Chapitre 14.2

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Les hurlements de rage du monstre au sol essayèrent de me repousser. Sa souffrance transperçait ses yeux si noirs. Trop occupée à observer Pavel me foudroyer du regard et me promettre silencieusement que ce n'était pas fini, je ne sentis pas Faïz me prendre des mains le rubis. Le brun ténébreux se pencha au-dessus d'Athanase et, avec un violent coup de poing, il assomma presque son rival.

— Ça, c'est pour ma fille !

Puis, il ouvrit la mâchoire de Pavel sans effort pour lui faire avaler la pierre. Faïz lui bloqua ensuite le nez et la bouche afin de l'obliger à l'avaler. Un dernier coup de genou dans le ventre contraignit le Maestro à capituler.

Les pieds d'Elijah touchèrent le bitume au moment où le crâne de Pavel se cogna sur le sol. La lumière de son halo diminua progressivement. Figée, je n'entendis plus rien autour de moi. Je voyais sans voir, Faïz enchaîner le corps de notre ennemi. Le rubis en lui, le Maestro ne pouvait plus quitter cette enveloppe humaine. Il était prisonnier à l'intérieur. C'était fini. Épuisée, je tombai sur les genoux. Épuisée de cette guerre contre le mal, épuisée de ces cinq dernières années, épuisée d'avoir tant pleuré la disparition de William et de tous ces autres sanglots sans larmes.

Je cavalai sans m'arrêter dans le souterrain, pressée de rejoindre l'extérieur pour pouvoir serrer ma fille dans les bras. Mes pulsations cardiaques m'oppressaient la poitrine.

Mes pieds foulaient l'herbe. Au loin, l'aube commençait à se lever. Je chargeai mes poumons d'air. Le bruit d'une portière attira mon attention, puis une seconde plus tard, Asarys et Lexy avançaient vers moi, Georgia dans les bras. Je suffoquai tandis que mes yeux se remplissaient de larmes. Ce fut le cœur lourd et soulagé que je m'élançais vers elles. Les bras ouverts, elles m'accueillirent, submergées elles aussi par l'émotion.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent au moment où je me remémorais cette scène de retrouvailles entre mes amies, ma fille et moi, il y avait déjà deux semaines de cela. Faïz était en train de remplir deux verres de vin rouge posés sur la table du séjour. Un fond de musique flottait dans les airs. Derrière lui, la lumière assez basse sur la ville indiquait la fin de l'après-midi. Lorsqu'il m'aperçut, il m'accueillit avec un sourire renversant. Sa chemise était comme d'habitude, remontée sur ses avant-bras, et il portait un jeans foncé, parfaitement coupé. Un Dieu grec ne lui serait pas arrivé à la cheville tellement je le trouvais magnifique par son élégance et sa prestance naturelle. Tandis que je déposais mes affaires dans l'entrée, je sentis ses yeux me suivre.

— Tu as l'air d'être en forme, déclarai-je en avançant vers lui.

— Je n'ai pas à me plaindre. Je suis désolé d'avoir raté ta sortie d'hôpital, la semaine dernière. C'était la folie avec Barthey et la distribution des vaccins par Trac-Word partout dans le monde.

— Et New York, ajoutai-je.

Il soupira. Ses yeux me transpercèrent jusqu'à l'âme.

— Oui et... New York, lâcha-t-il presque gêné.

Placée maintenant devant lui, j'inclinai légèrement ma tête et arrivai à soutenir son regard.

— Comment va Rachelle ?

— Elle va bien ! répondit Faïz avec une colère contenue. Tu sais que je dois boucler mon divorce. Pourquoi ces questions ?

— Et ? C'en est fini ? Es-tu ruiné ?

Un demi-sourire se dessina à la commissure de ses lèvres. Il essayait de se retenir de rire.

— Être pauvre ne m'effraie pas. Te perdre par contre...

Je franchis la distance qui nous séparait et posai mon front contre son torse. Son parfum m'enivra. Il embrassa mes cheveux avant d'enrouler ses bras autour de ma taille.

— Deux semaines sans te voir, murmurai-je. Ça a été si long. Tu m'as manqué.

— Georgia et toi aussi m'avez manqué.

Il recula mes épaules pour mieux me regarder.

— Je t'ai appelée en début d'après-midi. As-tu vu mes appels ?

Mal à l'aise, je me raclai la gorge avant de répliquer :

— Oui, euh... je suis partie rendre visite à Stephen.

L'instinct de propriété de Faïz se réveilla à cet instant.

— Et ce Martinez, que tu aimes tant appeler par son nom, était-il au chapitre de la mort pour que tu ne prennes pas la peine de me répondre ?


Dark Faïz -T 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant