200 days 《Livaïxreader》

Day 15

Mardi 1 octobre 2019.

Assise au même endroit de la cour où Livaï se tenait la dernière fois avec ses deux amis, je mange mon repas à petites bouchées. Ma fièvre a un peu baissé, mais ma gorge me fait toujours mal.

Pour la énième fois, je m'interromps et laisse mon regard se perdre au loin. J'aurais normalement dû manger avec le trio, mais je n'étais toujours pas prête à affronter Eren. Me mettre avec Connie et Sasha n'était pas une option : je n'arrivais peut-être pas à manger vite, mais j'avais très faim et je tenais à ma nourriture.

Hanji et Moblit partageaient pour la première fois un moment calme. Je n'avais pas spécialement envie de tenir la chandelle ou encore de me sentir de trop. J'avais donc pris mon sandwich et m'étais adossé au viel arbre.

Je suis complètement perdue. Que faire ? Prétendre que je sors effectivement avec le blond pour montrer à Eren que j'ai tourné la page ou essayer d'éclairer la situation et de le convaincre qu'il n'y a rien entre Armin à moi en espérant conserver le petit espoir que notre relation évolue ?

Dans les deux cas, je me mentirais. Je n'arrive toujours pas à me sortir ses beaux yeux émeraudes de l'esprit et je sais qu'il n'éprouve rien pour moi.

De toute façon, je ne suis pas libre de prendre la décision. Cette histoire concerne autant Armin qu'elle me concerne. Il faut juste que je parvienne à trouver le moment pour lui parler.

De l'endroit où je me trouve, j'ai une vue claire des environs. Alors quand Livaï quitte le réfectoire et qu'il n'y a que nous deux dehors, je le remarque rapidement.

Perdu dans ses pensées, les écouteurs dans les oreilles et les mains dans les poches, il s'approche de l'arbre. Il ne semble me voir que quand trois mètres nous séparent. Il sort son téléphone pour arrêter la musique et je l'imite.

-"Tu comptes rester là encore longtemps ?"

-"Comment ça ?"demandais-je en fronçant les sourcils.

-"J'aime beaucoup de coin et je m'y assoie toujours."réplique t'il en croisant les bras.

-"Et ? Il y'a assez de place pour quatre personnes autour de ce tronc."

-"Je pense que j'ai oublié de préciser que j'aime m'assoir içi seul."

-"Cool. Tu n'as qu'à te planter un autre arbre. Je ne compte pas bouger."

Il soupire et s'assoit de mauvaise grâce après m'avoir lancé un regard noir.

-"Ta main va mieux ?"

Quand je tourne la tête, je le vois fixer le bandage enroulé autour de sa paume droite.

-"Ouai. Et toi, tes règles sont parties ou pas encore ?"

-"Si c'est pour poser des questions qui témoignent de ton incapacité de mener une conversation, ce n'est pas la peine de parler."

Il claque sa langue contre son palier.

-"Ce n'est pas bien de voler les répliques des autres."

-"Tu as reconnu ce moment ?"demandais-je avec un grand sourire.

-"Ça date du chapitre d'hier, donc oui. En attendant c'est un peu effrayant que tu aies appris la phrase exacte."

-"Tu n'es pas bien placé pour me faire la remarque."

-"Je ne connais pas les mots exactes, mais je n'ai pas une mémoire de merde non plus."

Je souris et reviens à ma position initiale.

-"C'est fou quand même. Non seulement tu me colles dans le bus, mais tu me suis jusqu'à mon havre de calme."lance t-il narquoisement.

Je remarque à ce moment que je n'ai pas remis la musique, comme si j'espérais que la conversation continue.

-"Ne te fais pas trop d'idées. Mes critères sont très hauts. Je doute que tu puisse les atteindre avec ta taille."

L'effort dont je fais preuve pour ne pas éclater de rire mérite une récompense.

-"Ah bon ?"

Livaï vient de se lever, ce n'est pas un bon signe.

C'est même un très, très mauvais signe.

-"C'était une petite blague entre amis ! Pas de quoi en faire toute une histoire."

Il attrape ce qui reste de mon sandwich et l'engloutit d'un coup.

-"Sans rancune."lance t'il avec un clin d'œil.

La bouche grande ouverte, je le vois s'éloigner de sa démarche féline.

Le connard.

Il n'a pas osé quand même ? Il n'a pas osé manger ma nourriture ?

Je me lève et le rattrape vite.

-"J'espère qu'avant de nous faire une démonstration de ton humour qui nécessite d'être développé, tu as pris en considération que j'ai touché ce sandwich avec mes doigts. Mes doigts remplis de microbes et de germes. Peut-être même que j'ai éternué dessus. Bonne chance avec la grippe que tu vas attraper."

J'ai bien évidemment bluffer. C'est tout simplement impossible que je ne me désinfecte pas les mains avant un repas ou que je ne prenne pas toutes les dispositions possibles pour ne pas éternuer dessus.

Je le dépasse après un signe de la main et le vois du coin de l'œil se diriger vers la poubelle qui se trouvait à coté pour tout y cracher.

-"Sans rancune !"criai-je en pénétrant dans le lycée.

Il se rend enfin compte que je me fouttait de lui et je peux presque sentir son regard assassin me peser sur les épaules.

Règle numéro un en guerre. Bien connaître l'ennemi.

Merci Hanji.

~Caporal Neko