Chapitre 16.2

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L'obscurité impénétrable permettait à peine de distinguer le chemin devant nous. Heureusement, les torches guidaient nos pas, même si nous rampions plus que nous ne marchions, tellement le sol boueux était glissant. L'atmosphère fraîche et humide rendait l'air presque irrespirable.

— Les murs sont gorgés d'eau, se plaignit Asarys en se retournant vers moi. Es-tu sûre que cette caverne ne va pas s'écrouler sur nous ?

— Faïz ne nous aurait jamais laissé pénétrer dans cet endroit s'il avait eu le moindre doute, répondis-je en chuchotant.

— Oui, tu as raison.

Mon amie reprit sa marche en prenant soin de regarder où elle plaçait ses pieds. Je me tournai à mon tour vers Lexy, qui me suivait de près. Cette dernière recouvrait son nez avec son bras.

— Comment fais-tu pour arriver à respirer là-dedans ? me demanda-t-elle comme un reproche.

Je soulevai les épaules :

— On s'habitue au bout d'un moment.

Le groupe devant nous était déjà loin. Nous nous dépêchâmes de les rejoindre avant de les perdre de vue. La grotte dégageait une forte odeur et la boue ainsi que l'humidité n'arrangeaient rien. Des sons sourds s'échappaient du tréfonds de la Terre au fur et à mesure que nous nous enfoncions dans cet endroit inquiétant. Les militaires se retournaient souvent pour s'assurer de notre présence. Faïz, tout devant, ne ralentissait pas.

— J'ai l'impression que nous nous rapprochons, m'indiqua Asarys. Le sol est moins glissant et les murs semblent plus solides.

— J'espère que tu as raison, grogna Lexy. Nous marchons depuis déjà un bon moment. La grotte est tellement étroite que je commence à devenir claustrophobe.

Nous arrivâmes dans une vaste pièce circulaire, éclairée par de gros spots déjà installés à l'intérieur.

— Posez le caisson sur l'autel.

Un des militaires traduisit les paroles de Faïz. Le groupe s'exécuta aussitôt. Intriguée par l'apparence de la pièce, je me mis à la parcourir. Le haut plafond incurvé était en forme d'arc, tandis que le sol était recouvert d'un bon nombre d'inscriptions assez courtes, écrites dans une langue que je ne connaissais pas.

— Cet endroit était consacré à des rites extrêmement courants, m'expliqua Faïz qui m'avait rejointe.

À l'autre bout de la pièce, mes deux amies examinaient, perplexes, un banc creusé dans la pierre qui servait probablement à s'asseoir ou à dormir.

— Les méthodes de sacrifices étaient très variées dans les anciennes civilisations, déclarai-je pour compléter les informations de ce dernier.

J'apposai mes mains sur le mur. La surface, parfaitement plane et polie, créait un effet miroir.

— Comment êtes-vous sûrs que l'endroit, après ça, ne sera pas profané et que le tombeau ne sera pas volé ? demandai-je.

Faïz tourna son visage en direction du centre de la pièce, là où le coffre trônait, et leva les yeux juste au-dessus de celui-ci.

— Vois-tu ces gros rideaux en métal qui sont fixés au plafond et qui entourent la chambre mortuaire ? Ils sont plus résistants que le titane, moins fragiles que le diamant et plus durs que l'or. C'est la matière terrestre la plus solide. Une fois que nous aurons baissé ces grilles avec l'aide des cordes, et qu'elles seront plantées directement dans le sol, plus personne ne pourra les relever.

— Mais imaginons que...

— Zoé, même si quelqu'un y parvenait, il n'y aurait plus que la dépouille de Pavel à l'intérieur du tombeau. Le Maestro, lui, repart aujourd'hui dans le royaume des ténèbres, bien accompagné.

Mon regard fut attiré par deux gravures, dessinées dans la pierre, au-dessus du coffre.

— Et ça ? Qu'est-ce que c'est ? Ça ressemble à deux têtes de... louves.

— C'est Gurt et Meriden. Rappelle-toi, Zoé, ce que dit le Callis. Ces deux chiens, ou louves si tu préfères, sont là pour repartir avec Athanase. Elles referment les portes des enfers et s'assurent qu'il y reste.

— Mais vous m'avez toujours dit que tout n'était pas à prendre au pied de la lettre dans la légende du voyageur. Cette sculpture devait être là pour la mise en scène du rituel de l'époque.

Le regard de Faïz s'assombrit subitement. Il pâlit et sembla chercher ses mots. Au moment où il ouvrit la bouche, Goareb l'interpella un peu plus loin.

— Nous sommes prêts ! Tout est installé.

Dans la grotte, le son de nos voix résonnait avec un écho très prononcé. Faïz hocha la tête sans prendre la peine de regarder en direction de son équipier, et leva sa main comme pour demander d'attendre quelques minutes de plus.

— Zoé, balbutia Faïz.

Je plissai les yeux devant la détresse soudaine de celui-ci.

— Qu'est-ce qui se passe ? Tu me fais peur.

— À quel point m'aimes-tu ? murmura-t-il.

Je déglutis. Mon pouls commença à s'affoler.

— Tu le sais, dis-je pour gagner du temps.

Au loin, j'entendis Goareb demander à Asarys et à Lexy de venir surveiller le tombeau quelques instants.

— Pouvons-nous reparler de ça après ? Je dois rejoindre les filles.

Au moment de m'éloigner de lui, je sentis sa main se refermer autour de mon poignet. Il me ramena avec force contre son torse, puis me bloqua contre le mur.

— Excuse-moi, supplia-t-il avec une voix remplie de tourments.

— Arrête ! Lâche-moi ! commençai-je à paniquer tout en me débattant. Lâche-moi, Faïz.

Il leva alors un bras en l'air et hurla :

— Refermez les grilles !

Ma vision se troubla subitement, j'étouffai.

— NON... que fais-tu ? Elles sont encore près du caisson. À quoi joues-tu ?

Il colla son front contre le mien et ferma ses paupières le plus fort possible.

— Asarys et Lexy restent avec Athanase, déclara Faïz d'une voix à peine audible.

— Bon sang ! Je ne comprends rien à ce que tu me racontes.

J'avais élevé la voix. Mon ton dur exigeait des explications. Les militaires, avec l'aide des Léviathans, agrippèrent les cordes qui étaient attachées au rideau en métal.

— NON ! criai-je. Lexy, Asarys, sortez de là.

En entendant mon appel, les filles levèrent les yeux du tombeau. Elles regardèrent dans ma direction et les traits de leur visage se tordirent de panique en me voyant me débattre dans les bras de Faïz. Elles accoururent vers moi, mais le rideau se baissa dans un énorme fracas, les piégeant à l'intérieur de la salle voutée.


Dark Faïz -T 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant