Chapitre 9.3

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Le centre opérationnel d'urgence n'était pas bien grand et décoré sobrement. Des cartes, des plans, ainsi que plusieurs portraits d'individus étaient accrochés aux murs. Une seule lumière éclairait tout juste l'espace et jetait une lueur indécise sur les visages fermés autour de la table. Finalement, les locaux du FBI n'avaient rien de flamboyant, bien au contraire. Asarys, à côté de moi, confiait à voix basse à Lexy son désarroi à propos du comportement étrange de Ray vis-à-vis d'elle. David et Julio se tenaient en face de nous et échangeaient avec plusieurs agents sur la politique intérieure menée par le gouvernement, et l'inquiétude grandissante de la population depuis ce matin après la parution de l'article dans le Los Angeles Times. Un peu plus loin, sur ma gauche, en bout-de-table, Barthey et un autre homme recueillaient les paroles de Masha avec le plus grand sérieux. Ils notaient les informations qu'ils considéraient comme essentielles.

Je balayai la pièce des yeux. L'agent Martinez semblait manquer à l'appel. Faïz était, quant à lui, en retard pour cette réunion de fin d'après-midi. Sûrement devait-il régler le maximum de choses avant de venir ? Trac-Word, son divorce, et le monde... ça faisait beaucoup.

— C'est toute cette histoire qui le met dans cet état. Il est en train de perdre complètement la raison.

Lexy essayait comme elle pouvait de rassurer notre amie.

— Je sais bien que personne ne peut être tout à fait normal en ce moment, continua-t-elle. Mais tu devrais le voir. Je ne le reconnais plus.

Je me penchai vers Asarys en posant ma main sur son dos pour la réconforter.

— Quand tout ceci sera fini, vous devriez partir quelque temps, histoire de vous retrouver un peu tous les deux.

— Zoé à raison, renchérit Lexy. Tu as toujours rêvé de faire l'Europe. Maintenant que tu connais quelques mots en français, c'est l'occasion d'aller visiter Paris. Tu diras aux Parisiens à quel point leur langue est chiante et en plus de ça, la plus illogique du monde !

Asarys émit un petit rire et nous lança, à Lexy et à moi, un petit regard de remerciement. Soudain, Barthey claqua dans ses mains pour attirer notre attention.

— Bien ! Nous allons pouvoir commencer cette réunion d'urgence.

L'inspecteur examina la pièce du regard, sûrement à la recherche de Stephen. En constatant son absence, il reprit d'un ton monocorde :

— La population veut des réponses. En effet, la couleur du Dôme n'a jamais été aussi préoccupante et l'article du Los Angeles Times de ce matin n'arrange rien aux choses. Il souligne l'inefficacité de notre gouvernement à assurer la sécurité du pays face aux attaques qui se préparent contre lui, et nous accuse de créer la désinformation avec des réponses floues. Le journal pointe également du doigt les mesures prises pour étouffer une possible catastrophe naturelle mondiale à venir.

Karl Barthey marqua une pause. L'expression de son visage était inquiète, figée par la tension qui régnait dans la pièce.

— La Maison-Blanche demande que des mesures de communication soient rapidement mises en place pour éviter les émeutes et la panique dans le pays. Cependant, il est important de ne révéler que le minimum sur la véritable nature de la situation. Un communiqué va donc être envoyé à toutes les chaînes d'informations de Californie pour leur faire part des conclusions d'enquêtes menées par le service du département d'État, ainsi que celle de l'Organisation mondiale de la santé. Nous confirmerons ce soir un risque de pandémie d'ampleur internationale et déclencherons dans le même temps, l'alerte de niveau 5.

— Qui consiste à quoi exactement ? le coupa Asarys.

Barthey et les agents du FBI s'échangèrent un bref regard. Je compris que je n'allais pas aimer la suite.

— Qui consiste à ne montrer que la partie visible de l'iceberg. Nous demanderons à tous les habitants de rester confinés chez eux, puis nous procéderons à la fermeture des aéroports, des routes et des frontières. Le gouvernement réquisitionnera les stades ainsi que les gymnases, les campus, tous les lieux publics en espace fermé, pour y regrouper la population ensemble. Il faut éviter que les gens soient dispersés un peu partout si nous voulons contrôler la situation. Une partie des Léviathans ainsi que l'armée garderont ces lieux.

— Ce mode de confinement est impossible à mettre en place ! Vous allez déclencher une ruée vers les banques, mais pas que.

Ma réponse fut véhémente. La porte de la salle s'ouvrit au moment où j'allais argumenter ma réponse. Faïz entra à la volée. Sans s'excuser de son retard, il partit directement s'asseoir autour de la table, juste en face de moi. Je risquai un regard en sa direction, il me fixait de ses yeux chargés d'intensité. Mal à l'aise, j'essayai tant bien que mal de reprendre le cours de mon échange avec l'inspecteur après m'être raclé la gorge.

— Donc, je disais que les citoyens vont se jeter sur les magasins d'alimentation, les pharmacies, les hôpitaux. Los Angeles est une ville portuaire. Si en plus des attaques nucléaires nous devions véritablement faire face à une pandémie, la contagion se propagerait très vite. Le danger est aussi présent au-delà des frontières. C'est l'ensemble de la planète qui est concerné.

— Toutes les armées se préparent, répondit Julio. Les Sylphes diminuent au maximum le courant des eaux des océans pour ralentir la progression des porte-conteneurs transformés en navires d'attaques. Les Léviathans sont aussi sur le pied de guerre en ce moment.

— Exact ! répliqua Karl, les mains sur les hanches. Sur Terre, notre stratégie est d'attirer les hommes de Pavel à l'extérieur de la ville pendant que la population sera confinée.

— Et pour le virus ? demandai-je. Il ne peut pas se combattre avec les armes, lui.

— Trac-Word est sur le point de trouver le vaccin du Dn-vara18, fit observer Masha, le visage souriant. En effet, avec monsieur Mattew, nous parlions justement de ça, lors de notre entrevue de cet après-midi.

Dark Faïz -T 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant