Chapitre 38

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SWANN

Le lendemain, il alla en cours normalement. Il parla peu et fit tout pour éviter Alban ce qui n'était pas vraiment une bonne idée lorsqu'il repensait à son air blessé de la veille. Sauf qu'il n'y arrivait pas. Lui faire face serait trop compliqué. D'un, il l'avait réclamé pour une danse, avait flirté avec lui pour ensuite s'enfuir en courant ; de deux, il avait fait une crise d'angoisse en sa présence et ne s'en souvenait pas du tout ; et de trois, rester avec Alban, seul, relevait du suicide. Il ne pourrait jamais soutenir ses beaux yeux brun-miel et lui mentir. Le repousser. L'ignorer.

— Swann ?

Il tourna la tête et observa Télior qui trottinait dans sa direction. Il s'arrêta pour lui laisser le temps de le rattraper. Le métis s'arrêta à sa hauteur et passa un bras autour de ses épaules, tout sourire.

— Je pensais pas que je te trouverais. Avec des potes, on va manger un bout en ville. Tu viens ?

— Tu connais le mot « partiel » ? demanda le noiraud en le taquinant.

— Partiel ? Non. Connais pas.

— Je dois réviser.

— Allez ! Tu peux bien faire une pause. Et puis, ça te changera les idées.

Il fronça les sourcils et détailla son ami, surpris. Quelles idées ?

— Comment ça ?

Télior prit un air embêté et le lâcha avant de répondre :

— Bah tu sais... ta rupture.

L'estomac noué, Swann accusa le choc sans un mot. Même si Lola avait annoncé sa décision hier, il n'aurait jamais cru qu'elle le dirait à ses amis. Il s'était même préparé mentalement à trouver une excuse pour que le rôle de la méchante ne lui soit pas attribué.

— De quoi... comment tu le sais ? s'enquerra-t-il.

Le brun haussa les épaules et répondit en soupirant :

— Je l'ai croisé dans un couloir. Elle était au tel avec son frère.

Swann se sentit rassuré qu'elle n'ait rien dit à personne d'autre, attendant sûrement qu'il le fasse. La connaissant, il savait qu'elle serait capable de le balancer à table, quand tout le monde serait réuni. C'était à lui de prendre les devants. Elle le lui avait dit : les dés étaient dans son camps.

— Ok. Tu l'as dit à quelqu'un ?

— Hein ? Non. Mais de toute façon, c'est bien mieux comme ça.

— Arrête Télior.

— Je sais que t'as pas envie de l'entendre, mais je suis ton ami. Et t'es trop gentil pour l'insulter alors je le fais à ta place.

— Je ne t'ai pas demandé de faire une telle chose ! s'énerva-t-il.

— Ok, dit-il en positionnant ses mains devant lui en guise de paix. Pas besoin de t'énerver.

— Si ! Parce que tu ne fais que débiter des conneries à longueur de temps. Tu ne sais même pas pourquoi on a rompu et tu es là, à me dire que c'est tant mieux, et que mon ex était une...

Swann ne finit pas sa phrase, serrant les dents. Ses ongles s'enfoncèrent dans sa paume et il se somma au calme. Lola avait raison : il perdait son sang-froid beaucoup trop vite. Cela ne lui ressemblait absolument pas. Il disparaissait au profit d'un autre.

— Ok... pardon. Mais je ne suis pas non plus ignare. Je ne te juge pas, Swann. La fautive, c'est Lola. Pas toi. Tu ne pouvais pas savoir qu'elle te faisait ça.

My Heavy SecretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant