Chapitre 2.3

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David se leva le premier et commença à débarrasser la petite table avant de se diriger vers la cuisine. J'en profitai pour adresser deux mots à Lexy qui finissait de boire son verre de vin rouge :

— Tu te souviens de mon collègue, Jul Jenkins ?

— Comment l'oublier ? rétorqua cette dernière en rogne. Ce connard a détruit ma vie !

Je levai les yeux au ciel. Lexy n'avait toujours pas digéré l'article peu élogieux que celui-ci avait réalisé sur la première Fashion Week vegan que mon amie avait mise sur pied, il y avait de ça plus d'un an déjà.

— Jul a juste fait son travail.

Le regard noir que je reçus aurait pu me tuer sur place s'il avait été chargé de balles.

— OK, son article n'est pas défendable, essayai-je de me rattraper. Il est complètement passé à côté de ce formidable projet. C'est quelqu'un qui dissocie son travail de sa vie privée et... tu sais à quel point il est tombé sous ton charme quand il t'a rencontrée.

— Combien ?

— Quoi ?

— Combien t'a-t-il payée pour me dire ça ?

Je levai mes mains tout en m'enfonçant dans mon siège.

— Ma meilleure amie est inestimable ! déclarai-je en faisant mine d'être sous le choc de sa question.

Lexy rigola, guère émue par ma déclaration.

— Je le déteste plus que tout au monde ! s'exclama-t-elle en se levant. Zoé, tu es mon amie, c'est de mon côté que tu devrais être.

— Et je le suis ! Je t'assure. C'est juste que j'aime la façon dont il parle de toi. Tu devrais le voir.

Elle parut, l'espace d'un instant, attendrie par mes propos, mais se ressaisit aussitôt, à mon grand désespoir.

— Je monte mes affaires dans la chambre, celle qui est au-dessus de la tienne.

— Euh... tu sais que c'est la chambre d'Elijah quand il dort ici. Il n'apprécie pas qu'elle soit occupée en son absence.

Cette dernière, au milieu du séjour, se retourna brusquement et croisa les bras, les sourcils froncés.

— Donc ? Je m'installe où ?

— Dans le bureau, répondis-je avec un large sourire.

— Super ! s'écria Lexy en levant les mains en l'air. Je me retrouve dans cette espèce de cachot. Génial !

Elle attrapa sa valise qui paraissait peser des tonnes, et se dirigea en grognant vers les escaliers.

« Lexy, tu es une amie inestimable », m'imita celle-ci à voix basse. Tu parles !

David me rejoignit sur le balcon. Le bruit des vagues qui s'écrasaient sur le sable, en bas, m'apaisait. La pleine lune éclairait les nuages denses qui donnaient l'impression d'être immobiles dans le ciel. Mon ami adossa son dos contre la barrière, juste à côté de moi.

— Zoé, je voulais que tu sois la première à apprendre la nouvelle.

Il me tendit un petit carton doré et beige que je saisis avec un regard interrogateur. David souriait timidement, inquiet de ma réaction. En découvrant le faire-part de mariage, je portai alors ma main à ma bouche pour étouffer un cri de joie.

— Morgan et toi, vous allez...

— Oui, c'est officiel. Nous allons nous marier.

— Je suis tellement, tellement heureuse pour vous deux ! Félicitations !

Je me précipitai dans ses bras, touchée par cette nouvelle.

— Je veux que tu sois mon témoin, me confia-t-il.

Surprise par sa demande, je m'écartai de lui et inclinai ma tête, les yeux brillants d'émotions.

— Ce sera un des plus beaux rôles de ma vie, déclarai-je sincère.

Soudain, le regard de David s'assombrit et un voile de grisaille se déposa sur son visage que je connaissais par cœur.

— Hey, qu'est-ce qu'il y a ? demandai-je soucieuse en lui caressant doucement la joue avec ma main.

— Tous les gens que j'aime ne seront pas présents à cet évènement, me confia-t-il avec une pointe de tristesse dans la voix.

La menace qui pesait sur le monde me ramena brutalement à la réalité. Nous avions déjà perdu William et Victoria dans cette guerre contre les forces du mal. Je comprenais la détresse de ce dernier. Ma gorge se noua et c'est avec difficultés que je pris un ton convaincant :

— Je te promets que ce jour-là, tu seras entouré de toutes les personnes à qui tu tiens. Ni le Maestro, ni les mythes, ni les démons ne pourront l'en empêcher.

Une expression mélancolique et indéchiffrable traversa le regard de David. Il acquiesça d'un signe de tête en plissant le front. Pourquoi avais-je la sensation d'être la seule de nous deux à croire en mes paroles ? Mon ami s'approcha de moi pour m'embrasser délicatement sur le front, puis il se tourna, les yeux rivés sur l'océan, le visage lointain.

Dark Faïz -T 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant