Day 49

3.4K 293 46
                                    

Lundi 4 novembre 2019.

Ma journée s'est très bien passée. Non seulement j'ai échappé au passage au tableau pendant la correction des exercices de physique, mais en plus, mon travail à temps partiel à excellemment débuté : peu de clients, deux collègues à l'écoute et très sympathiques, un emploi du temps pas aussi chargé que ce à quoi je m'attendais, tout y est !

Sauf qu'à la fin de la journée, il a fallu qu'il pleuve. J'aime la pluie, énormément, et il faut avouer qu'avec la crise climatique, elle est la bienvenue. Mais quand on a oublié son parapluie et qu'on n'a qu'un pull assez léger pour se protéger, un froid glacial doublé d'une averse ne constituent pas les conditions météorologiques les plus plaisantes.

Je me retrouve à courir presque en direction de la station du tramway qui me permettra de rentrer chez moi et de retrouver le confort de mon nid douillet. Les bourrasques de vent s'engouffrent dans mon haut et me glacent la peau tandis que ma veste de cuir noire est de plus en plus couverte de gouttelettes. Ce n'est pas mon petit capuchon qui va protéger mes cheveux de cette pluie...

Alors que je soupire une énième fois, concluant qu'il me reste une bonne dizaine de minutes à pied avant d'arriver, mon regard croise celui d'un SDF et je le détourne instantanément. Je me plains de devoir rester sous la pluis quelques instants, mais cette personne devra dormir dans la rue, malgré le déluge.

On a tendance à ignorer la réelle valeur de ce qu'on a et à le prendre pour acquis.

Je me frictionne les bras et jette des regards inquiets autour de moi. Peut-être est-ce seulement le temps qui me donne cette impression, mais malgré l'heure assez tardive, la rue me semble très sombre, beaucoup trop, et même le flot continu des passants ne parvient pas à dissiper la peur qui prend doucement possession de mon être.

C'est là que je le vis.

Adossé à une vitrine, entouré par quelques jeunes à l'allure assez douteuse, Livaï détourne le regard un instant de ses compagnons et me remarque.

Je m'empresse de baisser la tête. En ce moment, que je croise Livaï, Eren ou qui que ce soit d'autre est le cadet de mes soucis. Je veux seulement rentrer chez moi, surtout depuis que j'ai mis les pieds dans ce quartier qui m'était jusqu'à lors inconnu.

Je pensais pourtant connaître la ville comme ma poche, mais pourtant, cette zone proche de la frontière ne m'évoquait rien. Je soufflais fort et continuais. Mon cœur battait à tout rompre et je ne savais pas s'il valait mieux pousser le son de la musique au maximum ou me débarrasser de mes écouteurs.

Il me semblait avoir atteint le centre de la zone. Une odeur de pourriture et d'alcool ainsi qu'une fumée d'origine incertain flottaient dans l'air, m'étouffant doucement tandis que les bruits d'une bagarre particulièrement violente me parvenait. Je pouvais sentir mes jambes vaciller. Cette endroit n'était pourtant pas si lugubre il y'a quelques heures, quand je me rendais à mon nouvel emploi !

Soudain, une main se posa sur mon épaule. Ferme, forte, la poigne de mon interlocuteur me figea sur place et tout mon effroi remontait à la surface. Je devais m'enfuir, quitter cette zone noire de la ville.

-"Oï, qu'est-ce qui t'amène içi ?"

En entendant la voix du brun, je ne pus retenir mes émotions plus longtemps et manquait de m'effondrer, me retenant de justesse au mur que je longeais.

-"Putain... Tu m'as fait peur..."soufflais-je.

-"Je pense l'avoir remarqué. Sérieusement [t/p], qu'est-ce que tu fous içi ?!"

-"Je... je..."balbutiais-je, choquée par son ton d'où émanait un brin de colère, "je rentrer du boulot duquel je t'ai parlé l'autre jour et le trajet le plus court pour la station du tram est-"

-"Alors tu ferais mieux de changer de route, car ce n'est pas le quartier le plus sûr de la ville."

Il passa une main dans ses cheveux mouillés et planta son regard d'acier dans le mien. Même si ma fierté me forcait à tenter de cacher la peur qui m'envahissait, une part de moi espérait qu'il puisse la déceler. Livaï me fixa encore quelques secondes, fronça les sourcils, puis attrapa mon bras et se mit en route.

-"Je te raccompagne. Crois-moi, tu n'as pas envie de savoir ce que peuvent faire les crapules du coin à une jeune fille effrayée."

Un frisson me parcourut. J'avais essayé de ne pas trop y penser, mais maintenant, en la présence de Livaï, l'évidence me frappait.

Le chemin se fit en silence. Le brun m'avait lâché il y'a un bon moment, mais il me lançait de temps en temps des regards en coin. Tout en lui montrait qu'il était en alerte. La menace semblait pire que tout ce que j'avais pu imaginer.

Enfin devant la station, Livaï sembla se détendre un peu. Il resta avec moi jusqu'à ce que le véhicule apparaisse et attendit de me voir y monter.

Même si je l'avais remercié plus d'une fois avant de le quitter, je me saisis de mon téléphone, une fois rentrée chez moi, pour lui envoyer un message.

Merci énormément de m'avoir raccompagné !

Il se contenta de me répondre par un "ouai" et je m'empressai de faire ce qu'il me restait à faire avant de m'emmitoufler dans ma couverture.

La présence de Livaï à mes côtés était tellement rassurante que ce fut vers lui que ma dernière pensée avant de m'endormir fut dirigée.

Normalement, c'était à Eren que je pensais avant de sombrer, et pourtant, ce changement ne me dérangeait pas tant que cela.

~Caporal Neko

200 days 《Livaïxreader》Où les histoires vivent. Découvrez maintenant