Day 200

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A lire en écoutant : Taylor Swift - Coney island ft. The National. 

Jeudi 7 avril

Ma première remarque à mon réveil était qu'il faisait beau aujourd'hui. Même à travers les volets encore fermés, je pouvais dire que le temps était parfait pour une petite promenade.

Je m'étirais, fit ma toilette et me mis devant le placard pour choisir ce que j'allais porter. J'avais au début hésité entre un chemisier et un pull léger, avant de repenser au date qui m'attendait et de jeter mon dévolu sur une robe beige que j'avais. En l'accordant avec des bottines noires, une ceinture corset et un long trench, je me dis que je pourrais à la fois ne pas paraître trop extravagante pour les cours et sembler plus que présentable. J'aimais beaucoup cette tenue. C'était le type qui boostait ma confiance en moi.

Les quatre heures de Shadis furent étonnement longues. Pas que ce n'était pas le cas d'habitude, mais c'était presque comme si à chaque fois que je jetais un regard à l'écran de mon téléphone, l'heure reculait.

Comme nous avions l'après-midi libre, mes amis avaient décidé de sortir tous ensemble. Ayant déjà d'autres plans, j'ai dû décliner leur invitation, mais je suis tout de même partie déjeuner avec eux. Ce n'était pas dans le programme de notre rendez-vous, donc autant passer un peu de temps avec eux avant de rejoindre mon petit ami.

Un peu à regret, je me levais une trentaine de minutes avant l'heure convenue avec Livaï, saluais mes amis, et me mit à marcher doucement vers la petite terrasse où nous avions convenu de nous retrouver.

J'avais envie de marcher un peu, je profitais du beau temps et des doux rayons de soleil qui réchauffait ma peau à travers le fin tissu. J'aimais ce genre de journées où la météo semblait s'accorder avec notre humeur. J'étais heureuse, et la ville semblait l'être aussi.

Arrivée sur place, je m'assis à une table et attendis mon cher brun pour commander. Je sortis néanmoins ma bouteille d'eau de laquelle je pris quelques gorgées en faisant défiler mon fil d'actualité, impatiente de le revoir.

Quand je levais la tête entre deux posts, je reconnus sa silhouette au loin. Lui adressant un signe de la main, je remarquais ses traits fermés. Il avait pourtant parlé à Hanji pour lui assurer que sa mère allait bien. Je ne pouvais donc pas savoir ce qui lui faisait adopter cet air stoïque qu'il abandonnait en me voyant.

-"Hey, ça n'a pas vraiment l'air d'aller."Il ne répondit rien, et sans vraiment lui laisser le temps d'en placer une, je sortis un paquet cartonné de mon sac de cours et le lui mis entre les mains, "Au fait, voici le mélange dont je t'avais parlé. Je les essayé hier et j'ai dormi comme un bébé. Je suis sûr que ça te fera du bien. Bien sûr, à moins que tu ne veuilles un médicament si t'as mal à la tête, car à voir ta tronche, tu sembles avoir une vilaine migraine. Je suis sûr d'avoir des comprimés quelques part..."ajoutai-je en entamant une nouvelle fouille dans les entrailles de mes poches.

-"Je t'ai trompé."

Sur le coup, j'ai juste levé la tête et je l'ai regardé. Il semblait sérieux.

Puis, tout m'ai revenu à la fois. Ses absences répétitives, son affection grandissante, cette nuit où il est apparu à mon seuil sans préambules, dégoulinant de culpabilité, cette façon d'agir comme s'il cherchait à se faire pardonner. Tout ce qui m'avait fait douter pendant quelques secondes pour qu'un simple regard de sa part me fasse tout oublier.

-"Ah."

Je ne savais pas quoi dire. Mon corps semblait s'être dissocié de mon âme, et j'en fus reconnaissante. Au moins, cela m'avait évité de trainer ma dignité dans la boue en me donnant en spectacle devant toutes les personnes présentes aux alentours.

La destruction que ce qu'il venait de me dire avait entrainé en moi était telle que je perdis la réelle notion de gravité. Il aurait pu me dire qu'il voulait qu'on aille autre part ou s'excuser d'être en retard que j'aurais réagi de la même façon. Mon expression ne changea pas, ma posture non plus. Même ma voix resta assurée, calme. Seules mes mains tremblantes au fond de mon sac signalaient le séisme qui allait réduire mon cœur en boyaux.

-"J'espère que ça en valait le coup."

Je ne pus rien dire d'autre. Je ne pus même pas le regarder en face une dernière fois.

Je me contentais de me retourner et de m'en aller, me dirigeant mécaniquement vers chez moi.

Il ne dit rien, ne chercha pas à me retenir, à s'expliquer. De tout façon, je n'aurais probablement rien voulu entendre.

Arrivant à deux rues de mon immeuble, je manquais de m'écrouler au sol, ma vue trop brouillée par les larmes pour voir où je posais mes pieds. Je m'assis alors sur le trottoir, incapable d'avancer ne serait-ce que de quelques mètres.

J'en voulais à cet homme qui m'avait fait cela, à mon cœur qui l'avait aimé, à tout le monde qui était aussi insensible à ma peine en ce moment, et à ce foutu temps qui me narguait avec sa brise et son soleil.

Peut-être que c'est mon attachement à cette histoire ou juste mon envie d'écrire des trucs tristes, mais surprise : Il reste un chapitre qui peut compter pour épilogue because why not ? 

Je vous aime.

~Caporal Neko

200 days 《Livaïxreader》Où les histoires vivent. Découvrez maintenant