Day 117

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Samedi 11 janvier

La brise maritime fait voler les mèches qui se sont échappées de mon chignon dont le vent a fini par avoir raison. Le spectacle de l'océan déchaîné est aussi envoutante que terrifiante, et j'ai du mal à détacher mes yeux de celui ci.

Livaï marche un peu devant moi. Il nous a emmené à la côte, loin d'être déserte malgré l'heure tardive. Plusieurs familles sont encore là, ainsi que des groupes d'amis et certaines personnes qui semblent un brin trop à l'aise quand il s'agit de montrer l'affection qu'ils ont l'un pour l'autre.

-"On peut s'asseoir un peu ?"demandais-je après un moment, fatiguée de marcher dans le silence.

Toujours sans un mot, Livaï prend place sur le petit muret qui sépare la plage de la rue. Il fixe à son tour les vagues et je m'excuse une seconde pour aller nous chercher des pois chiches cuits à la vapeur. Il fixe le petit carton que je lui tends avec un mélange de dégoût et de curiosité, ce qui me fait rire.

-"Crois-moi, c'est délicieux ! Ça s'appelle "Tayb o hari". C'est des pois chiches cuits avec un tas d'épices, rien qui ne risque de te tuer."

J'ai besoin d'insister encore quelques secondes pour qu'il accepte d'en goûter. Il semble plutôt agréablement surpris, car même s'il ne dit rien, il se met à en prendre seul.

Je prends place près de lui et déguste à mon tour, le goût familier me rappelant ma maison. Mon regard erre et je ne peux retenir un petit rire quand je vois des enfants jouer dans le sable, ce qui semble interpeller Livaï qui me fixe, un sourcil levé.

-"On est venu ici un soir quand j'étais plus jeune. Enfin pas ici, mais dans une plage du coin, avec une cousine à moi. Mes parents nous ont laissé descendre dans le sable pour jouer un peu. Il faisait nuit, mais il y'avaitdu monde.  Sauf qu'on s'est trop éloigné. La marée était basse, et comme on ne comprenait pas grand chose à ça à l'époque, on a continué à s'enfoncer jusqu'à l'eau. Mes parents ont failli mourir d'inquiétude quand ils nous ont perdu de vue. On était sacrément connes quand même."

-"D'où vous sont venues les couilles pour vous aventurer sur la plage seules en pleine nuit ?"

J'haussais les épaules en me remémorant les détails de la scène, jusqu'au T-shirt vert que m'avait acheté ma tante.

-"On devait avoir dix ans, voire moins. On ne savait pas ce qui pouvait nous arriver. Maintenant, j'adorerais oser, mais je n'ai pas spécialement envie de tomber sur un psychopathe."

-"Tu es bien descendue avec moi l'autre jour alors que j'aurais très bien pu te buter là bas sans que personne ne le sache."

-"Hahaha. Très drôle Livaï."rigolais-je sarcastiquement, "Je te fais confiance, c'est tout. Et puis cette nuit là, honnêtement, j'aurais pû suivre n'importe qui."

-"Pourquoi ?"

-"Je me sentais mal. Genre, énormément. Et j'ai eu la chance de tomber sur toi."

Livaï roula des yeux en me regardant comme si j'étais la dernière des idiotes.

-"Je pense avoir compris que tu te sentais mal. Ce que je veux savoir c'est le pourquoi du comment." En sautant du muret, Livaï me tend une main pour m'aider à descendre aussi, "Un petit tour, ça te dit ?"

-"Je suis une jeune femme indépendante, je n'ai pas besoin de toi pour descendre de là."répondis-je, heureuse de pouvoir changer de sujet.

Sauf que j'ai oublié de prendre en compte que le mur, bien qu'il semble mesurer à peine un mètre vu de la rue est beaucoup plus haut de l'autre côté, ce qui me rappelle drôlement l'épisode de la grille, sauf que là, je n'ai rien pour me rattraper. Je ne peux que sauter pour atterrir au sol qui doit se trouver à deux mètres de moi au moins.

-"Tu... Tu es sûr que je ne vais pas mourir si je saute ?"demandais-je en brun, plus aussi sûre de moi qu'avant.

-"En principe non. Puis je suis là pour te rattraper."

-"Vraiment ?"

-"Nan, je déconne. Tu te démerdes. Ça t'apprendra à refuser mon aide."

Je souffle et me concentre autant que possible, puis me laissa tomber en m'accrochant jusqu'au dernier instant au muret. Même si j'ai failli me déboîter l'épaule et que mes mollets sont limite brisés, je me tiens fièrement -du moins autant que le permettent mes muscles endoloris- et nargue Livaï.

-"Tu vois que je n'ai pas besoin de toi."

Un rictus étire les lèvres de Livaï, et ça, ce n'est jamais un bon signe.

-"Tu as vraiment, mais alors vraiment pris la confiance toi."

-"What are you going to do about that honey ?"

En réponse à ma provocation, il s'approche tel un félin et en deux temps trois mouvements, je me retrouve sur son épaule, à me débattre vainement.

-"Pourquoi ne pas profiter de l'occasion pour une baignade nocturne ?"

-"LIVAÏ ! NON ! LÂCHE MOI PUTA*N ! LIVAÏ ARRÊTE TOI BORDEL !"Vociférais-je en le voyant marcher calmement vers l'étendue d'eau, comme s'il ne portait pas une humaine, "LAISSE MOI PARTIR ESPÈCE DE TAS DE MUSCLES ÉCERVELÉ !"

-"Tu veux vraiment jouer à ça ?"

Le mal est fait, ce n'est pas comme si je pouvais me retrouver dans une situation plus terrible.

Sauf que je me rappelle que mon téléphone est dans la poche de mon jean.

-"STOP ! J'ai mon téléphone sur moi ! S'il lui arrive quoi que ce soit je te le ferais payer !"

Il pousse un sifflement et fais mine de lâcher prise. Au moment où je me dis que je vais tomber et que c'en est fini de moi, il me rattrape. En fait, pour lui, je suis limite une poupée. Sous l'effet de la peur, je tente de me rattraper à lui et me met à lui gueuler dessus. Ce con va finir par me faire avoir un arrêt cardiaque.

-"Et bien dis donc, ta langue est sacrément pendue pour une peureuse pareille."

-"C'est pas toi qui a l'impression d'être entre la vie et la mort !"

-"Tu abuses énormément là. Ce n'est pas toi qui disait avoir confiance en moi."

-"Tu es limite en train de jouer avec moi comme si j'étais un puta*n de bâton ! Y'a pas moyen que je te fasse confiance dans cette position !"

Il souffle et en une fraction de seconde, je me retrouve calée contre son torse, une main sous les genoux et l'autre soutenant mon dos. Quand je relève la tête et que nos regards se croisent, je me tais instantanément.

-"Cat got your tongue ?"me provoque t-il.

-"Enc*lé."

-"Tas de merde."

-"Nain narcissique."

-"Tu réalises que je peux toujours te balancer à la mer, non ?"

Je lui saute limite dessus et passe mes bras autour de son cou.

-"Si tu lances, je te tire avec moi !"menaçais-je.

-"Ah bon ?"

Comme si je n'étais pas assez intimidée par notre ancienne position, je me retrouve encore plus proche de lui.

La même proximité que cette fois en classe, quand je me suis retournée brusquement pour tomber nez à nez avec lui, le jour où j'ai commencé à l'ignorer.

Sauf que cette fois, je sais que ça ne se reproduira pas, car je ne pense plus pouvoir me passer de cet idiot.

C'EST L'ANNIVERSAIRE DE MON LILI D'AMOUR.

Petit chapitre pas très intéressant, vu qu'il y'aura un peu de drama pour le prochain :) en attendant, BISOUS MES PETITS NEKOS.

~Caporal Neko

200 days 《Livaïxreader》Où les histoires vivent. Découvrez maintenant