Dimanche 22 mars
-"T'as des asperges ?"
-"Ouai."
-"Et des oignons ?"
Il chercha un instant dans le cadis avant d'hocher affirmativement la tête. Je continuai alors à réciter les ingrédients inscrits sur ma liste.
-"Ok... Et les framboises ?"
-"Putain..."grogna t-il en passant une main dans ses cheveux, "je savais que j'avais oublié un truc."
Nos regards se croisèrent et je me mis immédiatement en position de défense.
-"Hors de question que j'aille les chercher. Je vais pas reposer un pied dans le rayon des fruits. T'as vu le gosse qui se roule par terre car sa mère ne veut pas lui acheter des fraises alors qu'il est allergique ? Et le couple qui juge tous ceux qui prennent pas des produits bio ? Et l'autre vieux complétement louche qui n'arrête pas de te cogner avec son chariot et à te gueuler dessus ?"
-"Ne me rappelle pas ce con. J'ai failli lui fracassé la gueule avec sa canne."
-"T'as oublié, tu pars chercher."tranchai-je.
-"T'en as de bonnes toi. Elle va pas crever si on lui prend pas ces merdes."
-"Mais elle est malade..."murmurais-je, en proie à un débat intérieur. Ok, je n'avais absolument pas envie de revenir là bas, mais la maladie était ma faiblesse.
-"C'est pas des envies de grossesse non plus. Elle va pas crever car elle n'a pas deux framboises."
Après un moment de silence à se toiser, le caissier nous interpella et rouge de honte, je commençais à vider le cadis. Putain, je n'avais pas remarqué que le client devant nous avait fini.
En me retournant vers Livaï, je vis qu'il avait disparu. J'haussais un sourcil et le temps que l'employé ait presque fini, le brun revint avec deux barquettes qu'il déposa sur le tapis roulant avec un regard noir. Au final, il ne pouvait pas ignorer les demandes de son amie.
-"Pas un mot."déclara t-il entre ses dents.
-"Je n'allais rien dire."répondis-je en ravalant mon sourire.
-"C'est ça. Je connais cette expression."
Sa remarque me fit rire et après avoir payé, nous nous dirigeâmes vers un café du coin pour avoir un petit moment à deux. Depuis quelques jours déjà, on se voyait de moins en moins. Livaï était beaucoup plus occupé et ne pouvait plus assister à nos séances de révision répétitives. Il évitait souvent le sujet, mais je l'avais entendu plus d'une fois parler à sa mère au téléphone et elle ne semblait pas être au mieux. Je me demandais si ce n'était pas ce qui gardait son esprit lointain. J'avais un peu de peine qu'il ne partage pas son mal avec moi. Après tout, on est un couple pour une raison.
En faisant abstraction de ses absences, il se comportait comme avant, comme si cette nuit où il a toqué à ma porte à deux heures du matin et où il a agi si bizarrement que j'en ai perdu le sommeil n'a jamais eu lieu, me traitant même avec beaucoup plus de délicatesse, ce qui me rendait perplexe. Bien sûr, ça me faisait plaisir, mais je n'avais pas de problèmes avec le Livaï d'avant. Celui ci agissait comme s'il tentait de se faire pardonner. Depuis l'attaque, il avait changé, imperceptiblement, puis tout d'un coup. Son nouveau aspect beaucoup trop protecteur ne me plaisait pas vraiment.
-"Quand même, ça commence à en faire beaucoup. C'est quoi, la cinquième fois qu'elle tombe gravement malade en quelques mois ?"
-"C'est Hanji, faut pas chercher. C'est la meuf qui sort danser sous la pluie peu importe la température et qui sait terriblement mal prendre soin d'elle. C'est limite si elle le fait exprès."Répondis-je en prenant une gorgée de mon cappuccino.
-"T'as pas tort. Il suffit que Moblit ferme l'œil pour qu'elle trouve un moyen de foutre tous ses efforts pour la faire vivre dans des conditions saines en l'air. Je me demande comment elle n'a pas encore crevé."
-"C'est car tu es là pour prendre la relève."
-"Tch."
Il détourne le regard pour masquer sa gêne. Livaï, outre son caractère légèrement merdique et son amour un peu... violent, était réellement un ami exemplaire. Sauf que pour voir cette facette de lui, il fallait escalader un mur titanesque et traverser un parcours digne des plus hauts combattants.
Mais ça en valait la peine. Il en valait la peine.
J'aimais ces moments calmes qu'on passait ensemble. Où, malgré toutes nos conversations et nos échanges, je sentais que j'apprenais de nouvelles choses sur lui. Aujourd'hui par exemple, au marché, j'avais appris qu'il préférait les yaourts vanille et qu'ils détestaient ceux à l'arôme coco. C'était important à savoir.
En y repensant, en arpentant les rayons pour faire les courses pour une Hanji qui a -encore une fois- choppé la crève, j'avais eu l'impression qu'on était un vrai couple. Pas des ados qui s'attirent physiquement, mais de jeunes adultes qui partagent leur vie. Et ça, ça m'a mis du baume au cœur.
Et ça m'a aussi fait réalisé une chose. L'idée d'un futur avec lui ne me déplaisait absolument pas. Je n'avais l'impression qu'un truc clocherait ou que ce n'était pas ce que je cherchais. Je me disais qu'une vie passée à ses côtés semblait étrangement paisible et plaisante, en contraste avec son caractère.
Bordel. J'étais si amoureuse de lui. Tellement que je pus m'empêcher de penser à la phrase de Hemingway.
"If two people love each other there can be no happy end to it."
Ce que je pouvais dramatiser parfois.
Mon expression en écrivant ce chapitre :
Faites de cette information ce que vous voulez.
Sur ce, on se retrouve bientôt pour la suite.
Ah, et pour la forme, plus que sept chapitres ;).
~Caporal Neko
VOUS LISEZ
200 days 《Livaïxreader》
Fanfiction200 jours. Dés qu'ils avaient échangé le premier regard, le compte-à-rebours avait commencé. Ils le savaient, mais ils savaient surtout que ce qu'ils vivaient ensemble était unique, et que leur rencontre faisait partie de celles qu'on ne faisait qu'...