Day 32

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Vendredi 18 octobre 2019.

Livaï ne parle pas aujourd'hui. Il se contente de fixer le paysage avec une expression plus ennuyée que jamais tandis que son froncement de sourcil accentue son air énervé. Je n'ose même pas lui demander ce qui ne va pas. Peut-être que son chat a finalement au raison des rideaux ?

Hanji n'est pas de meilleure humeur. Je tente à de nombreuses reprises de lui dénouer la langue, mais elle se cloitre dans un mutisme extrêmement perturbant de sa part. Même quand elle est énervée habituellement, elle ne se retient pas longtemps avant de dire pis que pendre de quiconque a osé attiser sa colère. Mais cette fois, c'est différent. Quelque chose la tracasse.

Même le professeur Shadis pour qui elle voue une admiration sans limites et qui, malgré son exaspération face à sa suractivité, apprécie ses interventions pendant le cours semble le remarquer. Il passe à plusieurs reprises près de notre table, lui pose des questions tordues et lui dit même à voix basse d'aller se laver le visage à une demi-heure de la fin du cours.

Pendant la pause, alors que j'essaie d'interpeller pour voir ce qui ne va pas, elle disparait en un clin d'œil et je n'arrive pas à retrouver sa trace.

On a une heure creuse plus tard, donc presque tout le monde sort prendre un encas et relâcher un peu la pression que leur met le professeur de physique. J'appelle Hanji pour lui dire de nous rejoindre, et pour la première fois depuis que je la connais, elle décline mon appel.

Cette fois, c'est sûr, il ne s'agit pas d'un manque de sommeil ou de caféine. Hanji a un problème.

Je laisse les autres partir sans moi et demande à Armin de me ramener une crêpe avec lui. Le petit blond l'ignore, mais le café d'où il doit l'acheter est celui dans lequel se trouve Nifa pendant cette heure.

Je m'adosse à l'arbre le temps que la cour se vide et que mes camarades de classe quittent le lycée puis commencer à fouiller chaque endroit où Hanji est susceptible de se trouver.

Mais rien, nada, welou. Le gymnase, les vestiaires, le réfectoire, le parkkng des profs, l'infirmerie, le laboratoire et les toilettes sont vides.

Énervée par mon échec, je trouve refuge dans un espace situé sur le toit du gymnase. Plusieurs élèves de ma promotion le connaissent, mais son état déplorable fait qu'il est souvent vide. C'est un petit coin délabré auquel on a accès par des escaliers étroits reliés à la cour devant. Sauf que pour y arriver, il faut déjouer l'attention du surveillant et traverser un petit portail, souvent fermé à clé.

Cela me donne l'impression d'être une traceuse, alors que je ne fais que sauter des barreaux d'un mètre de haut et d'éviter les marches en trop mauvais état.

Je m'assois là-bas, écouteurs dans les oreilles et commence à faire défiler mon fil d'actualité Facebook. À part les memes partagés en masse par Jean, Eren, Connie et Sasha, rien ne m'arrache un sourire ou me fait penser à un sujeg essentiel.

On vit dans un monde de cons.

J'enlève les écouteurs quand une conversation particulièrement animée me parvient. La fenêtre de la salle des profs est ouverte et les cris de ses occupants sont à peine contenus. Je distingue vaguement la voix forte et profonde d'Erwin et de...

Hanji ?

-"Mais bord*l Erwin ! Je te dis qu'il a recommencé !"

Qu'est-ce qu'elle fout avec notre prof ? En train de lui gueuler dessus en plus ?

Je secoue la tête. Si elle n'a pas jugé utile de m'en parler, cela ne me regarde pas. Je m'apprête à lancer une nouvelle chanson en me promettant de lui dire que j'ai assisté à cette scène saugrenue quand une porte voisine s'ouvre à la volée et s'écrase contre le mur.

Une troisième vois s'ajoute aux deux autres. Grave, sarcastique et tranchante. Livaï fait son entrée en jeu.

-"Pour la énième, foutez moi la paix puta*n ! C'est si dûr à comprendre que ça ?!"

-"Tu entendais ?" Demanda posément Erwin, comme si de rien n'était.

Alors que je m'apprête à quitter ma cachette pour ne pas en entendre plus, Armin m'envoie un message.

J'ai ta crêpe. Tu me revaudras ça d'ailleurs !

Je souris en descendant les marches beaucoup moins prudemment qu'il n'est requis. Mes pensées sont presque toutes dirigées vers ce que je viens d'entendre.

~Caporal Neko

200 days 《Livaïxreader》Où les histoires vivent. Découvrez maintenant