Chapitre 8

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ALBAN

— Je peux savoir pourquoi tu tires une tronche de cinq mètres ? se moqua Ylan en prenant place sur le sofa.

Grignotant des cacahuètes d'un air grognon, Alban ne prit même pas la peine de répondre à son ami. Puisque les parents du métis n'étaient pratiquement jamais là, il avait écopé d'un double des clés et squattait régulièrement chez son ami au grand dam de sa grand-mère qui pestait puisqu'elle ne le voyait plus aussi souvent qu'avant.

— Aaaaaaalban ! appela le plus grand, lui donnant un coup de coude.

Le blond grogna et le repoussa avant de lui tendre le sachet, désireux de ruminer dans son coin accompagné.

— Allez mec, te fais pas désirer. Qu'est-ce qu'il se passe ?

Alban prit une profonde inspiration et lâcha un soupir dépité.

— Quand j'ai croisé Swann hier matin et que j'ai simplement attrapé son poignet, il m'a repoussé.

Un silence s'installa durant lequel Ylan détailla son ami sans bouger. Puis, son rire explosa dans la pièce et il écopa d'un regard assassin.

— Tu te prends vraiment la tête pour ça ?!

— Mais il m'a repoussé ! insista Alban en gardant sa mine renfrognée. Genre, il ne voulait pas que je le touche.

— Il n'est peut-être pas très tactile.

— Son pote a passé son bras autour de ses épaules, rectifia-t-il en boudant.

— Peut-être parce qu'ils sont amis ? Et je ne comprends même pas qu'on parle de ça. T'es pas censé ne rien tenter ?

— Oui, je sais, je ne suis pas un briseur de couple, râla le blond. Mais je veux juste qu'on soit amis.

— Bah alors ne t'attends pas à ce qu'il te roule une pelle.

Toujours aussi grognon, Alban lui lança un regard noir et s'enfonça dans son siège. Il n'était pas aussi méchant pour s'interposer dans un couple qui semblait très heureux sans lui. Même si, au-delà de ce qu'il avait pu voir, les prunelles de Swann l'hypnotisaient. Il y avait quelque chose au fond de ces deux billes dignes des plus belles mers méditerranéennes qui le perturbait. Comme si le mystérieux Swann l'était un peu plus. Néanmoins, malgré les sentiments qui l'avaient frappé sans qu'il n'ait rien demandé, il ne se verrait jamais détruire une idylle pour son propre bonheur. D'autant plus qu'il ne savait même pas si le noiraud était intéressé.

— Sérieusement, soupira Alban en balançant son crâne vers l'arrière tout en grimaçant. Lola ne veut pas tomber amoureuse de toi ? Comme ça, je m'occupe de son petit ami qui sera inconsolable.

— Et tu comptes le faire grimper au rideau pour qu'il se sente mieux ? rigola Ylan en lui donnant une tape sur la cuisse.

Avec un air rêveur, le blond répondit :

— Ah... ce serait tellement bien.

Puis il se joignit au rire de son ami, conscient qu'il venait de lui imposer une image malgré lui. Cependant, il ne pouvait mentir : depuis qu'il avait rencontré Swann, il hantait toutes ses pensées. Il avait envie d'apprendre à la connaître, de découvrir des facettes que peu de personnes pouvaient se targuer de savoir, d'être son confident, de devenir indispensable. Tout comme il souhaiterait parcourir son corps de ses mains et de ses lèvres, sentir son peau contre la sienne et se l'approprier. Conscient des pensées plus que déplacées qu'il nourrissaient à l'égard du noiraud, il se massa les tempes et soupira une nouvelle fois.

My Heavy SecretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant