Chapitre 10.1-RAY

1.8K 154 1
                                    

Assis autour de la table, dans le séjour de sa maison, Ray attendait impatiemment que David finisse sa conversation au téléphone avec l'inspecteur Barthey.

— Ton café va refroidir, lui indiqua Asarys tout en changeant l'eau du vase avant de remettre les roses à l'intérieur.

Elle inspira le parfum de son bouquet posé sur le plan de travail de la cuisine.

— Elles sont magnifiques, déclara la jeune femme en adressant un sourire à son amoureux.

— Elles finiront malheureusement par faner.

Sa remarque se voulait naturelle, mais le vif coup d'œil mélancolique qui l'accompagnait l'était moins. Asarys se pinça la lèvre, attristée de voir l'état de l'homme qu'elle aimait passionnément se dégrader chaque jour un peu plus. Le retour de Faïz l'avait plongé dans un triste désespoir sans qu'elle comprenne la cause de son changement d'humeur soudain.

Ray continuait de fixer David qui s'entretenait toujours au téléphone, dans la véranda construite de bois et de briques, un peu plus loin. D'ici, il n'arrivait pas à capter une seule bribe de sa conversation et cela l'agaçait au plus haut point.

— Pourquoi a-t-il besoin de se confiner là-bas pour discuter ? grommela le jeune homme.

— Peut-être parce que ce ne serait pas très poli d'être au téléphone à table ! rétorqua Asarys d'une voix aigre.

Elle enfila sa veste et attrapa en vitesse un donut sur la table. Ray l'arrêta au vol en passant son bras autour de sa taille et l'obligea à s'asseoir sur ses genoux. Cette dernière contempla son visage mince qui se terminait par un menton pointu puis plongea son regard dans ses yeux bleus ombrageux. Son grand charme naturel lui faisait toujours autant d'effet, même au bout de toutes ces années.

— Je suis désolé, s'excusa Ray.

Asarys le considéra un instant avant de poser une main sur sa joue, et demanda :

— C'est quoi le problème ?

— Juste un problème... difficile à résoudre.

La jeune femme changea de visage et le regarda avec une expression d'étonnement. Comprenant que celui-ci ne lui dirait rien de plus, elle répliqua sèchement tout en se dégageant de l'étau de ses bras :

— Faïz va arriver d'ici peu ! Je dois partir chercher Zoé à Elora.

Les traits de Ray se cassèrent sur son visage.

— Que vient-il faire chez nous ? s'exclama-t-il fou de rage.

Asarys ne put s'empêcher de répondre avec malice :

— C'est moi qui lui ai demandé de passer pour régler ce problème... difficile à résoudre.

Avant que le jeune homme ne puisse répliquer quoi que ce soit, cette dernière avait déjà traversé le grand séjour et claqué la porte derrière elle.

David arriva quelques instants après et s'installa à la table en essayant d'adopter un comportement le plus naturel que possible.

— Que disait Barthey ? l'interrogea aussitôt Ray sans s'embarrasser de politesse.

Son ami déglutit et voulut gagner du temps en prenant une longue gorgée de son café. Ray, impatient, serra sa mâchoire, le regard menaçant.

— Ils ont fini d'analyser la collection des tableaux de Victoria.

— Et ? Ont-ils trouvé le tombeau du Maestro ? demanda son ami, pressé d'en savoir plus.

— Oui !

Ray ouvrit la bouche, mais la referma instantanément. Les muscles de son visage s'affaissèrent et pendant quelques secondes, le temps s'arrêta autour de lui. Mille et une choses lui traversèrent l'esprit. Il porta ses mains à son visage et massa nerveusement son front.

— On y est, murmura-t-il. Nous avons enfin la localisation de ce fichu tombeau !

David hocha la tête avant de baisser les yeux afin d'éviter de croiser le regard de son ami. Il aurait voulu célébrer cette nouvelle, mais le cœur n'y était pas. Des mains invisibles semblaient l'étrangler... les mains de Faïz.

Soudain, la sonnerie de l'entrée retentit.

— Tu attends quelqu'un ? demanda David en fronçant les sourcils.

— Il y a dix minutes, je t'aurais dit que non, mais Asarys a invité le loup dans la bergerie sans me demander mon avis.

— Faïz ? paniqua David.

Ray se dirigea vers la porte d'entrée d'un pas nonchalant et répondit en haussant la voix :

— Oui. Ça tombe bien, ma rage a désespérément besoin d'un exécutoire physique en ce moment.


Dark Faïz -T 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant