Mercredi 13 novembre 2019.
Comme notre cher prof de science s'est absenté cet après-midi, nous avons une demi-journée libre. N'ayant rien prévu initialement, quand Hanji me demande de l'accompagner au centre commercial pour faire quelques achats, je n'ai aucune raison de refuser.
Le lieu que les habitants d'ici appellent "mall" pour ne pas se sentir moins modernes que les autres est beaucoup plus petit que celui de ma ville natale. Divisé en deux locaux principaux de deux étages chacun, il compense sa largeur en longueur.
Les magasins du centre commercial se trouvent principalement dans la grande rue qui le parcourt. Les bâtiments servent principalement de "food court", ne laissant que quelques cafés installer leurs terrasses dans la place ensoleillée, avec quelques salons de coiffure et de soins ça et là, en addition aux rares magasins de luxe que presque personne n'approche.
Quand je suis seule, j'aime bien flâner là bas, mais Hanji ne supporte pas de rester trop longtemps sans sauter ou gueuler -à moins d'avoir un tube d'essai à la main-. Donc pour éviter d'être mises à la rue par deux vigiles, je veille à rester dans la rue marchande quand elle m'accompagne.
Pourtant, je ne me sens pas très à l'aise dans cet endroit. J'ai toujours l'impression d'étouffer, avec cette foule et ces milles visages qui m'entourent. Il y'a un seul endroit que je supporte un peu, et c'est là-bas que je décide de m'installer pendant qu'Hanji part nous commander quelques chose au Starbucks du coin. C'est une place plus étroite que le reste de la rue, avec plusieurs bancs et quelques petits cafés qui tentent de survivre face à l'ouverture du nouvel établissemet. Sur le trottoir d'en face, abrité sour une terrasse, un pianiste joue une mélodie particulièrement joyeuse et entraînante. Quelques enfants dansent en ronde devant lui, mais le cercle se dissipe bien vite quand les premières gouttelettes d'eau s'écrasent sur le sol en pierre.
Hanji revient enfin, me tend ma boisson et ma monnaie tout en tentant de se protéger avec les serviettes en papier qu'on lui a donné. Pas très efficace.
Je ferme ma capuche et me couvre la tête en me dirigeant vers le banc près du pianiste. Pourtant, au lieu de s'asseoir à mes côtés, Hanji reste debout, à fixer le musicien comme s'il était un ange tombé du ciel. Je comprends déjà ce qu'elle compte faire quand la mélodie change brusquement. Quand j'entends la nouvelle musique, j'abandonne ma boisson et me lève aussi.
Après avoir échangé un regard amusé et s'être adressé de larges sourires, on commence à danser et à chanter à tue-tête dans la rue rendue déserte par la pluie. Je saute, tourne, crie sous le regard de l'homme, amusé de l'effet de "Gurenge" sur nous. J'avais besoin de ce moment. De respirer. De rire. De me sentir libre. J'ai beaucoup étouffé dernièrement. La jeunesse, le bac, les relations... Tout cela met une pression énorme qui ne semble pas me convenir. Peut-être que pour une fois dans ma vie, je devrais commencer à suivre mon coeur réellement et non mon cerveau. Faire comme Hanji, qui aurait dansé sur n'importe quelle mélodie, dans n'importe quel endroit et devant n'importe quel public.
C'est pour cela que j'ai toujours admiré Hanji. Hanji vit. Pleinement. Elle savoure chaque minute et n'hésite jamais. Bien sûr, il y'a des conséquences, et j'ai assisté à plus d'une de ses crises de nerfs et de ses journées cloîtrée au lit à ruminer sa colère et à regretter ses choix, mais je sais que le sourire si beau qui orne son visage souvent est dû à ces moments que certains voient comme des égarements.
Je n'ai pas beaucoup connu ce sourire. J'aurais aimé, mais l'anxiété est un poids tellement lourd que vos lèvres sont incapables de s'étirer sous son effet. J'ai longtemps fait semblant d'être quelqu'un d'autre pour convenir aux attentes d'Eren, à celles de mes parents, à celles de mes amis et de mon entourage. J'ai tant essayé d'être assez bien pour moi même, et là, en dansant ridiculement et comme une folle sous cette averse, je me dis que c'est cette version là que la moi du passé voulait voir, avec ce bonheur qui éradie de moi.
Le sol rendu glissant, Hanji décide de se débarrasser de ses chaussures pendant que je pars m'abriter à nouveau, peu désireuse de me retrouver clouée au lit plusieurs jours. J'ai tant apprécié ce moment, mais je ne suis pas encore prête à m'abandonner complètement au commandement de mon coeur. Il me faudra du temps, beaucoup de temps, pour m'y faire. Surtout quand il s'agit d'une décision prise sur un coup de tête le temps d'une danse.
-"Hanji, viens, tu vas choper la crève..."
Elle m'ignore royalement, glisse pathétiquement, et se relève comme si de rien n'était pour reprendre sa danse qui tient plus d'un rituel suspect que d'une forme d'art. Connie et Sasha ont de quoi la jalouser.
J'ai beau la tirer et tenter de la ramener à la raison, elle s'obstine à continuer. Apparemment, le seul dont les mots la touchent est Moblit.
Quand la chanson s'arrête enfin et qu'elle s'affale près de moi, le pianiste nous salue d'un hochement de tête et se lève en se dirigeant vers un café du coin.
-"Au fait... Qui va te ramener chez toi ?"demandais-je à mon amie. Après tout, son chauffeur est en congé et les moyens de transport publics ne mènent pas au domaine isolé de sa famille.
Ouai, ils font un peu trop dans l'excès.
-"Ah ouai ! J'ai complètement zapp-Achou ! Je vais appeler Shor-Achou !"
-"Et voilà... Tu vas tomber malade dans un rien de temps, si ce n'est pas déjà le cas..."
-"Ça en vaut le coup ! Alors... Achou ! Shorty, Shorty, Shorty..."marmonne t-elle en cherchant son contact, "Ah ! ACHOU ! Le voilà !"
Elle saisit un message à la va vite et l'envoit. La réponse ne se fait pas attendre.
Dis dis, tu veux bien passer me chercher au mall ? J'ai oublié que le chauffeur n'est pas là et il pleut des cordes ^^'...
Non.
Ah bah au moins il est direct.
Je la vois taper avec enthousiasme et ne peut m'empêcher de me frapper le front du plat de la main.
Cool ! MERCI AMIGOS !
-"Je ne pense pas que tu comprends bien le sens du mot non..."
-"Si, mais je connais Lili, il viendrACHOU !"
-"J'espère..."
On bavarde encore un peu et bizarrement, quand on évoque Eren, mon coeur ne s'emballe pas et je ne cherche pas à en savoir plus.
Ok. C'est chelou.
-"Bon bah..."annonçais-je dix minutes plus tard en regardant ma montre, "Je dois rentrer avant que la nuit ne tombe. T'es sûre que Livaï viendra ?"
-"Mais oui, il est même déjà là !"
Effectivement, la moto du brun s'arrête brusquement devant nous, et soudain, je perds mes mots.
-"Bon, Bah, Beu... Je, Tu... Je dois venir ! Genre, partir ! À demain les gosses ! Je veux dire les gars !"
Et je m'enfuis sous le regard moqueur de Livaï et celui suspicieux d'Hanji.
Ressaisis toi ma vieille. Ses yeux ne sont pas si beaux que cela !
~Caporal Neko
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200 days 《Livaïxreader》
Fanfiction200 jours. Dés qu'ils avaient échangé le premier regard, le compte-à-rebours avait commencé. Ils le savaient, mais ils savaient surtout que ce qu'ils vivaient ensemble était unique, et que leur rencontre faisait partie de celles qu'on ne faisait qu'...