Chapitre 14.7

1.5K 132 3
                                    

FAÏZ

David était désormais seul avec Ray dans l'immense salle où c'était tenu, un peu plus tôt, l'entretien journalistique avec Jul.

— Belle cérémonie, souligna Ray tout en s'appuyant contre la table ovale.

Son regard ne quittait pas celui du jeune homme qui semblait de plus en plus mal à l'aise en sa compagnie.

— De quoi voulais-tu me parler ? demanda David de but en blanc.

— Du tombeau du Maestro. Je sais que tu connais, avec Barthey, l'endroit exact où il se trouve. Et j'aimerais, non, je veux, que tu me dises où il est.

David sentit son rythme cardiaque s'accélérer. Tiraillé avec sa conscience, le moment était venu de faire un choix qui serait sans nul doute le pire de son existence. Ray, de son côté, savait qu'il devait abattre toutes ses cartes, il en allait de la vie d'Asarys et de celle de Lexy.

— Si tu te tais aujourd'hui, elles mourront. Veux-tu avoir leurs morts sur la conscience jusqu'à la fin de tes jours ? Ça te hantera toute ta vie. Personne ne peut vivre avec ça sauf quelqu'un comme Faïz.

— Il ne le fait pas par gaieté de cœur, crois-moi. Il a cherché par tous les moyens de contourner ce chapitre du Callis, mais nous ne pouvons changer une prophétie. La Banshee...

— Ne me parle pas de la Banshee ! hurla Ray en renversant violemment le fauteuil à sa droite avec sa main.

David, sentant les choses déraper, recula. Il essayait de respirer par petits coups en se demandant pourquoi c'était toujours à lui que revenaient les décisions les plus pourries. Un tas de choses lui vint en tête. Peut-être qu'après tout, Ray pouvait vraiment faire quelque chose et changer la fin de l'histoire ? Sauver ses amies qui lui était si chères et garder son amitié intacte avec Zoé et... et...

— Donne-moi juste le nom, David. Il n'y a pas à peser le pour et le contre. Je me charge du reste. Tu n'auras aucun sang sur les mains. Laisse les regrets et les remords pour les autres. Tu auras tout le monde auprès de toi pour ton mariage avec Morgan. N'est-ce pas ce que tu désires ?

Après avoir laissé passer plusieurs secondes, le jeune homme déglutit et hocha la tête.

— , souffla-t-il du bout des lèvres.

Ray écarquilla les yeux, pleins d'espoirs. Ses épaules semblaient soudain peser moins lourd.

— L'île Grecque ?

— C'est ça, confirma David dont les genoux menaçaient de céder sous lui.

Il était effrayé des conséquences qu'aurait sa révélation. Paniqué, il ajouta :

— Si tu veux avoir une chance de les sauver, tu dois partir dès demain, avant tout le monde. Là-bas, je resterai en contact avec toi.

Ray porta ses mains à sa tête et tira sur la racine de ses cheveux. Soulagé, il soupira profondément.

— Merci. Je ne peux pas vivre sans elle. Je n'oublierai jamais ce que tu as fait pour moi.

La bouche sèche, le jeune homme répliqua :

— Ne traîne pas, Ray, et n'attire pas l'attention sur toi. À ta place, je ne dirais rien à Asarys. Dis-lui que tu dois partir quelques jours. Tu sais à quel point c'est facile de lire en elle. Faïz saura tout de suite si elle est au courant de tes plans.

Le jeune homme s'empressa de prendre David dans ses bras afin de le remercier, mais ce dernier resta droit et ne rendit pas cette accolade, trop occupé à chasser le goût amer de sa bouche : le goût de la trahison.

— Je me sauve. Je dois m'occuper du départ, dit Ray en s'éloignant au pas de course. Je compte sur toi pour trouver quelque chose à dire aux autres à propos de ma soudaine absence.

Quand la porte se referma, David ramassa le fauteuil qui avait été jeté à terre avec colère et se laissa tomber dedans, la tête en vrac. Affalé, le visage dans une main, il entendit la porte de la succursale s'ouvrir doucement derrière lui. Il ne tourna pas le visage vers les pas qui se rapprochaient doucement. Le jeune homme savait exactement de qui il s'agissait.

— Bien joué, déclara Faïz à voix basse sur un ton qui se voulait rassurant.

— Et maintenant, que va-t-il lui arriver ? demanda David en relevant la tête sur la porte qu'avait ouvert Ray quelques instants plus tôt.

— Les autorités l'attendront sur le sol grec. Il sera enfermé le temps que la mission soit terminée.

— Tu vas le détruire.

— Je le sauve en l'éloignant de tout ça. Sa vie m'est précieuse, bien plus qu'il ne l'imagine.

— J'aurais aimé que tu dises la même chose d'Asarys et de Lexy.

Faïz leva la tête en direction du plafond avant de partir s'asseoir en face de David.

— Il y a des choix à faire. Tu dois laisser les filles partir.

Son interlocuteur se leva, le regard rempli de colère et d'amertume pour ce brun ténébreux et partit rejoindre la sortie. Avant d'ouvrir la porte, il se retourna une dernière fois :

— Tu n'es pas le gentil dans cette histoire, Faïz. Qu'est-ce qui te différencie du Maestro ?

— Je suis sur Terre, pas lui ! répondit le jeune homme sans prendre la peine de se retourner vers David. Prépare les billets d'avion pour Carthagène. La Colombie nous attend.


Dark Faïz -T 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant