Chapitre 11.7

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FAÏZ

Le jeune homme n'aurait jamais cru, quelques heures auparavant, qu'il se retrouverait dans cette demeure plus effrayante que lugubre, lampe de torche à la main. Les fenêtres étaient condamnées avec des briques. Le sol et les meubles poussiéreux laissaient penser que la maison de Pavel était quasiment abandonnée. Les murs étaient recouverts à certains endroits d'une épaisse pâte semblable à de la moisissure. Une forte odeur de renfermé et d'humidité s'échappait des cloisons. Quant au plafond, détrempé par la pluie, il paraissait s'affaisser. Faïz, au prix d'un laborieux effort, restait sur ses gardes, se concentrant uniquement sur les bruits environnants. Il savait qu'il n'avait plus beaucoup de temps. Le Dôme allait exploser d'une minute à l'autre. Le jeune homme toucha l'écrin au fond de sa poche de pantalon afin de s'assurer qu'il était toujours en possession de la pierre censée emprisonner à tout jamais le Maestro dans le corps de Pavel.

Il s'apprêtait à monter à l'étage quand un cliquetis de chaînes attira soudain son attention. Le bruit semblait parvenir de plus loin, en dessous de la maison. Il doit forcément y avoir un moyen de descendre, pensa-t-il. Il se remit à explorer plus attentivement les recoins de cette vieille bâtisse en ruines. Après avoir touché chaque centimètre du mur humide, Faïz poussa par hasard la table en bois un peu plus fort qu'il ne l'aurait voulu. Le meuble s'écrasa contre le mur qui menaça de s'écrouler. Le jeune homme cracha ses poumons au moment de soulever le gros tapis. La poussière était telle qu'elle recouvrit ses vêtements. Son regard se posa sur une trappe cadenassée, qu'il arracha sans mal d'une seule main.

Faïz arpentait depuis plusieurs minutes un immense tunnel pas très large, creusé sous terre et non éclairé. Le bruit des chaînes se rapprochait au fur et à mesure qu'il avançait. Il arriva devant une vieille porte en bois, entrouverte, qui donnait sur une première pièce vide. Des traces de pas attirèrent son attention, témoignant du récent passage de plusieurs individus. En observant attentivement l'endroit, ses yeux tombèrent sur une plume au reflet ivoire. Le jeune homme se figea. Son souffle se coupa tandis que son cœur s'affolait à une vitesse inhabituelle. Faïz sentit la colère l'envahir avec une puissance absolue, tel un tsunami. Il ramassa la plume tombée des ailes de Georgia, puis se dirigea d'un pas rapide dans la salle suivante, entrouverte elle aussi.

Il dut porter son bras à son visage pour se protéger de la lumière aveuglante qui noyait la pièce quand il s'engouffra à l'intérieur. Ses yeux mirent quelque temps à s'habituer. Il éteignit sa lampe torche qui n'était plus d'aucune utilité et se mit à examiner scrupuleusement les lieux en comprenant que tout se jouerait ici. De grands spots étaient disposés aux quatre coins de cet étrange bunker sous terre. Sur le côté étaient disposés une rangée de cachots et une autre porte se trouvait à l'opposé de la première. D'étranges objets, comme des crânes humains, des bocaux ou encore des livres anciens, étaient placés sur d'immenses étagères en bois. L'endroit était vaste, avec une grande hauteur de plafond. Faïz ne s'était pas rendu compte qu'il s'était autant enfoncé. Soudain, un bruit assourdissant de chaînes résonna, brisant ainsi le silence lourd du lieu. Il provenait d'une des cellules. Au moment où Faïz se dirigeait vers cette rangée sordide de geôles, la porte du fond s'ouvrit, stoppant net le jeune homme dans sa lancée. Pavel, à la carrure impressionnante et monstrueuse, apparut, un sourire démoniaque sur les lèvres. Son torse nu, recouvert de tatouages, révélait des muscles saillants. Les veines apparentes sur ses bras donnaient un effet de relief aux dessins marqués sur sa peau. Malgré le physique repoussant de ce dernier dont la mort semblait peinte sur tout son corps et incrustée jusque dans sa chair, Faïz ne se démonta pas. Aucune peur ne se lisait sur son visage. Il n'eut même pas un geste de recul face à cet homme habillé d'un treillis militaire au tissu épais et chaussé de bottes de Rangers.

— Bonjour, valeureux soldat.

Aucun être humain sur Terre ne possédait une voix aussi caverneuse. Cette voix n'était ni humaine ni bienveillante. Le Maestro était bien dans ce corps qu'il avait façonné d'une façon à être reconnu de tous. Faïz souleva son menton avec arrogance, le regard sombre. Il espérait que Masha ne tarderait pas à arriver. Peut-être restait-il une once d'humanité tout au fond de Pavel ? Faïz s'accrochait à cet espoir sans trop vraiment y croire. Lui, qui n'imaginait pas un seul instant, pouvoir un jour renier sa fille.


Dark Faïz -T 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant