Day 130

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Musiques à écouter en lisant :  Little do you know - Alex & Sierra et Heather - Conan Gray

Vendredi 24 Janvier

Je rentre dans l'appartement d'Hanji après ma deuxième semaine passée à tenter de m'accommoder aux insultes et aux railleries. Une fois la porte fermée, je me laisse tomber par terre et m'assois à même le sol, les genoux repliés.

Il faut avouer que sur la longue, cela commence à devenir insupportable.

Je tirais ma force au début de l'idée qu'ils finiraient par me laisser tranquille, que leur montret que je ne comptais pas me laisser faire allait les dissuader de continuer. En gros, que ce n'était qu'une question de temps avant qu'ils ne me foutent la paix.

Mais maintenant, en me rendant compte que même les élèves de seconde savent pour cette histoire entre Livaï, Petra et moi et se délectent des rumeurs et ragots qui courent les couloirs, j'ai compris que pour pouvoir trouver le salut, il faudrait qu'il ait autre chose à raconter. Une autre distraction. Un autre os à mâchouiller.

Je laisse les larmes couler un moment, à peine une ou deux minutes, les essuie et me lève. Hanji doit passer je ne sais où faire je ne sais quoi. Je ne l'écoutais pas vraiment, songeant seulement au moment où je pourrais m'enfuir du lycée qui commençait à me sembler de plus en plus étouffant. Je ferais mieux de retrouver contenance avant son retour.

C'est ma meilleure amie, je lui fais confiance et je pourrais tout lui raconter, mais à moins d'être réellement poussée dans mes retranchements, sur le point d'exploser, je ne pense pas pouvoir lui parler d'un tel sujet. Parce qu'au final, elle me dira ce que tous les autres disent, ces belles phrases qu'on trouve partout. Elle me conseillera de ne pas me laisser intimider et d'avoir de la répartie, ou encore m'assurera t-elle que tout ira mieux.

Sauf que ça ne rend en rien leurs paroles moins douloureuses.

S'il y'avait un autre moyen de m'aider, mes autres amis auraient résolu le problème depuis bien longtemps, alors mieux vaut ne pas la tracasser pour rien avec ceci.

J'enfile un bas de jogging, un pull noir ayant passé par la machine tellement de fois qu'il est devenu gris et me fait rapidement un chignon. Avec mes cernes de trois mètres, mes chausettes arc en ciel qui montent jusqu'au genou et ma paire de pantoufles un peu trop grande, je ne sais même pas de quoi je dois avoir l'air. Quand je passe devant le miroir, celui ci me donne la réponse.

Un sac à patate.

Je pense avoir visionné bon nombre de vidéos dans ma vie où on parle de positivité, d'amour propre et de confiance en soi. Apparemment, l'une des clés pour acquérir ceci est de se regarder dans le miroir et de se répéter de belles choses. Des compliments par exemple.

Comment suis-je supposé complimenter le tas de merde que la glace me reflète ?

Parce que si je le fais, je serais entrain d'essayer de me berner moi même. Autrement dit, je serais conne.

Comme si je ne le savais pas déjà.

Je m'avachis sur le canapé avec un soupir, m'enroule dans un plaid et prend mon téléphone pour faire défiler mon fil d'actualité.

Sauf que rien ne me permet d'oublier ce qui se passe à chaque fois que je traverse le portail du lycée.

Le pire, c'est que ça ne s'arrête plus là. Maintenant, la haine que les autres ont envers moi me pousse à me détester moi-même. De cette façon, je n'ai plus le moindre moment de répit, à part quand je dors.

Mon doigt se fige et je m'interromps dans ce que je faisais, laissant le petit appareil glisser sur mon ventre. Je me passe les deux mains sur le visage, attrape la télécommande et met un programme au pif qui échoue à son tour à me distraire. Rien ne me fait oublier ce qui s'est passé récemment et j'attends impatiemment qu'Hanji rentre pour lui parler de tout et de n'importe quoi. Je pense que c'est la seule personne assez joyeuse pour que son bonheur soit un brin contagieux.

Mes pensées convergèrent pendant les minutes qui suivirent vers Livaï. Je ne sais pas par quel miracle j'ai pu échapper aussi longtemps à ses questions de l'autre jour sans pour autant l'éviter complétement. 

En pensant à lui, les paroles dites et redites dans les couloirs rebondissent sur les parois de mon crâne et viennent me torturer. Je me souviens de cette fille qui avait répété que je n'étais qu'un remplacement, de ce groupe qui avait profité de la file d'attente dans le réfectoire pour me détailler sous toutes mes coutures et me comparer avec Petra, ou encore ce garçon qui m'avait clairement dit de me méfier car Livaï allait me lâcher pour la première fille venue, voire me tromper.

J'essaie de chasser ces idées. Hanji va venir, elle va traverser le seuil et me sauter dessus. On va rire ensemble en regardant un bon shôjo et on va chanter des génériques de dessins-animés an préparant des cupcakes qu'on finira par brûler.

L'heure avance et Hanji n'est toujours pas là. Je commence à m'inquiéter et lui envoie un message. Sa réponse finit de m'achever. 

Désolé ma chérie, je risque de rentrer hyper tard, genre vers une ou deux heures du mat'. Il y'a encore un tas de boulot à faire pour le projet. T'inquiète, il y'a un chauffeur qui passera me chercher et s'il fait beaucoup trop tard, je trouverais un truc. Vraiment sorry ma belle :( .

Après avoir lu ces quelques lignes, je me relâche, tombant en chute libre dans le gouffre de tristesse auquel je tentais de m'échapper. Les larmes se mettent à couler d'elles même et bien qu'elles me donnent l'impression de me délivrer d'un poids, j'ai l'impression que chaque goutte qui coule sur me joue tombe dans une baignoire pour ne faire que me noyer plus. 

Pour faire court, je n'ai pas été très productive ce soir là. J'ai un peu pleuré, puis vers onze heures du soir, je me suis allongé sur le canapé en tentant de trouver le sommeil, puis me résignai après un quart d'heure. En gros, je n'avais le cœur à rien, même pas à dormir.

Quand je vérifiais l'heure sur mon téléphone pour la douzième fois, ne sachant pas trop quoi faire de ce grand bordel ambulant que j'étais devenu, il vibra. Je venais de recevoir un message de Livaï. Je ne pris pas la peine de le lire, bien qu'étant en ligne. 

Je sentis une nouvelle vibration, puis une troisième. Dix minutes plus tard, ce fut ma sonnerie qui retentit dans l'appartement vide et silencieux, et non le son d'une nouvelle notification.

Avec un cocktail de sentiments conflictuels , balayés par une immense lassitude, je fixais le nom de Livaï sur l'écran sans lever le doigt. Il attendit jusqu'au bout, sans que je ne lui réponde. 

L'instant qui suivit, j'entendis la porte voisine claquer. Le brun vint toquer à la porte de l'appartement et je me relevais doucement. J'avais l'impression d'être un automate sans le moindre contrôle. Je ne fis même pas un effort pour arranger mes cheveux ou ma tenue. En bref, je m'en foutais. 

En attrapant le trousseau de clés posé sur la table basse, je partis ouvrir. Je ne savais pas trop comment, mais au vu de son manque de réaction en me voyant, je compris qu'il ne s'attendait pas à croiser Hanji comme je me l'étais imaginé, mais plutôt moi.

-"Puta*n de merde [t/p] ! Tu ne peux échapper à cette conversation indéfiniment !"

Je le regardais dans les yeux avant de pousser un énième soupir.

-"Tu veux discuter ? D'accord, alors on va vraiment discuter."

Il était temps de mettre les points sur les "i".

Parfois je me demande comment mon cerveau fonctionne. Bon et bien, nouveau chapitre j'imagine. 

J'ai tellement sommeil putain.

Merci pour tout.

~Caporal Neko

200 days 《Livaïxreader》Où les histoires vivent. Découvrez maintenant