquement sur la mission. Ne vous inquiétez pas pour cette chère Zoé. L'agent Stephen Martinez se fera un plaisir de s'occuper d'elle. Je ne serais pas surprise que vous les retrouviez tous les deux, ensemble, ce soir.

— Je crois que notre entretien est fini, indiqua le jeune homme sur un ton mauvais. Je vais vous demander de partir, maintenant.

— Oups, j'ai touché un point sensible, déclara Masha en affichant un faux air embêté. Je pourrais peut-être essayer de vous la faire oublier.

Faïz agrippa les poignets de Masha avant que les mains de cette dernière ne se posent sur lui. Les prunelles de la jeune femme révélèrent soudain une immense confusion. À cet instant, elle souhaitait se perdre dans les abîmes ténébreux du regard de cet homme.

— Aucune autre femme ne pourra vous la faire sortir de la tête, n'est-ce pas ? devina Masha, les poignets toujours prisonniers.

Le silence de Faïz fut sans appel.

— C'est douloureux à quel point ? demanda-t-elle à mi-voix.

Les prunelles du jeune homme s'assombrirent un peu plus.

— Au point de me réveiller chaque nuit, avoua-t-il avec une grande souffrance dans ses mots.

Le cœur de Masha se serra dans sa poitrine devant la détresse infinie de ce dernier.

— Vous connaissez le dicton : une de perdue et dix de retrouvées. Pour vous, ça ne devrait pas être difficile à appliquer, affirma-t-elle en essayant de prendre un ton un peu plus léger.

— Sauf que moi, je préfère en perdre mille pour la retrouver.

Faïz libéra Masha de son emprise et lui indiqua par un signe de tête le chemin de la sortie.


Dark Faïz -T 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant